Principes élémentaires de propagande de guerre, (utilisables en cas de guerre froide, chaude ou tiède...) est un livre de Anne Morelli paru en 2001. A lire sans arrière pensée, avec un œil sur l'actualité.
Les dix " commandements " que propose Anne Morelli dans cet ouvrage sont avant tout une grille d'analyse qui se veut pédagogique et critique. Elle n'a pas pour but de prendre parti, ou de prendre la défense des " dictateurs ", mais de constater la régularité de ces principes dans le champ médiatique et social. Au ban des accusés, on retrouve tant les vaincus que les vainqueurs.
" Je ne tenterai pas de sonder la pureté des intentions des uns ou des autres. Je ne cherche pas ici à savoir qui ment et qui dit la vérité, qui est de bonne foi et qui ne l'est pas. Mon seul propos est d'illustrer les principes de propagande, unanimement utilisés, et d'en décrire les mécanismes. "
Il est néanmoins indéniable que depuis les dernières guerres qui ont marqué notre époque (Kosovo, guerre du Golfe, Afghanistan, Irak) ce sont nos démocraties occidentales et le champ médiatique qui leur correspond qui sont mis en question.
Anne Morelli réactualise, grâce à ce petit manuel du citoyen critique, des formes invariables pour des contenus divers. La propagande s'exerce toujours via les mêmes invariants quelle que soit la guerre, d'où la grande pertinence de la grille proposée. Il semble également essentiel dans cette introduction de citer Lord Ponsonby qu'Anne Morelli remercie dès les premières pages de son ouvrage. En effet, Ponsonby a largement contribué à l'élaboration des principes. Lord Ponsonby était un travailliste anglais qui s'était radicalement opposé à la guerre. Déjà durant la Première Guerre mondiale, il s'illustre par divers pamphlets et finit par écrire un livre sur ces mécanismes de propagande. Livre qu'Anne Morelli reprend, réactualise et systématise en dix principes élémentaires.
" Arthur Ponsonby avait déjà remarqué que les hommes d'État de tous les pays, avant de déclarer la guerre ou au moment même de cette déclaration, assuraient toujours solennellement en préliminaire qu'ils ne voulaient pas la guerre . " La guerre n'est jamais désirée, elle n'est que rarement vue comme positive par la population. Avec l'avènement de nos démocraties, le consentement de la population devient essentiel, il ne faut donc pas vouloir la guerre et être un pacifiste dans l'âme. À la différence du Moyen Âge, où l'avis de la population n'avait que peu d'importance et la question sociale n'était pas substantielle. " Ainsi déjà le gouvernement français mobilise tout en proclamant que la mobilisation n'est pas la guerre mais, au contraire, le meilleur moyen d'assurer la paix. " " Si tous les chefs d'État et de gouvernements sont animés de semblables volontés de paix, on peut évidemment se demander innocemment pourquoi, parfois (et même souvent), des guerres éclatent tout de même ? " Mais le second principe répond à cette question.
Ce deuxième principe émane du fait que chaque camp assure avoir été contraint de déclarer la guerre pour empêcher l'autre de détruire nos valeurs, mettre en péril nos libertés, ou même nous détruire totalement. C'est donc l'aporie d'une guerre pour mettre fin aux guerres. On en arrive presque à la mythique phrase de " War is Peace ". Ainsi, les États-Unis ont été " contraints " de faire la guerre contre l'Irak qui ne leur a pas laissé le choix. Nous ne faisons donc que " réagir ", nous défendre des provocations de l'ennemi qui est entièrement responsable de la guerre à venir. " Ainsi déjà, Daladier dans son " appel à la nation " - faisant l'impasse sur les responsabilités françaises dans la situation créée par le traité de Versailles - assure le 3 septembre 1939 : l'Allemagne avait déjà refusé de répondre à tous les hommes de cœur dont la voix s'était élevée ces temps derniers en faveur de la paix du monde. [...] Nous faisons la guerre parce qu'on nous l'a imposée. " " Ribbentrop justifie la guerre contre la Pologne en ces termes ; " Le Führer ne veut pas la guerre. Il ne s'y résoudra qu'a contrecœur. Mais ce n'est pas de lui que dépend la décision en faveur de la guerre ou de la paix. Elle dépend de la Pologne. Sur certaines questions d'un intérêt vital pour le Reich, la Pologne doit céder et faire droit à des revendications auxquelles nous ne pouvons renoncer. Si elle s'y refuse, c'est sur elle que retombera la responsabilité d'un conflit, et non sur l'Allemagne. " On a pu également lire lors de la Guerre du golfe dans Le Soir du 9 janvier 1991 : " La paix que tout le monde désire plus que tout, ne peut pas se bâtir sur de simples concessions à un acte de piraterie. (...) La balle étant essentiellement, faut-il le dire dans le camp de l'Irak. " Idem pour la guerre en Irak, ainsi avant que la guerre ne commence, Le Parisien titrait le 12 septembre 2002 : " Comment Saddam se prépare à la guerre ".
