C’était au bureau. Une amie originale me suggéra cette façon de découvrir le prénom de mon ange gardien. Le soir avant de t’endormir, demande-lui de te révéler son prénom le lendemain. Ainsi, le premier prénom que tu entendras au cours de la journée et qui finira par el ou elle sera son prénom officiel. D’accoeur!
Le soir-même, je présentai ma requête. J’avais ma petite idée sur le prénom qu’il devait avoir : Michel. Pourquoi? Parce que je m’appelle Dominique Michelle Allaire. Et que ça serait parfait! La belle affaire…
Le lendemain matin, j’allumai la radio, écoutant attentivement tous les prénoms. Rien. Arrivée au bureau, deux notes de service m’attendaient. Sur la liste de diffusion, un prénom au-dessus du mien : Danielle. Zut! Sur la seconde liste, même chose. Re-zut!
Avant-midi. Une nouvelle employée m’interpella : Danielle, peux-tu m’aider? Offusquée pour les raisons que vous connaissez, je me fis tout de même serviable. Au lunch, je rejoignis un groupe de collègues. Un ami me confia qu’il pensait justement à moi. Il lisait un livre en anglais. Connais-tu l’auteure? Danielle Steele. Ah! non, pas ce prénom!
Après-midi. Je sortais de l’ascenseur. Un ami y monta. Il avait rendez-vous avec un certain Daniel. Déçue, je regardai les portes se refermer sur mon entêtement.
Déjà au lit. Déterminée, je lançai un ultimatum à mon ange gardien. En fait, je lui donnais une dernière chance de s’appeler Michel. À mon réveil, j’allumai la radio. Quelle joie! Ma chanson préférée : Joué d’avance.
Ne connaissant pas l’auteur, je tendis l’oreille. L’annonceur dit assurément pour me narguer : C’était le tout récent succès de Daniel Seff, extrait de son album : Prévenez les anges! Oui, oui, je sais…
Comment nier l’évidence? C’est officiel! Mon ange gardien s’appelle Daniel.
Derrière le volant, en route pour le bureau, je revis toutes ces fois où l’on m’avait appelée Danielle. Et je saisis la pertinence de ce lapsus récurrent. Daniel. Quand quelqu’un m’appelle Danielle, c’est son ange gardien qui dit bonjour au mien.
Les yeux embués d’émotion et la peau couverte de frissons, je roulais dans les brumes du petit matin, pendant que le brouillard de ma résistance se dissipait enfin.