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Terminus. Kaunas - Limoges

Publié le 10 septembre 2013 par Malokoxice
Terminus. Kaunas - Limoges
Limoges-Limoges : 18 911 kilomètres, 24 pays, la boucle est bouclée. 
Cette fois on est sacrément à la bourre pour l'article, ça se comprend, l'article à la maison, et bah arf ! ça ne donne pas vraiment envie, moins de charme on va dire. Puis maintenant chaud chaud chaud de se replonger dedans ! Mais va pourtant falloir s'y filer histoire de terminer ce qu'on a commencé.
Comme prévu à Kaunas on envoie deux gros colis en France pour se débarrasser du surplus ( essentiellement les vêtements pour le froid, avec cependant tout un tas de bricoles qui étaient dans les sacoches mais qui ne servaient pour ainsi dire pas vraiment ), on en profite aussi pour liquider la trousse à pharmacie, le scalpel et l'aiguille à recoudre on devrait pouvoir s'en passer, pour le reste il y a ce qu'il faut partout. On est comme à domicile ici. Tout ça pour dire qu'on s'allège chacun de 5 kilos.
On passe la frontière polonaise dans la foulée, direction Varsovie. On ne traine pas et à coup de boissons énergisantes et de sucre on met trois jour pour rejoindre la capitale. La plupart du temps on pourrait être en France, peut être même dans le Limousin, en clair le paysage ne nous dépayse pas vraiment, champs, collines, forêts; et le truc qui fait la diff' : bottes de foin et vaches à l'allure bien limousine. Reconstruites à la hâte après la guerre les églises sont particulières, genre futuristes ou modernes, enfin je sais pas trop quel mot mettre dessus mais elles n'ont pas de charmes ou du moins n'en ont pas encore. Les villes sont propres et belles, on s'attendait à quelquechose de bien plus pauvre.
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On arrive à Varsovie en empruntant une piste cyclable incroyable dans la soirée, on crèche dans un hostel bien sympa (comme souvent) et on fait un tour dans la ville. On ne manque pas les anciens ghettos, en fait le seul reste est le pont reliant le grand et petit ghetto. Il n'y a plus de pont mais un mémorial. Sinon, gens souriants, pistes cyclables à foison, parcs où papys et jeunes se posent ensemble, une ville qui donne envie de se poser. On ne reste qu'une journée à Varsovie car on ne peut plus trop faire ce qu'on veut : pour arriver le 15 août à Limoges il faut bombarder. Par contre, pas question de passer à côté du Fluff Fest en République Tcheque, festival de hardcore sur 3 jours (26,27 et 28 juillet). On roulait déjà comme des idiots, on va maintenant devoir rouler comme des machines : environ 820 kilomètres en 5 jours. De toute façon nos journées sont clairement ennuyeuses depuis quelques jours, il ne se passe rien. Alors passer encore plus de temps sur le vélo chaque jour pour le festival ça nous va plutôt bien.
En sortant de Varsovie on se retrouve je ne sais comment sur une autoroute fermée à la circulation, plein de cyclistes dessus, du monde partout, familles ou sportifs, on croise même des tennismens qui jouent par dessus une pancarte. On finit pas se faire stopper par deux policiers postés au mileu de la route, ils sont chargés de renvoyer les petits filous comme nous en sens inverse, pas possible d'aller plus loin. "Merd* l'était cool cette route !".
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Heureusement on fait une rencontre bien réconfortante à Nysa, vers 22h devant une station service, lessivés après environ 200 bornes : le moral dans les chaussettes, la dalle, trempés de sueur, la tronche dégueulasse, la crise de nerf en vue et alors que la station nous apparaît ce soir pas si mal que ça pour dormir une femme vient nous causer. Elle est habillée chic, genre je vais en soirée, robe courte et talons bien hauts. Elle parle anglais. Vous voyez Cameron Diaz ? C'est la même. Elle nous invite rapidement à aller dormir chez elle mais le problème c'est qu'il y a 25 bornes et pas de place dans sa clio. Et ces saloperies de 25 kilomètres on est bien trop flingués pour les faire. En fait ça sera le camping qu'elle nous indique mais faut la suivre en voiture, le 20 km/h c'est bien trop pour nous et on finit de se flinguer dans un raidillon, bah ouai on veut pas trop la faire poiroter la madame. On arrive au camping complètement vrillés. Tout est fermé, elle nous dit de faire comme chez nous. Trop tard pour les douches, l'idée nous avait déjà traversé l'esprit mais cette fois c'est sur, demain matin on passe comme des voleurs avant l'ouverture de la réception. Douches opérationnelles à partir de 7h, la reception ouvre à 8h. Short Short l'intervalle.
