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Conversation intérieure

Publié le 30 avril 2008 par Jfa

Je me disais dernièrement que, finalement, il existe des relations humaines qui libèrent et d’autres qui aliènent. A ma question (toute intérieure) sur la différence entre le deux, après quelques instants de réflexion, il me vint divers exemples: celui entre l’enseignant et le gourou, entre un parti de militants désignant leurs candidats et un parti d’élus soucieux de s’assurer les investitures et leurs colleurs d’affiches. Sur cette base de départ, les exemples abondèrent et j’en suis arrivé à une liste impressionnante.

La conversation –animée mais toujours intérieure- se poursuivant, j’en arrivais à la famille et au fait que de “bons” parents sont ceux qui acceptent de mourir en tant que tels, c’est à dire de faciliter la destruction, par l’enfant, de la relation de dépendance qui le lie à eux au fur et à mesure de sa croissance, selon ses besoins, tout en maintenant le cocon ouvert chaque fois et tant qu’il en éprouve la nécessité.

Un passage par Albert Cohen me remémora le processus de la passion amoureuse fusionnelle de départ à une nouvelle individualisation, au sein d’un couple cette fois, ou à une séparation d’indifférence.

Ce qui me mena logiquement à Francesco Alberoni et le concept de “condition naissante” ouvrant sur un collectif dynamique, ensuite appliqué dans son analyse du “choc amoureux” (dont la thèse, pour le grand public, se résume à cet extrait: “Personne ne tombe amoureux s’il est, même partiellement, satisfait de ce qu’il a et de ce qu’il est. L’amour naît d’une surcharge dépressive qui se caractérise par l’impossibilité de trouver dans l’existence quotidienne quelque chose qui vaille la peine. Le “symptôme” de la prédisposition à l’amour n’est pas le désir conscient de tomber amoureux, ni le désir intense d’enrichir l’existence ; mais le sentiment profond de ne pas exister, de n’avoir aucune valeur et la honte de ne pas en avoir. Le sentiment du néant et la honte de sa propre nullité : tels sont les signes avant-coureurs de l’état amoureux.”), de l’amitié et de l’érotisme.

Et j’ai, toujours intérieurement, conclu qu’il était dommage que ces derniers ouvrages, devenus best- sellers, aient occulté la finesse et l’élégance de la “condition naissante” et ses apports en ce qui concerne la démocratie en général, l’action collective et les relations interpersonnelles plus particulièrement.


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