"Même la pluie" est un joli petit film sorti de façon très discréte au début de l'année 2011, quelques salles dans tout l'hexagone, mais le film a tout de même obtenu un petit succès de bouche à oreille, 200 000 entrées quand même. Le DVD nous donne l'occasion de nous rattraper, ce que j'ai fait, et je ne le regrette pas.
Sebastian est un jeune réalisateur ambitieux (incarné par le toujours bon et toujours juste dans ses interprétations gael Garcia Bernal) qui décide faire un film sur l'invasion de l'Amérique du sud par les colons espagnols, et les massacres que ces derniers ont perpétrés envers les populations indigènes. Avec son producteur, ils décident d'aller tourner dans la forêt amazonienne, prés de Cochabamba. Là, faute de moyens, ils embauchent les populations locales pour faire de la figuration, qu'ils paient une misère. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu, très vite un conflit autour de la nationalisation de l'eau va apparaitre et mobiliser toutes les polutions miséreuses de la région, et emporter avec lui le tournage.
Le procédé de la jeune réalisatrice est simple : par le biais du film dans le film, elle met en parallèle deux époques, celle de l'arrivée des Espagnols sur le continent sud-américain, et la situation des Amérindiens aujourd'hui. Elle le fait en se servant, outre la colonisation espagnole, d'un deuxième évènement historique, la guerre de l'eau qui a bien eu lieu à Cochabamba en 2000. Mais tout procédé ne serait qu'artifice s'il n'était au service d'un propos et d'une histoire. Or, Iciar Bollain a bien les deux.
Le propos est évidemment de démontrer que même après 500 années de lutte, les Amérindiens doivent toujours se battre pour leurs droits et qu'ils sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone. Quant à l'histoire, le fait de savoir que le scénariste n'est autre que Paul Laverty, le scénariste de Ken Loach, indique tout de suite qu'il s'agit d'un travail de qualité, humain et engagé.
Le film entre aussi en résonnance avec la Bolivie d'aujourd'hui, car si le film date de 2010, la situation décrite date quant à elle de 2000. Or, depuis, en Bolivie, c'est Evo Morales qui est arrivé au pouvoir, le premier président d'origine amérindienne à avoir mis les problèmatiques indigènes au coeur de sa politique. Assurément, le choix de la Bolivie pour faire un film sur ces thématiques n'est pas pour rien, il s'agit du seul pays où les populations autochtones reprennent leurs droits.
Bref, un beau film, émouvant, sensible, et très politique. De quoi passer une bonne soirée et se donner de la réflexion pour les soirs suivants.