Massif, brutal, violent, il se vanta de n’avoir jamais mis les pieds dans un musée, il refusa tout cours de dessin ou de peinture. Militant anarchiste, il n’appréciait guère les mondanités montmartroises, ni les escapades méditerranéennes. Venu aux pinceaux après le cyclisme, la boxe et le violon, il fit de sa peinture une révolte, pendant un temps; Vlaminck est sans doute le peintre le moins reconnu (académiquement, par les conservateurs de musée) de cette période; il est d’ailleurs révélateur que ce soit une institution un peu en marge du monde feutré des grands musées qui l’expose aujourd’hui, première grande exposition depuis 50 ans (jusqu’au 20 Juillet).
C’est la découverte de van Gogh qui fait exploser la peinture de Vlaminck. Complice de Derain, ses audaces sont autres, il s’affranchit davantage du dessin, basant tout sur la couleur. Le fauvisme est un mode de vie pour lui, une rébellion contre l’ordre établi, un dynamitage de l’école des beaux-arts et des musées, sa manière à lui de jeter des bombes sans finir sur l’échafaud. Le premier vrai découvreur de l’art nègre, c’est lui, qui
La première toile de l’exposition est ce Portrait du père Bouju, de 1900 (au Musée de Chartres) : Vlaminck n’est guère connu comme portraitiste, et pourtant quelle explosion dans cette toile : les touches y sont épaisses, grasses, les traits du visage sont comme sculptés par la peinture, on voit le combat du peintre avec sa toile, on sent l’énergie des coups de pinceau ou de spatule. Et ce tableau est accroché ici sur un mur jaune criard, à faire hurler les commentateurs de bon goût !
Mais c’est un chant du cygne. Après 1910, on commence à s’ennuyer ici (et l’expo s’arrête en 1915). Ensuite, plus grand chose (à moins qu’on ne redécouvre un jour sa période tardive ?). Mais Vlaminck a eu dix années explosives, révolutionnaires. Après, l’anarchiste devient rentier, et le fauve décoratif.
Vlaminck étant représenté par l’ADAGP, les photos seront retirées du blog à la fin de l’exposition.