" On ne peut haïr un groupe humain dans son ensemble, même présenté comme ennemi. Il est donc plus efficace de concentrer cette haine de l'ennemi sur le leader adverse. L'ennemi aura ainsi un visage et ce visage sera bien évidemment odieux. "
" Le vainqueur se présentera toujours (voir Bush ou Blair récemment) comme un pacifiste épris de conciliation mais acculé par le camp adverse à la guerre.
Ce camp adverse est bien sûr dirigé par un fou, un monstre (Milosevic, Ben Laden, Saddam Hussein, ...) qui nous défie et dont il convient de débarrasser l'humanité. "
La première opération d'une campagne de démonisation consiste donc à réduire un pays à un seul homme. À faire donc comme si personne ne vivait en Irak, que seul Saddam Hussein, sa " redoutable " garde républicaine et ses " terribles " armes de destruction massive vivent là-bas. Personnaliser ainsi le conflit est très typique d'une certaine conception de l'histoire, qui serait faite par des " héros ", l'œuvre des grands personnages. Conception de l'histoire qu'Anne Morelli refuse en écrivant inlassablement sur les " laissés pour compte " de l'histoire légitime. Cette vison est particulièrement idéaliste et métaphysique en que l'histoire est le fruit des idées de ses " grand " hommes. À cette conception de l'histoire s'oppose un conception dialectique et matérialiste qui définit l'histoire en termes de rapports et de mouvements sociaux.
Ainsi l'adversaire est qualifié de tous les maux possibles. Il en va de son physique à ses mœurs sexuelles. Ainsi, Le Vif-L'Express du 2 au 8 avril 1999 présente " L'effroyable Milosevic ". " Le Vif-L'Express ne cite aucun discours aucun écrit du " maître de Belgrade " mais par contre relève ses sautes d'humeur anormales, ses explosions de colère, maladives et brutales : Quand il était en colère, son visage se tordait. Puis, instantanément, il recouvrait son sang-froid. " Ce type de démonisation n'est d'ailleurs pas utilisé uniquement pour la propagande de guerre (comme tous les autres principes d'ailleurs.) Ainsi, Pierre Bourdieu rapportait qu'aux États-Unis, nombre d'enseignants universitaires, excédés de la popularité de dans leurs collèges, écrivaient bon nombre de livres sur la vie intime de l'auteur. Ainsi, Michel Foucault, " l'homosexuel masochiste et fou " avait des pratiques " contre-nature ", " scandaleuses " et " inacceptables. ". Par ce biais, il n'y a donc pas besoin de débattre la pensée de l'auteur ou les discours d'un homme politique, mais le réfuter sur des jugements moraux relatifs aux soi-disant pratiques de l'individu.
