Depuis un petit moment déjà, et de façon récurrente, Marseille fait la une des médias pour ses règlements de compte meurtriers. Loin de moi l'idée de nier la violence endémique dont est victime la ville depuis des dizaines d'années. A cela, il y a de multiples raisons spécifiques à la ville : Marseille est un port, le plus grand de la Méditerranée, donc une ville propice aux trafics en tous genres ; Marseille est une grande ville, la deuxième de France, mais à la différence des autres grandes villes de ce pays, les banlieues de Marseille font partie de la ville, ce qui fait que la délinquance ne se réparti pas sur plusieurs territoires ; Enfin, et surtout, Marseille est une ville pauvre, parmi les plus pauvres de France.
Il n'empêche, si la violence a toujours été présente dans la cité phocéenne, à en croire les médias, elle aurait atteint des niveaux record ces derniers temps, à tel point que l'image qui en ressort aux yeux de l'opinion, c'est que la ville est au bord du chaos. Or, il n'en est rien, et tout ceci est une construction médiatique.
En premier lieu, et contrairement à l'idée qu'en donnent tous ces reportages des journaux de 20 heures, le nombre d'homicides sur Marseille et les Bouches du Rhône est en forte baisse depuis 2000. D'après les statistiques que l'on peut trouver ici, on s'aperçoit que le nombre d'homicides pour les Bouches du Rhône en 2002 est de 58 si on cumule tous les homicides. En 2010, (ce sont les chiffres les plus récents que j'ai trouvé, sur le département, mais la tendance nationale étant fortement à la baisse en 2011 et 2012, on peut penser que dans Marseille et sa région, il en est de même) on passe à 29 homicides sur le département, soit exactement deux fois moins.
Cette information, il est vrai peu porteuse d'audience, n'a jamais fait la une d'aucun média. Curieusement on constate cependant que le nombre de sujets consacrés à la violence et aux meurtres violents sur Marseille et sa région, a lui par contre explosé à la hausse.
Autre chiffre intéressant, celui du nombre d'homicides en Guadeloupe depuis le début de l'année : 37, (lire ici)soit 2 fois et demi plus qu'à Marseille pour une population moindre. Pourtant, qui en a entendu parler ? Bien peu de monde en réalité. Il est vrai que la Guadeloupe, c'est loin, tellement loin, qu'ils ne sont peut-être pas complètement français. C'est du moins ce que ce silence médiatique pourrait laisser croire.
De la violence à Marseille, il y en a, assurément. Mais si elle est en baisse sur le terrain, c'est surtout dans les médias qu'elle est en hausse.