Les cavaliers de l’Apocalypse sont parmi nous. Mais rassurez-vous: si elles sont toujours des créatures surnaturelles, elles ont renoncé à apporter le mal et la destruction sur terre. Elles se sont révoltées et depuis, elles vivent parmi les humains, comme quatre soeurs. Mais évidemment, cela comporte quelques inconvénients. Prenez Famine, par exemple, ou plutôt Syldia de son véritable prénom. La nuit, elle travaille dans une entreprise de garde du corps qu’elle a fondé avec un ami nécromancien. Mais le jour, son âme est transféré dans le corps d’une lycéenne de dix-sept ans. Cette malédiction, elle la doit à un ancien petit ami, sorcier de son état, qui a mal supporté leur rupture. Difficile d’être une frêle humaine sans défense la moitié du temps… Surtout que la nuit ne manque pas de travail. Syldia doit assurer une protection très spéciale: la Cour des Sorciers de Toronto a besoin d’elle pour assurer la sécurité de leur Lord pendant les négociations des traités de paix avec les vampires. Des sorciers et des vampires, tout ce que Syldia déteste!
Derrière cette sublime couverture se cache un roman qui se défend plutôt bien. Evidemment, j’ai un peu regretté de trouver des cavaliers de l’Apocalypse bien assagies, ainsi que des sorciers et des vampires que j’ai tendance à croiser un peu trop souvent en première ligne dans ce genre de lectures. Néanmoins, j’ai trouvé très intéressante la manière dont les caractères des quatre cavaliers sont tracés. Mort, par exemple, est capable d’ôter la vie d’un simple regard, pouvoir qu’elle peine à contrôler et qui la plonge dans une grande dépression et solitude. Maladie, elle, plus douce, travaille justement dans le milieu médical pour contrer sa nature. Quant à Guerre, volcanique, elle tient une armurerie! Le pouvoir de Famine permet à Syldia de se nourrir, littéralement, de la chair et du sang des êtres vivants. Attendez-vous à quelques scènes peu ragoutantes! Elle m’a donc bien plu, cette fille au fort tempérament, pas assez réfléchie et qui a tendance à mettre les pieds dans le plat et à attirer les problèmes.
Quant à l’intrigue, là aussi j’ai été agréablement surprise: elle tient bien la route, avec ce qu’il faut de scènes d’action pétaradantes et de retournements de situation pour maintenir l’intérêt de la première à la dernière page. Une bonne dose d’érotisme et de sang assurent le spectacle entre-temps. De plus, on suit en réalité deux intrigues en même temps, puisqu’on lit alternativement la vie de Syldia la nuit et celle de Sam la lycéenne le jour, ce qui donne un rythme soutenu. C’est très habilement que ces deux intrigues en viennent à se rencontrer et je tire mon chapeau à l’auteur pour avoir réussi à me surprendre là-dessus, je ne l’ai pas du tout vu venir.
Le ton de l’auteur saupoudre tout cela d’une bonne dose de second degré et d’auto-dérision sur un univers fantastique qui regorge de clichés, à commencer par les hordes de vampires qui ne trouvent rien de mieux à faire que de s’appeler les Saigneurs de la route, dont le chef répond au sobriquet de Croc Noir, au grand désespoir de la narratrice qui attendait quand même un peu plus de subtilité. J’aime ce genre de plume qui ne se prend pas au sérieux et je félicite l’auteur pour l’exercice!
La note de Mélu:
Un excellent moment!
Un mot sur l’auteur: Stéphane Soutoul (né en 1977) est un auteur francophone passionné par la littérature fantastique.
catégorie "Sentiment"