Cet article a failli s'intituler : "malgré la pluie". Mais, à part une ondée pour marquer le début du cortège, les cieux se sont ensuite révélés cléments, permettant même le développement de belles éclaircies. Cette météo capricieuse aurait pu faire craindre le pire aux organisateurs, mais les manifestants étaient plusieurs milliers à venir battre le pavé lillois, à tel point qu'il fallut plus d'une demi-heure pour que le défilé compact s'écoule le long de la Grand-Place. Combien étions-nous réellement ? Je n'en sais rien et j'attendrai les chiffres qui seront annoncés : je ne suis pas un spécialiste de la racine cubique du cosinus de l'angle mort.
Il y avait là bien sûr les drapeaux et fanions des organisations syndicales organisatrices. Cependant, depuis dix ans que nous défilons contre les politiques d'austérité, d'atteintes aux droits des travailleurs, de paupérisation des salariés, c'était bien la première fois que nous n'étions pas accompagnés des partisans du drapeau à la rose. Pour un changement, c'est un changement.
Ce qui n'empêcha pas les marcheurs d'être très bryants et très énergiques. On a eu droit aux slogans "Hollande et Ayrault, amis des patrons", "on n'aime pas le parti socialo" et "des sous il y en a, dans les caisses du patronat". Et comme le résumait parfaitement une banderole : "le fruit du travail aux travailleurs", c'est bien là l'incompréhension qui taraudait le cortège, ne faisant que relayer l'inquiétude d'une grande partie de la population française comment se fait-il que dans une société de plus en plus riche, les richesses produites soient de plus en plus mal redistribuées, que les grandes fortunes ne cessent de progresser et que les salariés et les retraités ne cessent de régresser, au point qu'on les pressure d eplus en plus. C'est la grande question à laquelle nos gouvernants devront répondre.
Mais comme dans tout mouvement populaire, une rue à côté de la foule, la vie continue comme avant. Non loin d ela rue de Paris, à portée de voix des manifestants, deux SFD essayaient de se loger confortablement dans leurs cartons et leurs sacs de couchage. Plus loin, un troisième, devant la boulangerie Paul face à l'opéra, attendait le client à la sortie du magasins. Entre deux, un Django Reinhardt d'occasion martyrisait sa guitare dans l'espoir d'attirer les passants et d'en tirer quelques piécettes.
Ainsi va la vie !