La sélection de la semaine : Amorostasia, Silex and the city, Dans les glaces, Alpha, Calvin et Hobbes et Koréa

Par Casedepart @_NicolasAlbert

C’est la rentrée et les éditeurs s’en donnent à cœur joie !  Case Départ vous propose sa sélection d’albums de la semaine. Parmi ces nombreuses nouveautés, il y a pour vous quelques petites merveilles : Une fable sur les sentiments amoureux avec Amorostasia, le quatrième tome de la série préhisto-comique Silex and the City, Dans les glaces qui emmènent le lecteur dans les pas des explorateurs du Grand Nord, la saison 2 de la grande série Alpha, une réédition en petit format de la célèbre bande dessinée Calvin & Hobbes et Koréa : un album sur la guerre de Corée. Bonnes lectures !

Amorostasia :

elle court, elle court, la maladie d’amour

Une nouvelle épidémie, L’amorostasie, s’abat sur Paris : les amoureux soudain se pétrifient sans aucune raison. Cette très jolie fable sur les sentiments amoureux est une œuvre de Cyril Bonin.

Paris, de nos jours. La ville des amoureux se trouve soudain en face d’une drôle de maladie : ceux qui s’aiment, se pétrifient durablement. Tout d’abord, une femme de ménage trouve sa patronne pétrifiée face à la fenêtre. Dans sa main, une lettre de demande de mariage. Puis un couple statufié alors qu’ils s’embrassaient dans leur voiture, provoquant un monstrueux embouteillage. La maladie se propage comme une traînée de poudre dans la capitale. Tous les couples sont touchés, jeunes comme vieux, hétéros comme homos.

Le rédacteur en chef du quotidien Murmures de Paris demande à Olga Politoff et son collègue Julien Lambert, d’enquêter sur cette étrange affaire. Pour trouver quelques indices, elle se rend à La Pitié-Salpêtrière, où le professeur Korda étudie des corps frappés par cette catatonie. Le médecin lui explique que les amoureux ne sont pas morts, que leurs corps tournent au ralenti et qu’ils n’ont pas besoin d’être alimenter. Cette maladie, appelée Amorostasie, n’est donc pas létale.

La panique commence à atteindre la population et l’épidémie commence à toucher les autres départements. La situation est de plus en plus préoccupante et le gouvernement prend des solutions radicales : interdiction de mixité dans les lieux publics, les films et les romans à l’eau de rose sont proscrits, des boîtes de nuit, bars et lieux de divertissements sont fermés. Les femmes, uniquement elles, doivent porter un brassard discriminatoire avec un cœur si elles ont provoqué l’amorostasie.

Dans le même temps, la jeune journaliste découvre à ses dépends que la maladie ne touche pas son propre couple ; son fiancé et elle ne se sont pas figés. En revanche son collègue Julien se statufie car il est secrètement amoureux d’elle.

Ce fabuleux roman graphique en noir et blanc de Cyril Bonin essaie de définir l’amour et les sentiments amoureux, ce thème intemporel et universel. Il pose des questions sur les formes de l’amour, sur la passion, la tendresse, le contrôle de son amour, ou encore comment aimer ou être aimé. De plus, il interroge les couples qui se font et se défont, ou encore des vieux couples qui ne s’aiment plus mais continuent de vivre ensemble. Avec une grande douceur, il inflige à ses personnages, plutôt des anti-héros, une maladie originale qui se transforme en épidémie où les femmes, tentatrices, sont vouées aux gémonies. Ecrit comme un polar, le récit touchant nous pousse dans nos retranchements, à nous questionner sur notre (nos) propre(s) histoire(s) de cœur.

Amorostasia, une comédie romantique, dramatique et fantastique extrêmement réussie. Un livre intelligent pour rester éternellement amoureux. Nous, à Case Départ, on aime !

  • Amorostasia
  • Auteur : Cyril Bonin
  • Editeur: Futuropolis
  • Prix: 19 €
  • Sortie: 22 août 2013

Silex and the city :

attention préhisto-humour !

