Elle a émergé péniblement, comme toujours, quelque soit l’heure. Hésité longuement devant son dressing, pourtant délesté la veille des vêtements devenus trop petits – encore maman, je suis trop dégoûtée. Traîné sous la douche, quémandé mon aide pour lisser sa frange rebelle. Qui a bien sûr refrisé à peine la porte de la salle de bains passée. Elle a glissé son portable dans une poche, ses clés dans l’autre, retourné l’armoire à chaussures pour trouver ses baskets, et puis disparu en sautillant par dessus les limaces qui traversaient la terrasse, indifférentes au temps qui passe - ces inconscientes.
Elle a pris son petit cartable à fleurs, avec dedans sa serviette et son goûter qu’elles avait soigneusement préparés. Elle a rejoint sa copine et elles sont montées jusqu’à l’arrêt, m’oubliant presque, plantée là au bord de la route. Au dernier moment elle s’est retournée, m’a fait un bisou, et sur ma joue j’ai senti son sourire, avant de filer à nouveau vers des histoires de petites filles à couettes blondes.
Il a mis sur son dos son cartable bleu, il avait tout bien rangé, bien appris la poésie et puis aussi les listes de mots pour toute la semaine, reprenant de suite les bonnes habitudes de l’an dernier. Il m’a lancé son Bonne journée, maman, de loin, habituel, les bisous c’est pour le soir dans son lit, pas devant les copains, et déjà il était parti, dépassant au passage sa soeur qui protesta bruyamment.
Un dernier câlin et elle fila sur le carrelage blanc, profitant de l’absence de ses camarades de parc pour s’approprier tous les jouets colorés à sa disposition. Une petite musique provoqua chez elle une petite danse, je respirai encore un peu ses cheveux, y déposai un baiser et il me fallut moi aussi tourner les talons.
Personne n’avait jamais pleuré le jour de la rentrée. Au quatrième jour d’école, quand je fermai la porte et vis le bus s’éloigner, mon coeur soudain se serra.