Ils sont:
-Le père Christian de Chergé, prieur de la communauté et âme du groupe d'échange sur la spiritualité musulmane. Il avait 59 ans.
-Père Christophe, 46 ans, avait passé deux ans, de 1972 à 1974, en Algérie à titre de coopérant, dans un centre pour jeunes handicapés. C'est là qu'il y découvrira le monastère de Tibhirine. Il avait des talents de poète, et de très bonnes relations avec les gens du village. Il était l'agriculteur du monastère. Frère Christophe tenait un journal quotidien. Il fut ordonné prêtre 6 ans avant 1996. -Frère Michel, 73 ans, travaillant d'abord pendant 10 ans comme ouvrier fraiseur et comme docker, il se joint à la communauté en 1984. -Père Bruno, 66 ans, se trouvait par hasard à Tibhirine en mars 1996 car on préparait l'élection du nouveau prieur pour la fin du mois.
-Frère Paul fût, avant de devenir moine, parachutiste en Algérie pendant son service militaire de 1959 jusqu'en 1961, puis pompier dans son village de Bonnevaux. Ayant été également plombier, il entretient le système d'irrigation du jardin de Tibhirine. Il avait 57 ans.
-Père Amédée, 76 ans, Père blanc devenu moine trappiste, il entre au monastère de Tibhirine en 1946, et est ordonné prêtre 6 ans plus tard. Il donne des cours aux enfants en difficulté du voisinage. Les villageois l'appellaient « cheikh Amédée ».
-Père Jean-Pierre Schumacher a 72 ans en 1996. Il avait fait ses études chez les Pères maristes, et fût ordonné prêtre en 1953. C'était lui qui faisait souvent les courses du monastère.
Mais une graine hostile est plantée...
Ils ont donné leur vie déjà à Jésus. Ils ne peuvent pas la perdre une seconde fois.
Ils signent toutefois à peu près tous des formes de testaments ou des textes qui annoncent une mort prochaine qu'ils ne sauraient éviter.
Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, à 1 h 15 du matin, un groupe d'une vingtaine d'individus armés se présentera aux portes du monastère. Ils pénètreront de force à l'intérieur et iront vers le cloître où ils enlèveront sept moines. Seuls Frère Jean-Pierre et frère Amédée, qui dormaient dans une autre partie du monastère, échapperont aux ravisseurs.
Le 30 mai suivant sont trouvées les 7 têtes des moines kidnappés.
Le choix des moines de Tibhirine de servir le Dieu désarmé plutôt que le Dieu des armées était et demeure une provocation pour tous ceux qui croyaient au pouvoir des armes.
La version officielle des coupables est celle impliquant le Groupe Islamique Armé et Djamel Zitouni, un de ses chefs de guerre. Toutefois, les méthodes d'assassinat n'étaient pas complètement celles du GIA et des doutes ont été émis sur l'authenticité des communiqués émis publiquement sur les exécutions (et signés présumément du GIA). Certains dissidents algériens accusent les services secrets algériens d'avoir commandité l'assassinat des moines afin de faire mal paraître le GIA.
Enfin, une dernière thèse propose aussi l'intervention de l'armée algérienne, avec la complicité de l'islamiste Djamel Zitouni. Celui-ci aurait enlevé les moines car ils donnaient une aide médicale aux terroristes, mais un autre groupe du GIA aurait ensuite pris possession des otages.
Le mystère plane.
C'est cette terrible histoire que raconte le très beau film de Xavier Beauvois, Des Dieux et Des Hommes.