Les buts économiques et géopolitiques de la guerre doivent être masqués sous un idéal, des valeurs moralement justes et légitimes. Ainsi on pouvait déjà entendre George Bush père déclarer " Il y a des gens qui ne comprennent jamais. Le combat ne concerne pas le pétrole, le combat concerne une agression brutale " ou Le Monde le 22 janvier 1991 : " Les buts de guerre américains et français sont d'abord les buts du Conseil de sécurité. Nous sommes là en raison des décisions prises par Conseil de sécurité et l'objectif essentiel, c'est la libération du Koweït. " En fait, dans nos sociétés modernes, à la différence de Louis XIV, une guerre ne peut se réaliser qu'avec un certain consentement de la population. Gramsci avait déjà montré à quel point l'hégémonie culturelle et le consentement sont indispensables au pouvoir. Ce consentement sera facilement acquis si la population pense que de cette guerre dépendent leur liberté, leur vie, leur honneur. Les buts de la Première Guerre mondiale par exemple se résument en trois points : " -écraser le militarisme - défendre les petites nations - préparer le monde à la démocratie. Ces objectifs, très honorables, sont depuis recopiés quasi textuellement à la veille de chaque conflit, même s'ils ne cadrent que très peu ou absolument pas avec ses objectifs réels. " " Il faut persuader l'opinion publique que nous - au contraire de nos ennemis - faisons la guerre pour des motifs infiniment honorables. " " Pour la guerre de l'OTAN contre la Yougoslavie, on retrouve le même décalage entre buts officiels et inavoués du conflit.
Officiellement l'OTAN intervient pour préserver le caractère multi-ethnique du Kosovo, pour empêcher que les minorités y soient maltraitées, pour y imposer la démocratie et pour en finir avec le dictateur. Il s'agit de défendre la cause sacrée des droits de l'homme. Non seulement à la fin de la guerre, on peut constater qu'aucun de ces objectifs n'a été atteint, qu'on est notamment loin d'une société multi-ethnique et que les violences contre les minorités - serbes et roms cette fois - sont quotidiennes, mais encore on se rend compte que les buts économiques et géopolitiques de la guerre, dont on n'avait jamais parlé, sont -eux- atteints. " Ce principe implique son corollaire, l'ennemi lui est un monstre sanguinaire qui représente la société de la barbarie.
Les récits des atrocités commises par l'ennemi constituent un élément essentiel de la propagande de guerre. Cela ne veut évidemment pas dire que des atrocités n'ont pas lieu pendant les guerres. Tout au contraire, les assassinats, les vols à main armée, les incendies, les pillages et les viols semblent plutôt - malheureusement - récurrents dans l'histoire des guerres. Mais le fait de faire croire que seul l'ennemi commet de telles atrocités, et que notre armée est aimée de la population, c'est une armée " humanitaire ".
Mais la propagande de guerre s'arrête rarement là, non contente des viols et pillages existants, il lui faut le plus souvent créer des atrocités " inhumaines " pour incarner en l'ennemi l'alter-ego d'Hitler (Hitlerosevic, ...). Nous pouvons ainsi mettre côte à côte plusieurs passages ayant trait à des guerres différentes sans y trouver de grandes différences.
Durant la Première Guerre mondiale, Ponsonby rapporte cette histoire : " Trente ou trente-cinq soldats allemands étaient entrés dans la maison de David Tordens, charretier à Sempst (aujourd'hui Zempst). Ils ligotèrent l'homme puis cinq ou six d'entre eux se jetèrent sous ses yeux sur la fille âgée de treize ans et lui firent violence, ensuite ils l'embrochèrent sur leurs baïonnettes. Après cette action horrible ils lardèrent de coups de baïonnettes son fils âgé de neuf ans et fusillèrent sa femme. " On n'oubliera pas non plus l'épisode des enfants aux mains coupées, qui s'apparente plus à une rumeur infondée qu'à un fait historique.
Pour la Guerre du Golfe dans Le Monde du 3 mars 1990 : " S'ils ne prouvent rien quant au nombre, les corps mutilés de la morgue de l'hôpital Moubarak plaident pour la certitude de la cruauté des sept mois d'occupation irakienne. Yeux arrachés, gorges tranchées, têtes écrasées, crânes coupés dont la cervelle s'échappe, corps à moitiés carbonisés, brûlures de cigarettes... " Sans oublier également l'épisode des couveuses volées et des bébés tués atrocement... Qui se révéla être une mystification.
Pour l'Afghanistan dans le Herald Tribune du 7 août 1999 : " Certains ont été tués dans les rues. Beaucoup ont été exécutés chez eux, après blocage et perquisition des zones réputées pour être habitées en majorité par certains groupes ethniques. Certains ont été ébouillantés à mort ou asphyxiés dans des conteneurs métalliques scellés, placés en plein soleil. Dans un hôpital au moins, 30 patients ont été tués par balle dans leur lit. Les corps des victimes ont été abandonnés dans les rues ou dans les maisons, pour intimider le reste des habitants. Des témoins affolés ont pu voir des chiens s'acharner sur les cadavres, mais on leur a imposé par mégaphone ou par radio de ne pas y toucher et de ne pas les enterrer. " Les talibans, ici responsables de ses atrocités n'ont pour la plupart pas été arrêtés, et aucune nouvelle de Ben Laden...
