Diplôme de Jardinières d'enfants
C’est la rentrée. Après un intermède estival, chacun reprend son rôle, chacun reprend son rythme. Imposé.
A l’école comme dans la vie. La course reprend. Mais après quoi court-on finalement ? Rien, bien souvent. On fuit juste le présent. L’instant. Posons-nous un moment.
Sommes-nous en cohérence ? Avec nos aspirations, nos désirs profonds ? Donnons-nous toute sa place à ce qui fait sens dans nos vies ? La rentrée, c’est l’occasion de s’arrêter. De faire un « pas de côté », plutôt qu’un pas en avant. Pour se poser les bonnes questions… …avant de repartir. Dans la bonne direction. Celle du vivant ! De ce qui vibre en nous, nous fait vivre et nous anime, véritablement.
Le choix du vivant, c’est celui fait par les artisans du projet de la Ferme du Bec Hellouin, en Normandie. Une ferme expérimentale fonctionnant selon les principes de la permaculture, un système conceptuel qui s’inspire du fonctionnement de la nature, pour créer des écosystèmes (agricoles, urbains, domestiques, etc…) économes, durables, harmonieux et résilients. Adaptée à l’agriculture, la permaculture repose sur une observation attentive du milieu et une connaissance fine du fonctionnement du vivant. Perrine et Charles HERVE-GRUYER ont décidé de combiner l’approche de la permaculture et les pratiques des maraîchers parisiens du début du siècle dernier (redécouvertes par deux américains : Eliot Coleman et John Jeavons, pionniers de l’agriculture biologique aux USA), qui réalisaient jusqu’à 8 rotations de culture par an ! Ils synthétisent petit à petit ce qu’ils vont nommer « la méthode de la Ferme du Bec Hellouin pour les maraîchers ». Depuis 2011, la ferme du Bec Hellouin est engagée dans un programme de recherche, en partenariat avec l’INRA (Institut National de Recherche Agroéconomique) et AgroParisTech afin d’étudier et de modéliser cette méthode, pour la valider et l’essaimer. Le dernier rapport intermédiaire (2013) vient de paraître, et les résultats sont encourageants : 1000 mètres carrés cultivés en maraîchage bio permaculturel permettent de créer une activité à temps plein ! Une agriculture écologique, peu mécanisée et viable économiquement, est possible, même sur de petites surfaces.
Comme ils l’énoncent si bien : « La méthode de la Ferme du Bec Hellouin est davantage l’extension d’un jardin que la réduction d’une ferme mécanisée. De tous temps, les jardins ont été des lieux heureux. »
De bonheur, de vivant, de jardin (d’enfants), il en est aussi question pour le projet mené par Céline ALVAREZ depuis 2 ans à Gennevilliers. Son ambition : prouver qu’une pédagogie « organique », basée sur les lois du vivant et permettant l’épanouissement de l’enfant, donnera de meilleurs résultats en terme de performances cognitives et sociales qu’une pédagogie traditionnelle. Résultat ? Au-delà même de ses espérances… Dans une classe de maternelle d’une école étiquetée ZEP et « Plan Violence », en proche banlieue parisienne, des enfants apprennent dans l’enthousiasme et la joie et remettent en cause tous les déterminismes sociaux. Mais encore ? 100% de lecteurs en Grande Section, 90% chez les élèves de moyenne section (la classe est multi-âges, et c’est un point important), et des petits s’y mettent aussi. Ils comptent jusqu’à 1000 ! Tout en développant une concentration et un sens du collectif que l’on croyait impossibles pour des enfants de cet âge !
L’expérimentation, suivie et testée par des psychologues du CNRS de Grenoble, a plusieurs points communs avec celle du Bec Hellouin. Le « recyclage » de pratiques anciennes tout d’abord, ici celle de la géniale pédagogue Maria Montessori, dont nous vous avions déjà parlé dans ces colonnes. L’attention portée à l’observation du vivant (les enfants), du milieu (la classe), et des interactions au sein de cet écosystème. La démarche, pragmatique, d’accompagnement par la recherche scientifique (de nombreux chercheurs renommés ont rejoint le comité scientifique du projet), afin d’évaluer le dispositif.
L’étape d’après ? Ici aussi, modéliser pour essaimer, et tester le dispositif à plus grande échelle. On lui souhaite de réussir ! Et nos enfants dans son sillage !
C’est la rentrée. Vous voyez, vous avez toutes les raisons d’espérer ! A vous de jouer !!