Revoilà la famille branchée la plus désopilante de l’ère préhistorique : les Dotcom ! Jul nous a mitonné aux petits oignons un album drôle, un poil grinçant et légèrement cynique pour le bonheur des fans de la série Silex and the city. Après 160 000 albums vendus avec les trois opus précédents, ainsi qu’une série animée diffusée sur Arte, la quatrième histoire de la série, Autorisation de découverte, est toujours aussi déjantée, pleine de rebondissements.

C’est la crise chez les Dotcom ! Un drôle d’événement vient bouleverser la vie paisible de la famille : Web, la fille branchée , serait enceinte. Alors qu’elle nie en bloc, le père Blog, la mère Spam et le fils URL en sont plus que persuadés. La question se pose alors : Web doit-elle garder l’enfant ou doit-elle effectuer une IVG (Interruption Volcanique de Grossesse) ? Qui en est le père ? S’ensuit alors le choix du prénom du futur bambin (tous plus ridicules les uns que les autres).

Une autre révélation tonitruante émeut la famille : Julius, le grand-père, fait son coming-out ; il aurait vécu avec un homme jusqu’à ce que la dérive des continents les séparent.

Enfin, une autre nouvelle, plus triste, s’abat sur les Dotcom : Spam est atteinte d’un cancer du singe. Une litho-thérapie est possible mais l’opération est hors de prix. Seulement la couverture sociale n’existe pas encore ; la famille fait alors front commun pour trouver de l’argent pour sauver la mère. Blog ira même quémander un prêt à son conseiller financier de la Banque Arboricole. L’affaire paraît mal engagée…

On apprécie toujours autant l’univers préhisto-comique de Jul. La force de son récit, c’est de transposer les sujets de société actuels dans une période historique plus ancienne ; comme on pu le faire le célèbre duo Goscinny et Uderzo avec Astérix. Et cela fonctionne à merveille. Il égratigne ici les travers et les manies des Hommes d’aujourd’hui, ainsi que les banques, les grands patrons ou encore les anti-mondialisation. Tout le monde en prend pour son grade : argent, religion, sexualité et maladie. Le summum se retrouvant dans la scène du tournage d’un film X. Jeux de mots, situations cocasses et quiproquos permettent une certaine légèreté dans les propos et les thématiques abordés. Cet humour est corrosif, jubilatoire, inventif et quelques fois cruel. A noter qu’une nouvelle série courte de dessins animés sera diffusée sur Arte en septembre.

  • Silex and the city, tome 4 : Autorisation de découverte
  • Auteur : Jul
  • Editeur: Dargaud
  • Prix: 13.99 €
  • Sortie: 30 août 2013

Dans les glaces : course vers le Grand Nord

A la fin du 19e siècle, deux explorateurs Peary et Cook revendiquent la paternité de la découverte du Pôle Nord. Pourtant l’histoire a oublié un autre personnage important de cette découverte Henson, un homme de l’ombre. C’est cette lutte qu’a décidé de raconter Simon Schwartz dans le très bon album, Dans les glaces.

Il a fallu attendre de très nombreuses années pour que le point le plus au Nord de la planète soit découvert. Les difficultés rencontrées par les nouveaux explorateurs étaient nombreuses : la dureté du climat, une cartographie peu fiable et le financement.

Robert Peary, explorateur impitoyable et fou, tente de rallier le Grand Nord pour laisser son nom dans la postérité. Pour que l’Histoire ne retienne que son nom, il monte une expédition avec son fidèle assistant Matthew Henson. Pourtant son patronyme est oublié par les manuels scolaires. Pourquoi ? Parce qu’il noir.

Cet afro-américain est un véritable bourlingueur. Dès l’âge de 12 ans, il embarque comme mousse sur le navire du commandant Childs, la Katie Hines. Ce dernier le prend sous son aile pour le protéger. Quatre ans plus tard, après le décès du commandant, Henson est alors livré à lui-même. Il croise le chemin de Robert Peary avec lequel il part pour le Nicaragua. Avec l’explorateur, il parcourt le monde à la poursuite de nouvelles contrées.

