Domaine A. et P. de Villaine, Bouzeron. Entretien avec Pierre de Benoist - 1ère partie - Les débuts du domaine...

Par Daniel Sériot

Les lecteurs anglophones pourront lire la traduction sur webflakes (Diary of Lover of right bank), avec quelques billets de décalage... Lire ICI

Pierre de Benoist est fils de vignerons à Sancerre, Domaine du Nozay.

Rien ne le prédestinait au travail de la vigne.

Il choisit plutôt d'aller étudier le Droit à Paris.

C'était sans compter son oncle, propriétaire depuis 1971 d'un domaine à Bouzeron! Ce dernier fait appel à son neveu pour qu'il en assure la gestion. 8 hectares à l'époque. L'oncle, c'est Aubert Gaudin de Villaine. Du Domaine de la Romanée-Conti.

Sa tante, Paméla de Villaine.

C'est elle qui, depuis l'achat du domaine de Bouzeron, soigne, comme un jardin, les vignes. Elle possède d'ailleurs un petit jardin de curé, où elle expérimente les principes de la cultures biodynamique. Rapidement, elle agrandit le domaine de quelques hectares.

Lorsque la proposition de la gérance est faite à Pierre de Benoist, en 1988, le domaine représente alors vingt hectares de vignes. Pierre refuse. Mais il revient sur sa décision, se sentant happé par cette mission et par la vie viticole qui finalement avait toujours été la sienne. D'ailleurs, Aubert de Villaine ne s'y est pas trompé, le choisissant lui parmi d'autres neveux.

Un défi à relever, cependant.

En effet, si la totalité des Grands Crus de Bourgogne représente 1.5% de la production !, l’essentiel est en appellation village. Pour Pierre de Benoist, pour Aubert et Paméla de Villaine, c’est là qu’est le sang et l’âme de la Bourgogne. Le choix de vivre à Bouzeron, pour les propriétaires de la Romanée-Conti, loin des vignobles de la Côte de Nuits,  préside à la volonté d'une reconnaissance de cette Bourgogne viticole.

Ensuite, il est question de redonner à l'aligoté ses lettres de noblesse.

Le bouzeron a demarré de très loin. L’aligoté est aride, dur et tout juste bon pour faire du kir. Mais, dit Pierre de Benoist,  nous nous sommes rendu compte que l’aligoté vinifié sur un terroir propice et de belles manières équivalait à un beau chardonnay aujourd’hui. Il évoque rapidement le problème actuel des Chardonnay et de leur oxydation prématurée.

Pierre de Benoist rappelle ses évidences géographiques : la Côte Chalonnaise est au coeur de la Bourgogne. Pour lui, cette côte n'a rien à envier à la côte de nuits et à la Côte d'Or, car il n'est pas de différence de terroir, mais seulement des nuances, et les vins ont pris une orientation différente.

La base du terroir est la même. Les vignes sont plantées sur des sols calcaires, marno-calcaires et un peu granitiques.

Cette côte a conservé la culture des trois cépages :  l’aligoté, le chardonnay et le pinot.

L’aligoté au XVIII, XIXème siècles a été relégué dans les bas de coteaux car il était trop productif. Planté sur un sol riche et argileux, il était trop acide. Donc, il fallait conserver l’aligoté en haut des Coteaux sur des sols maigres, dirent les anciens, où la roche mère est très présente, et où elle amène au vin une certaine minéralité, une certaine droiture, et une qualité supérieure.