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Ces jeunes Belges qui s'en vont combattre en Syrie

Publié le 08 septembre 2013 par Copeau @Contrepoints

Peut-être, dans leur candeur irresponsable, ces jeunes Belges qui vont combattre en Syrie constituent-ils, tout compte fait, ce que notre société a produit de moins indigne...

Un billet de Corentin de Salle

Ces jeunes Belges qui s'en vont combattre en Syrie
Dans La Chartreuse de Parme, le célèbre roman de Stendhal, le jeune Fabrice del Dongo, exalté par l'épopée napoléonienne qui a agité l'Europe alors qu'il n'était encore qu'un enfant, décide, à 17 ans, de prêter main forte à Napoléon lors de son fugace retour de l'île d'Elbe. Plein d'enthousiasme par rapport à une guerre à laquelle il ne comprend rien, il se retrouve en plein champ de bataille de Waterloo, sans armes, sans cheval et sans expérience aucune. Après plusieurs déboires, il est recueilli par une cantinière qui, émue par son jeune âge, l'abrite dans sa roulotte et lui sauve la vie.

Je vais sans doute fâcher certains mais, j'éprouve, vis-à-vis de tous ces jeunes belges musulmans qui, par leurs propres moyens, gagnent la Syrie pour combattre la dictature, un authentique sentiment d'admiration. Je sais bien que ces jeunes sont manipulés. Je sais bien qu'ils ne seront d'aucune utilité sur le terrain. Je sais bien qu'ils risquent de se radicaliser. Je sais bien qu'ils peuvent, une fois rentrés, constituer un danger potentiel pour la sûreté de l'État. Mais, en même temps, à l'heure où on déplore la tiédeur, l'égoïsme et le désengagement de la jeunesse, n'y a-t-il pas quelque chose d'éminemment noble dans cette démarche ? La raison commande de les dissuader de partir mais, c'est cette même raison aussi qui, depuis des années, pèse le pour et le contre quant à la question de savoir s'il faut aider ou pas les insurgés, quelles armes expédier, comment éviter qu'elles tombent dans de mauvaises mains, etc. alors que, pendant ce temps, des dizaines de milliers de familles se font impitoyablement massacrer...

Ne jugeons donc pas trop durement ces jeunes qui s'en vont. Peut-être, dans leur candeur irresponsable, constituent-ils, tout compte fait, ce que notre société a produit de moins indigne...


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