La paternité de la découverte du point le plus au nord de la Terre est une véritable empoignade : Peary et Frederick Cook la revendique. Au cœur de cette dispute, Henson, tiraillé entre les deux hommes.

Dans les glaces a reçu le prix Max & Moritz de la meilleure bande dessinée de l’année en Allemagne en 2012 et cela n’est pas usurpé. Ce beau roman graphique de Simon Schwartz met en exergue le racisme latent de la fin du 19e et du début du 20e siècle. Très documenté, il montre que les explorateurs n’étaient pas de gentils GO mais que leur soif de postérité était à son zénith à cette période là. Bousculant les us et coutumes en la matière, ils écrasaient tous leurs concurrents de manière peu orthodoxe quelques fois. Les personnages sont très bien campés et permettent de mettre en lumière les hommes plus que les faits historiques. Teinte de fantastique, le récit dense laisse passer une grande émotion auprès du lecteur. Le dessin en noir et blanc est réhaussé de tons de bleus très réussis. Le trait permet de sentir toute la tension, les trahisons mais aussi les moments plus intimes de Henson avec sa femme.

  • Dans les glaces
  • Auteur : Simon Schwartz
  • Editeur: Sarbacane
  • Prix: 19.50 €
  • Sortie: 4 septembre 2013

Alpha pourchassé par la CIA et le FBI

Petit tour avec Malcolm est le deuxième tome de la saison 2 de la série Alpha, scénarisé par Iouri Jigounov qui a laissé la partie dessinée à Chris Lamquet. Dans cet opus, Tyler est toujours pris en chasse parce qu’il détient des informations classées ultra-secrètes.

Dans le tome précédent, Fucking Patriot, l’agent de la CIA, Tyler, alias Alpha est soupçonné d’être un agent double. Pour le contrer, il est pourchassé par des agents de la FBI et ses collègues de la CIA. Il va être délicat pour Tyler de prouver son innocence auprès des autorités ; de plus, son ancienne ennemie Scala se met aussi en chasse.

Sheena et Alpha se sont enfin déclarés leur amour et l’ont même consommé. Mais Alpha s’est ensuite enfui face à la pression des agents fédéraux. Afin de comprendre quel est le vrai rôle de Tyler, la jeune femme décide de mener sa propre enquête.

L’américaine d’origine vietnamienne fonce alors vers l’Alaska pour commencer ses investigations. Mais elle est surveillée de près par Swenson, qui, méfiant, essaie de découvrir ce qu’elle prépare. Dans le même temps, l’agent Scala attend patiemment dans son bain, Howie. Armée d’un pistolet, elle l’oblige à la suivre pour Vancouver.

Pour tromper son monde, Alpha vient se cacher chez son ami Miguel Soto, dans son aérodrome privé. Cette halte n’est que provisoire, Alpha souhaiterait fuir le plus loin possible dans un endroit discret. Mais cela va être délicat, parce qu’il est pourchassé par le FBI, la CIA et même Scala.

Si le dessin de Chris Lamquet, créateur de la bonne série Alvin Norge, est efficace et d’une bonne facture ; le scénario, quant à lui, trop dense de Iouri Jigounov perd le lecteur rapidement. Rythmé, il fait pourtant la part belle aux scènes d’action.

  • Alpha, saison 2, tome 2 : Petit tour avec Malcolm
  • Auteurs : Iouri Jigounov et Chris Lamquet
  • Editeur: Le Lombard
  • Prix: 12 €
  • Sortie: 30 août 2013

Calvin & Hobbes : réédition à petit prix

Voici le vingt-et-unième tome de la réédition de la série culte Calvin & Hobbes, intitulé Je suis trop génial ! Alors que la série s’est arrêtée en 1996 aux Etats-Unis, les éditions Hors Collection continuent de publier dans un format plus petit et à petit prix, les aventures du garçonnet râleur et de son fidèle tigre, créés par Bill Waterson en 1985.

