Il est vrai qu’on ne peut pas exclure une telle idée. Le positionnement de
François Bayrou, « ni à Droite, ni à Gauche » a atteint ses limites
et montrés ses faiblesses aux dernière élections. Manifestement les français
ont du mal à concevoir qu’on ne choisisse pas clairement son camp.
Quasiment sans députés, le MoDem a beaucoup de mal à exister sur l’échiquier
politique malgré l’honnête popularité de son chef de file.
Maintenant, tout dépend du type d’alliance dont on parle.
Une alliance limitée aux élections municipales ou Européennes permettrait à
François Bayrou et au MoDem de se refaire une santé en terme d’élus à peu de
frais.
Ces élections n’obligent pas nécessairement à se positionner à Droite ou à
Gauche.
Les Municipales sont censées permettre de confronter des projets locaux peu
liés à la politique nationale et sur la question de l'Europe il n'y a sans
doute pas grand chose qui sépare un Borloo d'un Bayrou ou d'un Morin.
Cependant, cette alliance n'ira probablement pas plus loin. François Bayrou
ne peut décemment pas intégrer, avec armes et bagages, une UDI dont plusieurs
cadres l'ont abandonné en rase campagne, au lendemain de la victoire de Nicolas
Sarkozy, en 2007, et vilipender lorsqu'il a choisi de voter Hollande, en
2012.
Il ne peut pas non plus remettre en cause aussi soudainement son
positionnement indépendant. Ce serait admettre que son projet de donner au
centre une véritable identité est un échec. Ce serait retomber dans la nasse du
centrisme, dans cette catégorie de partis destinés à n'être que des forces
d'appoint à l'UMP ou au PS.
Dans notre système de scrutin majoritaire, pour être réellement indépendant, il
faut être dominant, ou accepter, comme le MoDem, d'être un parti sans élu. En
acceptant une alliance de circonstances, François Bayrou peut espérer concilier
indépendance et élus tout en ne préemptant pas son avenir politique
personnel.
Quand à l’UDI, elle a bien besoin des voix du MoDem et des sympathisants de
François Bayrou si elle veut se faire une place significative au sein de
l’opposition. Or, les élections européennes avec leur mode de scrutin, sont une
des rares occasions dont disposent les petits partis pour affirmer leur
autonomie par rapport aux partis dominants. Il s’agit pour l’UDI de ne pas la
laisser passer quitte à en partager le mérite. Daniel Cohn-Bendit l’avait bien
compris en 2009, lorsqu’il a créé une liste Europe Ecologie qui allait bien
au-delà des Verts.
Si cette alliance MoDem-UDI connaît le même succès, tout le monde aura été gagnant, même si chacun voudra s'affirmer comme le principal responsable de cette réussite.