Devezh mat, Metz, mont a ra ? Une mèche hitlérienne, d’épais sourcils d’inquisiteur, un teint de croque-mort, une silhouette de potence, des costumes sévères : voilà l’homme qui a dirigé le gouvernement français pendant cinq ans. On le qualifie de notaire de province, il ressemble plutôt à un huissier de justice qui vient saisir vos meubles. Plus antipathique, tu meurs. Quand Sarkozy l’a nommé premier ministre, on a tout de suite senti que ça se passerait mal.
Cliquez pour agrandir.
Enfin, quand je dis « on »… Manifestement, ça n’a pas été clair tout de suite pour les Français et ça ne l’est toujours pas : les gesticulations et le bling-bling de Nicoléon 1er ont très vite lassé le bon peuple (jusqu’ici rien d’anormal) et ils se sont mis à apprécier la discrétion du premier sinistre qui a vu sa côté de popularité monter en flèche – c’est là que c’est déjà moins normal, d’autant que cette « discrétion » était simplement due au fait que le rôle de François Fillon se bornait à jouer la courroie de transmission des caprices de son seigneur et maître : farouche admirateur du modèle américain, Sarkozy aurait sans doute aimé se passer de premier ministre, c’est pourquoi il en a nommé un totalement inexistant, qui ne l’a presque jamais contredit, qui n’a jamais essayé de lui désobéir, attitude passive à laquelle le vautour de Sablé-sur-Sarthe doit d’être resté si longtemps à Matignon.
Il serait tentant d’interpréter une telle conduite comme le signe d’un sens aigu du devoir qui caractériserait Fillon : c’est une erreur. On se tromperait grièvement sur sa personnalité si on s’obstinait à voir en lui un homme droit, attaché à servir la France et à défendre la République, une sorte d’homme de droite « old school » comme l’étaient jadis Pinay, Chaban-Delmas ou Couve de Murville : il a réussi à faire prospérer la légende qui fait de lui un digne représentant de la droite républicaine non encore « décomplexée », mais s’il avait à ce point le souci des valeurs républicaines, il ne serait pas resté au service de Sarkozy sans broncher. S’il était digne de confiance, il n’aurait pas saisi l’occasion de la chute du demi-conducator pour essayer de s’imposer à la tête de l’UMP. S’il n’était pas autant rongé par l’ambition que Copé, il n’aurait pas offert avec ce dernier le spectacle affligeant avec lequel leur parti a inauguré l’année 2013. Et surtout, il n’aurait pas renié son engagement anti-Front National comme il l’a fait aujourd’hui même ! Oui, c’est cette annonce qui me fait particulièrement tiquer aujourd’hui et m’inspire le présent texte : ah, il est beau, le leader de l’aile républicaine de l’UMP ! François Fillon est une pute politique qui ne va pas là où il peut triompher ses idées mais simplement là où il pense y trouver son avantage ; étant donné qu’il a le charisme d’une huître et dégage autant de chaleur humaine qu’une porte de prison, on pourrait presque lui excuser de jouer la girouette, étant donné qu’il n’a pas d’autre choix s’il veut avoir une chance d’occuper un poste quelconque…
Enfin… Là, c’est moi qui me trompe peut-être. Car, et c’est un mystère, ce personnage antipathique, arriviste et hypocrite n’a jamais vu sa côte de popularité s’effondrer aussi spectaculairement que celle de Sarkozy : même aujourd’hui, alors qu’il ne joue plus le rôle de contrepoison face aux outrances du roquet de Neuilly, il reste une des « personnalités préférées des français » (il faut croire que je ne suis pas français) avec…. Manuel Valls. Les gens sont marrants : ils se plaignent d’avoir des gouvernants qui se moquent comme d’une guigne de leurs problèmes, ils leur reprochent de ne penser qu’à leur carrière personnelle, mais ils persistent à toujours réélire les mêmes. Tous pourris peut-être, mais surtout tous réélus ! On a les élus qu’on mérite et là, je me fâche contre Fillon, mais si Marseille tombe dans l’escarcelle de l’extrême-droite, ce sera surtout la faute des électeurs qui auront glissé dans l’urne un bulletin Front National ; ça ne fournit aucune excuse à notre ex-premier sinistre, cela s’entend… Kenavo, les aminches !