Les lecteurs (re)découvrirons les aventures de Calvin, le petit garçon à l’imagination débordante, et de son ours en peluche Hobbes, qui ont fait le tour du monde : une amitié imaginaire, teintée d’absurde, d’humour et de philosophie…

Bill Watterson, en 2001, dira de son œuvre : « L’effet d’un mot de la fin peut être éphémère, mais il y a quelque chose dans l’amitié entre Calvin et Hobbes qui recèle une petite parcelle de vérité. Exprimer quelque chose de réel et d’honnête, c’est là pour moi toute la joie de la bande dessinée, et toute son importance. »

Case Départ vous avez parlé du tome précédent, où les personnages de Bill Waterson étaient décrits afin de comprendre au mieux la série américaine culte. Cette grande série indémodable de la bande dessinée d’humour, vendu à 23 millions d’albums dans le monde, se décline aujourd’hui au plus petit format, broché, confortable à la lecture et économique, pour réjouir ses nombreux fans et toucher une nouvelle génération de lecteurs.

  • Calvin & Hobbes, tome 21 : Je suis trop génial !
  • Auteur : Bill Waterson
  • Editeur: Hors Collection
  • Prix: 6.90 €
  • Sortie: 22 août 2013

Koréa : au cœur de la guerre de Corée

Je suis mon ennemi est le troisième album de la série Koréa, scénarisé par Patrice Buendia et mis en images par Giuseppe Candida. Basé sur les exploits de l’aéronautique pendant la guerre de Corée.

La guerre de Corée, qui s’est déroulée entre 1950 et 1953, a opposé deux camps bien distincts : la Corée du Nord communiste, soutenue par la Chine et l’URSS et de l’autre la Corée du Sud capitaliste, soutenue par les Etats-Unis et les autres puissances occidentales.

Il y a aussi deux guerres en Corée, celle qui se déroule dans les airs, où les américains font preuve d’une suprématie évidente. Dans l’aviation américaine sur place, on retrouve Kal Fuller, un pilote arrogant et très sûr de lui ; dès le début des combats, il commence à croire à sa toute puissance et surtout à celle de son avion, le P-80 Shooting Star.

Et puis, il y a la guerre que la Corée du Nord est en train de gagner en envahissant les territoires du Sud. La population comme l’armée américaine sont condamnés à un exode massif. Un exil cruel, dur et parfois sanglant. C’est cette fuite que photographie le reporter Paul Fuller, le frère de Kal. Son patron de journal lui demande de faire un portait idéal du camp. Mais Paul ne suit pas cette requête et commence à gratter la surface. Il découvre alors une réalité souvent insoutenable, sur les routes avec soldats, femmes et enfants. La peur et l’inconnu rythment les journées de ces exilés.

Dans ce pays déchiré, en plein basculement, Kim poursuit son périple pour retrouver sa femme et sa fille. Mais traverser un pays en guerre n’est pas chose aisée. Il a alors l’idée de prendre la mer. Mais encore faut-il que les vents soient bons.

Il y a beaucoup de passionnés d’aéronautique en France et la série Koréa risque de les intéresser. L’album, s’il fait la part belle aux dessins d’avions et aux scènes d’action, n’est pas uniquement basé sur cela ; il y a une véritable intrigue de la part de Patrice Buendia. La dualité entre Kal et Paul est bien mise en valeur, ainsi que le quête désespérée de ce père Kim pour retrouver sa femme et sa fille. Cet opus est de bonne facture et le dessin réaliste de Giuseppe Candida est assez maîtrisé.

  • Koréa, tome 3 : Je suis mon ennemi
  • Auteurs : Patrice Buendia, Giuseppe Candida et Spartaco Lombardo
  • Editeur: Zéphyr BD
  • Prix: 14 €
  • Sortie:  août 2013