Pour la guerre en Irak, les récits furent encore une fois similaires, et les mensonges sur les armes de destruction massive aussi. On peut donc facilement dégager certaines tendances dans ces histoires. Il s'agit avant tout de toucher la corde " sentimentale " du lecteur, il faut avant tout de " bonnes histoires " et si on ne les trouve pas, on les invente. Les détails " croustillants " totalement inutiles au vu des réelles conséquences au point de vue humain dans les guerres sont pourtant monnaie courante dans ces récits, et fait de l'ennemi un monstre plus horrible que jamais, qui tue avant tout par plaisir ou vice.
Pour le Kosovo, " il y a évidemment eu, au printemps 1999, meurtres, pillages, tortures et incendies de maisons albanaises, mais on "oublie" de mettre en évidence avec la même acuité les mêmes atrocités commises à partir de l'été sur des Serbes, Bosniaques, Roms et autres personnes non Albanaises. Leur exode sera passé sous silence alors que les images de réfugiés albanais du Kosovo et leur accueil à l'étranger avaient fait l'objet d'émissions complètes à la télévision. C'est que ce cinquième principe de la propagande de guerre veut que seul l'ennemi commette des atrocités, notre camp ne peut commettre que des "erreurs". La propagande de l'OTAN popularisera à l'occasion de la guerre contre la Yougoslavie le terme de "dégâts collatéraux" et présentera comme tels les bombardements de populations civiles et d'hôpitaux, qui auraient fait, selon les sources, entre 1 200 et 5 000 victimes. "Erreur" donc que le bombardement de l'ambassade chinoise, d'un convoi de réfugiés albanais, ou d'un train passant sur un pont. L'ennemi, lui, ne commet pas d'erreurs, mais commet le mal sciemment. "
Pour conclure sur une citation de Jean-Claude Guillebaud : " Nous étions devenus, nous journalistes, à notre corps défendant, des espèces de marchands d'horreur et l'on attendait de nos articles qu'ils émeuvent, rarement qu'ils expliquent ".
Ce principe est le corollaire du précédent. " Non seulement nous ne commettons pas d'atrocités, mais nous faisons la guerre de manière chevaleresque, en respectant - comme s'il s'agissait d'un jeu, certes dur mais viril ! - les règles. " Ainsi déjà pendant la Première Guerre mondiale, la polémique fit rage à propos de l'usage des gaz asphyxiants. Chaque camp accusait l'autre d'avoir commencé à les utiliser. Bien que les deux camps avaient fait usage du gaz et qu'ils avaient effectué tous des recherches dans le domaine, cette arme était le reflet symbolique de la guerre " inhumaine ". Il convient ainsi de l'imputer à l'ennemi. C'est en quelque sorte l'arme " malhonnête ", l'arme du fourbe.
" À de rares exceptions près, les êtres humains préfèrent généralement adhérer à des causes victorieuses. En cas de guerre l'adhésion de l'opinion publique dépend donc des résultats apparents du conflit. Si les résultats ne sont pas bons, la propagande devra cacher nos pertes et exagérer celles l'ennemi. "
Déjà durant la Première Guerre mondiale, après un mois du début des opérations, les pertes s'élevaient déjà à 313 000 tués. Mais l'état major français n'a jamais avoué la perte d'un cheval et ne publiait pas la liste nominative des morts.
Dernièrement, la guerre en Irak nous fournit un exemple du genre, où on a interdit la publication des photos des cercueils de soldats américains dans la presse. Les pertes de l'ennemi sont elles, par contre, énormes, leur armée ne résiste pas. " Dans les deux camps ces informations remontent le moral des troupes et persuadent l'opinion publique de l'utilité du conflit. "
Lors de la Première Guerre mondiale, sauf quelques rares exceptions, les intellectuels soutinrent massivement leur propre camp. Chaque belligérant pouvait largement compter sur l'appui des peintres, des poètes, des musiciens qui soutenaient, par des initiatives dans leur domaine, la cause de leur pays.
