6,3 milliards de dollars, c’est ce que coûteraient les efforts de recherche permettant d’identifier les quelques 320.000 virus encore inconnus, hébergés chez les mammifères, explique cette étude de l’Université Columbia. Mais en face de ce coût, il y a les informations cruciales pour la détection précoce et le traitement des épidémies chez les humains. Ces travaux, publiés dans l’édition du 3 septembre de la revue mBio,
Ces scientifiques de la Mailman School of Public Health ont estimé à 320.000 minimum, le nombre de virus chez les mammifères, qui restent à découvrir. Alors que près de 70 % des maladies virales émergentes comme le VIH / sida, le virus du Nil occidental, le virus Ebola, le SRAS et la grippe, sont des zoonoses ou infections transmissibles de l’animal à l’Homme, il n’y avait jamais eu d’estimation scientifique du nombre de virus présents dans toutes les espèces animales. Anthony Simon, chercheur à l’École Mailman et auteur principal, remarque que malgré la menace de pandémies, on ignorait combien de virus « se cachent dans l’environnement et la faune près à sortir ».
Son équipe a commencé la recherche, au Bangladesh, sur les chauves-souris, a recueilli 1.897 échantillons biologiques et identifié par analyse PCR 55 virus appartenant à 9 familles virales. Seuls 5 de ces virus étaient déjà répertoriés. Leur extrapolation (voir visuel ci-contre) aboutit, compte-tenu du nombre de mammifères connus, à au moins 320.000 virus restant à identifier. Le même exercice a ensuite été réalisé pour le coût, intégrant la surveillance, l’échantillonnage et l’analyse et aboutit aux fameux 6,3 milliards de dollars pour tous les mammifères, pouvant être ramené à 1,4 milliard, si l’on se contente de 85 % de la diversité virale estimée.
Des recherches « rentables » : En regard de l’impact économique de la pandémie de SRAS, évaluée à 16 milliards de dollars, c’est « jouable » pour les chercheurs, compte-tenu des implications de ces recherches pour la lutte contre les maladies voire les pandémies et de la difficulté de développer de nouveaux antiviraux.
320.000 est juste un point de départ, et grâce aux nouvelles techniques de séquençage, ce travail pourrait permettre d’identifier de nouvelles familles virales, d’anticiper et répondre au défi continu des maladies infectieuses émergentes. Le projet Predict qui regroupe ces recherches a déjà identifié plus de 240 nouveaux virus à travers le monde, en particulier dans des zones où humains et animaux vivent en contact étroit. Parmi ces nouveaux virus, de nouveaux coronavirus, un peu comme celui qui sévit actuellement au Moyen-Orient.
Source:mBio doi: 10.1128/mBio.00598-13 3 September 2013 A strategy to estimate unknown viral diversity in mammals