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Après une douche sans eau chaude derrière un rideau à moitié arraché (encore moins envie de payer forcément) on passe comme des ombres (ou pas) devant la récpetion à 7h55.
Au premier market ce matin on nous prend en filature, tout le personnel nous épie. Chaque fait et geste leurs est douteux. Ils ne sont pas très discrets et se cachent entre les rayons, à chaque regard ils font semblant de coller une étiquette. Soit on a des gueules de brigands soit ils sont au courant de notre forfait. Bon ce n'est pas la première fois que ce genre de trucs nous arrive, ça doit être un problème d'allure et d'odeur peut être bien. Nos têtes ne leurs reviennent pas, c'est comme ça que Rob, à la caisse d'un supermarché, se fait pointer du doigt part une cliente et se voit accusé du vol du portable de la ravagée. Rob aurait eu la main baladeuse et aurait subtilisé le téléphone direct dans le sac à main.
On passe la frontière tcheque en fin d'après midi après de belles côtes, comme toujours on prend pieds à grimper après de longues périodes de plats ( peut être bien du plat depuis Moscou). Depuis la Pologne on se prend des averses de temps en temps mais sinon il fait soleil et chaud.
La monnaie ? Non toujours pas l'euro ici !
La première nuit dans ce pays est l'une de ces nuits où on aimerait être partout mais rah sauf là. On dort dans un parc dans une résidence à la belle étoile. Révéillé en pleine nuit par la flotte, on s'abrite sous une table de ping-pong mais on est un peu trop grand, ça dépasse, alors on met la bâche comme on peut sur les duvets. Tout est trempe, de la boue dans le duvet, et des grandes caillasses sous le tapis de sol, on passe une très bonne nuit.
Prague ? Sympa mais beaucoup trop de monde, sur le pont Charles un français nous invite à prendre une bière, il s'appelle Guillaume, 29 ans, il est ici pour quelques jours, pour le boulot (travaille dans le commerce de l'art), il nous paye des tournées et une belle pizza. On s'échange plein d'anecdotes, il nous pose aussi des milliers de questions car ce genre de voyage l'interesse. On apprend son rêve : partir sur 3 ans en voilier avec sa famille. On te souhaite bon vent.
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On ne reste pas a Prague et on file direction le festoche. Par choix on fait le chemin séparément jusqu'au festival. Je préfère rouler de nuit et chaumer le lendemain, Rob lui préfère rouler normalement. Au final, au point de rendez-vous aucun de nous n'est en grande forme, Rob a bu un litre de café et ne tient donc plus en place, moi je ne tiens plus debout.
Le festival : trois jours de concerts, camping gratuit, organisation impeccable (petit bémol pour les stands de boissons: 20 minutes d'attente pour une bière), malgré le monde il n'y a pas d'agents de sécurité. On prend notre pied, par contre il fait un peu chaud : plus de 40 degrés. La piscine de la ville est assaillit tout le matin. Nous on préfère opter pour le canal comme quelques autres salopards.
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On entre en Allemagne le 31 juillet et le lendemain on fait un autre festival : le Playground Festival Open Air sur 4 jours. Totalement  par hasard, on a vu l'affiche le jour même, on sait pas vraiment de quoi ça cause mais d'après deux allemandes ça vaut le coup. Après quelques aller retours pour le plaisir on arrive sur les lieux en début de soirée, c'est sur un plateau, dans un petit village.
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On ne va pas trop au concerts qui ne sont pas top mais en revanche on passe nos nuits aux afters, grosses enceintes et dj au milieu des pins. Question météo, ça cogne toujours autant, alors cette fois la tente reste dans la sacoche.
