Je me tourne la langue 700 fois.
Quand la commission Charbonneau a commencé à mettre des visages sur le mot tricheur, mes potes de Québec, là où j'ai tout de même passé 16 ans de ma vie, faisaient les gorges chaudes sur ma nouvelle ville chérie, Montréal, et sur sa population.
Mais chaque fois, Jones sifflait un petit air devenu connu, ramenant les danseurs sur des musiques qui ne leur sont certainement pas toutes étrangères: "...on étudie Montréal en ce moment mais je ne crois pas les autres villes complètement innocentes...surtout pas celles qui trichent les règles pour accélérer la construction d'un nouvel amphithéâtre sportif...".
Bien entendu on tournait ça en dérision et gnagnagna...et bon joueur (et souvent minoritaire), je ne me défendais pas avec ardeur mais bon. Je n'en pensais pas moins.
Québec, avec son maire fonce-dans-le-tas, était étonnament discret quand les révélations de la commission Charbonneau ont fait leurs premières éclaboussures. Avec le recul, avec ce que l'on a appris mardi dernier, on peut maintenant imaginer qu'un des candidats de Régis Labeaume (plusieurs?) se serait alors rendu pour le voir et peut-être confesser qu'il aurait lui-même trempé dans des magouilles qui pourraient, à la longue, éclabousser son boss. On peut aussi alors imaginer que Régis, si il n'était pas croche lui-même (pas complètement certain, ça encore) aurait alors inspecté ses troupes, ses livres, afin de voir si la corruption ravageait sa ville à lui aussi. Le côté low-profile qui lui allait si mal par la suite s'expliquerait ainsi (PEUT-ÊTRE) par le cancer qu'il y aurait découvert.
Peut-être dis-je bien. Rien ne nous dit encore que la fonction publique est aussi sale dans le 418 qu'elle ne l'est dans le 514/450. Québec reste encore loin des eaux sales de Montréal et Laval.
Mais la semaine dernière, dans ses eaux, il y avait la pointe d'un nouvel iceberg.
Et bientôt, PEUT-ÊTRE, tout le monde aura le rhume.
Il faut être naïf pour croire que si la grande ville est pourrie, sous le clocher du village, tout le monde est sage.
Ce n'est pas parce que les 7 premiers rounds ont été boxé sur l'île de Montréal et sur l'ancienne île Jésus qu'il faille aussi penser que les 5 derniers ne se joueront pas ailleurs.
La semaine dernière nous as fait sonner une nouvelle cloche.
Bien entendu le candidat soupçonné de collusion l'aurait fait à Gatineau, pas à Québec. Et Labeaume a vite sauté sur les micros pour nous faire comprendre "pas moi, pas moi, pas moi". Peut-être est-il vierge.
Mais je persiste et signe.
Quand on crache en l'air, faut souhaiter du vent.
Bon vent, Régis.