Les caricaturistes sont largement mis au travail, pour justifier la guerre et dépeindre le "boucher" et ses atrocités, tandis que d'autres artistes vont travailler, caméra au poing, pour produire des documents édifiants sur les réfugiés, toujours soigneusement pris dans les rangs albanais, et choisis les plus ressemblants possible par rapport au public auquel ils s'adressent, comme ce bel enfant blond au regard nostalgique, censé évoquer les victimes albanaises.
On peut voir ainsi les " manifestes " se développer partout. Le manifeste des cent, pour soutenir la France pendant la Première Guerre mondiale (André Gide, Claude Monet, Claude Debussy, Paul Claudel). Plus récemment le " manifeste des 12 " contre le " " qu'est l'islamisme. Ces " collectifs " d'intellectuels, artistes et hommes notables se mettent donc à légitimer l'action du pouvoir politique en place.
Ce critère peut être pris dans deux sens, soit littéral, soit au sens général. Dans le sens littéral, la guerre se présente donc comme une croisade, donc la volonté est divine. On ne peut donc se soustraire de la volonté de Dieu, mais seulement l'accomplir. Ce discours a repris une grande importance depuis l'arrivée de George Bush fils au pouvoir et avec lui toute une série d'ultra-conservateurs intégristes. Ainsi la guerre en Irak s'est manifestée comme une croisade contre " l'Axe du Mal " une lutte du " bien " contre le " mal ". Il était de notre devoir de " donner " la démocratie à l'Irak, la démocratie étant un don issu tout droit de la volonté divine. Ainsi faire la guerre c'est réaliser la volonté divine. Des choix politiques prennent un caractère biblique qui efface toute réalité sociale et économique. Les références à Dieu on toujours été nombreuses ( In God We Trust, God Save the Queen, Gott mit Uns, ...) et servent à légitimer sans appel les actions du souverain.
Ce dernier principe est le corollaire de tous les précédents, tout personne mettant en doute un seul des principes énoncés ci-dessus est forcément un collaborateur de l'ennemi. Ainsi, la vision médiatique se limite aux deux camps cités ci-dessus. Le camp du bien, de la volonté divine, et celui du mal, des dictateurs. Ainsi, on est " pour ou contre " le mal. En ce sens, les opposants à la guerre du Kosovo se sont vu traiter dans L'Évènement du 29 avril au 5 mai 1999 de " complices de Milosevic ". L'hebdomadaire va même jusqu'à systématiser plusieurs " familles ". On retrouve ainsi la famille " anti-américaine " avec Pierre Bourdieu, Régis Debray, Serge Halimi, Noam Chomsky ou Harold Pinter. La famille " pacifiste intégriste " avec Gisèle Halimi, Renaud, l'abbé Pierre... et leur organes respectifs, le Monde diplomatique, le PCF.
Il devient donc impossible de faire surgir une opinion dissidente sans subir un lynchage médiatique. Le pluralisme des avis n'existe plus, il est réduit à néant, toute opposition au gouvernement est réduite au silence et au discrédit par des arguments bidon.
Ce même argumentaire a été de nouveau en application lors de la guerre en Irak, bien que l'opinion internationale étant plus partagée, cela se soit moins ressenti. Mais être contre la guerre, c'est être pour Saddam Hussein... Le même schéma fut appliqué dans ce tout autre contexte qu'était le référendum sur la constitution européenne : " être contre la constitution, c'est être contre l'Europe ! "
- Son usage envers le terrorisme par semble en ce sens impropre. Le "terrorisme" en général ne peut être considéré comme un "totalitarisme" au sens originaire du terme. Il ne remplit pas les critères nécessaires. L'usage du concept requiert une analyse approfondie de la société ou de la structure du groupe étudié, il faut en faire ressortir les catégories essentielles et les processus de dé-différenciation propres au totalitarisme. Il ne semble pourtant pas que Jack Straw ait réalisé une telle analyse pour pouvoir donner une vraie assise théorique à son assertion. L'usage du terme a dans ce cas un but politique ou de propagande de guerre.