La plupart des gens restent dormir la dernière nuit puis reparte le lendemain tranquillement. C'est là qu'on prend une belle tempête dans le nez, ciel qui se couvre, devient plus que noir en quelques minutes, vent qui se lève, "oula on va en prendre une belle", effectivement on s'en prend une énorme même. C'est le matin, on ne fait pas attention mais le champ se vide très rapidement et il ne reste uniquement que nous et un autre jeune sous son chapiteau. Il n'y a plus personne mais beaucoup y laissent leur tente et tout ce que vous pouvez imaginer (bouffe, vêtements, canapés, tables, chaise, poubelles, etc), on mettra une image pour que vous compreniez. Partis en coup de vent à cause de la tempête qui se pointe ou gros porcs ? On ne saura pas.
Lorsque la tempête éclate on est avec notre seul compagnon. Bientôt son chapiteau s'envole, les tentes prennent les airs, un barbeuc prend lui aussi son élan et s'arrache du sol en faisant la toupie. On s'abrite dans les toilettes mobiles en plastiques, le vent force de plus en plus et on ne fait plus les malins dorénavant, les cabines tombent une par une, obligés de sauter et de courir se planquer derrière une bagnole (oui y avait une voiture au milieu du champ, on sait pas trop pourquoi).
En fait il y a des survivants : les volontaires du festival sont dans une caravane, ils nous abritent.
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Lorsqu'on sort il y a des tracteurs avec d'énormes remorques, plein de voitures et des gens qui fouinent dans les déchets. Il y a de l'argent à se faire : chaque bouteille recyclé rapporte ici 25 centimes. On y trouve de tout. C'est là que je trouve ma casquette Bosch, il fallait une remplaçante à la yol-is.
La fin du voyage est un peu extrême comme on aime dire, énormément d'orages, de nuits dans les duvets trempés, de galères avec les vélos (et les rayons cassent comme du verre). Et avec tout ça nous devons faire de la borne quoi qu'il arrive. La tente éclate elle aussi, deux arceaux cassent, une attache du toit lâche également. D'ailleurs les bonhommes, pareil, ils sont usés.
Voilà comment on arrive à Stuttgart, et pour l'anniversaire de Rob on a le droit à une nuit minable une fois de plus. On commence la nuit à la belle étoile mais voilà le déluge, on monte la tente en calebards comme des furieux, on voit rouge. On finit par se jeter dans la tente à moitié montée. Je ne sais pas comment on fait pour dormir mais le lendemain matin, la tente est ravagée par les flots. Tout est trempe. L'explosion cérébrale n'est pas loin. Envie de rentrer et vite.
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L' Allemagne, c'est le pays du vélo, y a pas à dire, il y a des pistes partout. Mais justement vu qu'il y a énormément de pistes, les vélos n'ont pas leurs places sur les routes, la plupart n'ont pas de bas côté et beaucoup de portions sont des voies rapides. On galère donc souvent à chopper les pistes ou à prendre des toutes petites routes. On perd alors pas mal de temps comme ça.
Sinon, les allemands c'est du bon! Très agréables, c'est une belle surprise, on les voyait bien plus ternes.
On se met des derniers bretzels en bas d'une belle descente de montagne puis on pédale direction Strasbourg. On ne se sent pas au top, on se réconforte dans l'alcool et on descend une bière. On installe aussi les drapeaux français.
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A la vue du Rhin, de toutes les voitures françaises et surtout de la pancarte "FRANCE" les jambes sont sciées, la peau s' hérisse, le coeur bat à 300 à l'heure. "Merde on rentre chez nous !!". On franchit la frontière dans un cri de joie.
Le paysage ne change pas vraiment mais on le regarde d'un autre oeil : ici on est à la maison.
En France on se fait plutôt bien accueillir. Une mamie à l'allure tenace et douce nous force à accepter son billet de 20 euros devant un supermarché. Après tout ça lui fait également plaisir. Un couple de retraités nous payent des bières et du fromage du coin (fromage de Langres). Un point qui nous amuse sur le moment : les gens sont impressionnés par le fait qu'on aille à Limoges à vélo, par contre le fait d'être parti depuis un an à vélo ça ne les intimide pas vraiment: "ah une année sabbatique quoi" comme nous l'ont dit pas mal de gens.
