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Chronique ontarienne, par Jean-François Tremblay…

Publié le 08 septembre 2013 par Chatquilouche @chatquilouche

Passionné comme je le suis par la musique sous toutes ses formes, j’ai dévoré le livre de David ByrneChronique ontarienne, par Jean-François Tremblay… How Music Works, publié chez McSweeney’s Books en 2012.

Une belle brique à la couverture d’un blanc immaculé, un peu rembourrée lui donnant une texture matelassée, ce livre se lit tout seul, si l’on est le moindrement curieux des origines de la musique et des raisons pour lesquelles l’être humain en produit depuis toujours.

Fouillant dans les diverses théories élaborées au fil des siècles, ainsi que dans ses propres recherches et expériences, le leader du groupe Talking Heads traite éloquemment de son sujet sous divers angles : social, scientifique, financier, etc.  Il offre au néophyte un portrait détaillé, et de l’intérieur, de l’industrie musicale actuelle et des dernières décennies.

Il nous informe sur l’histoire de l’enregistrement, nous parle de l’influence de la technologie sur la composition, des parallèles observés dans la musique produite par des cultures aussi opposées que géographiquement éloignées, de lieux de création qui favorisent l’émergence musicale (tels que le célèbre CBGB de New York), et de théories diverses sur l’origine de la musique, de Pythagore à Walter Murch.

Le tout est si bien écrit et détaillé qu’on se laisse emporter par la plume assurée, amicale et intelligente de Byrne qui, de toute évidence, est passionné par le sujet.  Son texte est appuyé par nombre d’images d’archives (photos, esquisses, etc.) et de références à de nombreuses sources.

Aucunement besoin d’être musicien pour comprendre de quoi il parle – je ne joue d’aucun instrument moi-même.  La musique est quelque chose qui touche chaque être humain, à divers degrés, et d’essayer de comprendre d’où elle vient et pourquoi nous en avons besoin est, à mon avis, d’un grand intérêt.

Je ne crois pas que le livre ait été traduit en français, pour le moment du moins.  Mais si vous avez la chance de mettre la main dessus, et que vous lisez l’anglais, n’hésitez surtout pas.

Cliquez ici pour écouter le début de la version audio du livre, ce qui vous donnera une idée du niveau de langage de Byrne.

Jiro et la passion du sushi

Chronique ontarienne, par Jean-François Tremblay…
Jiro, Dreams of Sushi est un documentaire réalisé par David Gelb et qui fut lancé sur les écrans en 2011.  Le film traite d’un homme et de sa passion pour l’art du sushi.

Jiro Ono, 85 ans lors du tournage, travaille dans son restaurant, au cœur d’une station de métro de Tokyo.  L’homme strict et discipliné a passé l’entièreté de sa vie à perfectionner l’art du sushi.  Son restaurant, le Sukiyabashi Jiro, est l’un des préférés du réputé chef Joël Robuchon, et a valu à monsieur Ono la mention « 3 étoiles » dans le fameux guide Michelin.

Son établissement ne comporte que dix places assises, et vous devrez débourser 30,000 yens (300 $ CAN) et plus pour y déguster les fameux sushis.  Mais nombreuses sont les personnes qui le recommandent.  D’ailleurs, la mention « 3 étoiles » du guide Michelin signifierait que le restaurant et la cuisine de Jiro Ono justifient à eux seuls un voyage au Japon.

Jiro est père de deux garçons, également chefs cuisiniers.  On apprend qu’il a convaincu ses fils de le suivre dans le domaine du sushi.  Le plus jeune a ouvert son propre restaurant, calque de celui de son père, tandis que le plus âgé attend de prendre la relève du patriarche lorsque celui-ci se retirera ou mourra.

Mais la pression est énorme sur les deux fils.  On attend d’eux le même niveau de qualité et d’efficacité que ce à quoi le père a habitué sa clientèle internationale.  On sent tout au long du film une certaine nervosité chez les deux héritiers.  Jiro Ono est un homme qui, sans être nécessairement « dur », semble très autoritaire et prend très au sérieux son travail.  Il ne vit que pour son travail.  Sa passion est remarquable et commande le respect, mais ça frôle l’obsession.

Le film est un peu longuet par moments, malgré ses maigres 81 minutes.  Il y a des scènes banales qui ne nous apprennent pas grand-chose.  J’aurais aimé en apprendre davantage sur le passé de Jiro Ono, mais lui-même ne semble pas en savoir beaucoup.  Il possède une photo datant de 1927 ou 1928 sur laquelle on le voit en compagnie de son père.  Mais Jiro s’est vu obligé de quitter le nid familial vers l’âge de 9 ans et n’a plus revu son père par la suite.  Dès son enfance, il n’eut d’autre choix que de travailler pour survivre.  L’homme a alors développé une passion pour le sushi qui ne l’a jamais quitté.

On apprend également, au cours du film, que Jiro met environ 10 ans à entraîner un apprenti.  Les jeunes doivent apprendre à maîtriser les techniques à la perfection, ce qui n’est pas aisé.  On ne parle pas ici des sushis que vous trouvez au resto du coin ; il s’agit d’œuvres d’art.  Ils doivent apprendre à cuire le poisson à point, à l’émincer à la perfection ; ils doivent masser les pieuvres pendant au moins 50 minutes pour en faire ressortir toute la saveur, etc.

Il s’agît d’un travail ardu, et c’est là le message principal de Jiro : il faut savoir s’appliquer dans la vie.  Trouver ce dans quoi on est talentueux et s’y appliquer.  Voilà la clé du succès.  Et le vieil homme, qui aurait pu prendre sa retraite il y a longtemps, est toujours insatisfait et recherche encore la perfection.  Il veut constamment améliorer son produit.

Ce n’est pas un film parfait, mais c’est passionnant, qu’on aime ou non les sushis.  Le sujet n’est pas la bouffe, mais l’homme et sa quête de perfection.  On ne peut qu’admirer autant de dévouement et de passion pour son travail.

Je vous le recommande fortement.  Le film est disponible en DVD.  Cliquez ici pour visionner la bande-annonce.

Notice biographique

Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de

Chronique ontarienne, par Jean-François Tremblay…
cinéma. Ila fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger parla suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma.  Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent.  Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise.  Jean-François habite maintenant Peterborough.   Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


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