Cela nous fait drôlement bizarre d'entendre les gens parler français, on a l'impression qu'ils nous parlent. Et chose encore, lorsqu'on croise des touristes on se sent bien plus proches d'eux que nos collègues les français. On met quelques jours à comprendre que les gens ne nous parlent pas forcément.
Dans les petits villages on s'arrêtent souvent dans les PMU histoire de se frotter aux locaux.
On s'offre une cafétéria à Guéret pour la dernière soirée puis on finit au bord du plan d'eau, du luxe quoi.
La dernière journée est horrible, l'énergie et l'appétit nous manquent, on se force tout de même à manger un sandwich (à l'andouillette s'il vous plait) dans un stand. On arrive un peu trop tôt à Limoges alors on en ressort et on se "planque" au Pat a Pain de Couzeix (pour les curieux).
La pire côte du voyage ? C'est peut être bien cette côte minable qui relie Couzeix à Limoges et qui arrive sur le boulevard. On a déjà eu les jambes coupées, etc, là c'est autre chose : "Comment vont tes jambes?" "C'est simple, j'en ai pas !". Ca résume. Impossible d'avancer, une vraie torture, les bras ont aussi du mal à soutenir le corps. Malgré nos efforts pour se concentrer on ne-peut-pas pédaler. Notre cerveau fond. On doit donc faire du 5/7 km/.
Une fois en haut, ce n'est plus que de la descente,on est maintenant pressés de retrouver tout ceux qu'on aime. On tremble puis on arrive.
Complètement perdus lorsqu'on débarque à la mairie, on ne comprend pas grand chose.
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Personnellement les deux trois jours suivants j'ai trouvé "un peu tout" fade, mais c'est vite passé et la reprise de la vie normale n'est pas très difficile ! Frigo, canapé, lit et douche tous les jours, non ce n'est vraiment pas difficile, c'est d'ailleurs assez impressionnant. Un an qu'on est partis? Je ne réalise pas bien. Par contre va bien falloir réaliser que dans deux jours c'est la reprise des cours. Est ce qu'on a "changé"? Ah la fameuse question, on a probablement changé, avec une expérience pareil on voit certaines choses différemment. Mais on n'a pas le cerveau retourné. Est ce qu'on a envie de repartir? Oui.
Merci à tous ceux qui nous ont accueillis ou bien égayés nos journées, un grand merci à vous aussi chers lecteurs pour ce soutien improbable !
Robin :
"18911 km, chiffre officiel. Alors vous allez nous dire qu'on avait prevu plus et qu'on s'est un peu échappés. C'est pas faux, il faut bien le reconnaitre, mais 18911 km ca fait quand meme pas mal de coups de pédales et puis l'essentiel n'est pas là! (c'est un peu facile comme justification ca....)
Puisque c'est fini et bien fini, c'est le moment de remercier. Alors en pagaille, merci aux gens qui nous ont aidés et hébergés, soutenus, encouragés tout le long de notre route. Merci à tous ces gens curieux et interessés, tous ces gens qui nous ont fait marrer, et tous ceux qui nous ont raconté des trucs auquels on n'a rien compris. Merci aux cyclos avec qui l'on a partagé un peu la route, ou avec qui on a simplement passé de bons moments à discuter autour d'une bière. Merci à la famille, aux amis (mention speciale aux 4 fantastiques qui nous ont rejoint en Inde) qui nous ont toujours beaucoup soutenus. Enfin merci a vous lecteurs du blog, on espère vous avoir fait passé quelques bons moments.
On s'est tres bien réhabitués a prendre la voiture, dormir dans un lit, ne rien faire et manger comme des cochons, ne vous en faites pas pour nous. La reprise sera peut etre un peu plus douloureuse, mais on s'en fout : on a plein de super souvenirs dans la tete et aucun regret.
A mon retour on m'a offert un bouquin de Nicolas Bouvier : Il faudra repartir."
On n'est pas à notre top niveau mais pour la fin des fins la photo est top.
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C'est les dernières! Et c'est encore par là !
A la prochaine
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