Machisme, au secours !

Publié le 06 septembre 2013 par Gentlemanw

Bonheur ou simple rituel, les courses je les fais chaque semaine. Un passage par la ferme bio avec des sourires et une marge directe pour les producteurs regroupés ici (et pas pour un actionnaire ou une banque), puis direction le centre commercial pour les autres achats les plus divers, et surtout une plongée dans le monde merveilleux, celui de la vie.


Passage de l'entrée, je vérifie ma liste, et j'ouvre par hasard mes oreilles et je déchiffre.

"T'as vu la nouvelle, les femmes c'est pas fait pour la sécurité. Pour les mecs d'accord..."

"Eh oui t'as raison, elle est toute fine, rien à manger ... rire glauques ... on passe pour quoi ... nous, les vrais vigiles."

Après analyse cela donne, nous sommes deux cons de sexe mâle, coincés dans des costumes mal coupés, avec une oreillette, comme celle du FBI. On a fait un stage pour avoir ce boulot, mais aucune compétence particulière en sport de combat (tiens elle a peut-être fait du judo, la jeune femme fluette...). On est comme deux glands déguisés en pingouins, qui emballont les sacs dans un film plastique et honnêtement, vu notre corpulence de nouilles molles, on ne fait peur à personne. Tout juste aux ados voleurs de CD. Bref on est des nullos au bulbe cérébral atrophié.

Je prolonge ma visite, jus d'orange par pack de 6 en bouteilles de 2L, j'aide une dame trop petite pour des rayons trop hauts, à moins que le jus d'ananas soit réservé aux géants. Pains au lait, brioches, gâteaux, pain de mie, sucre vanillé, farine, céréales, bref les petit déjeûners de mes ados (ceux dont le modèle consiste à grandir vite, à posséder des dents (avec appareil dentaire) en haut, un estomac dévalant leur corps jusqu'aux baskets) et quelques quatre heures, quelques crêpes. Rayon haricots verts, des femmes principalement, faisant leurs courses, choisissant les produits, inventant les plats de la semaine, des hommes aussi, collés au chariot, car leur grand machisme leur donne cette supériorité de ne "juste savoir que le pousser". 

"Tu veux manger quoi ?"

"hummmfff" à traduire comme "je sais pas, je mange, je ronchonne, je sais toujours pas, nourris-moi maman... pardon ma femme...ah si demain il y a foot à la télé, des pâtes peut-être."

"Ok je vous ferai une bonne pasta bolognaise pour votre match de foot."


Heureusement mon regard dépasse le simple son, et ma liste de courses. Elle varie de la jeune femme en tunique et leggings, élégante et confortable, à la quadra en pantalon avec un chemisier ou un top à la mode, suffisamment looké pour être féminine, ou encore à la senior en pleine forme qui moule sa volupté avec une jupe, un brin de dentelle, une coiffure impeccable, des beaux bijoux. Car là encore, le mâle ressemble plus soit à l'éléphant de mer en jogging affalé et boudiné, ou à l'étoile de mer, statique et molle, en short trop grand pour son âge (oui tu n'ai plus un ado à trente ans passés, même si tu aimmmmmmmmes l'OMMMMM) et un tee shirt improbable. Consternant ! Les mêmes qui matent les petits jeunettes en top court et nombril piercé, les shorts très courts sur des talons perchés. Les mêmes qui apprécient une féminité type bimbo, du moins une silhouette sexy, mais malgré une présence féminine élégante, oublient pour eux d'ouvrir les yeux face à leur miroir le matin. Les mêmes qui oublient de voir leurs femmes, de leur dire merci, de les cajoler et de les complimenter.

Regardez les autour de vous la prochaine fois, ne perdez pas trop de temps, mais ces couples avec elle si femme, si mode, et lui si rien, si mou, si peu ragoûtant.



Alors je continue, poisson, quelques fruits en plus, un poulet, du jambon, des yaourts par paquet de seize, du lait par dix litres, du fromage, un chariot plein qui ressemblera au néant à la fin de la semaine. Dévoré par mes estomacs d'ados. 


Je vous ferai grâce du rayon vêtements avec madame qui achete les affaires pour monsieur, toujours collé au chariot, incapable de choisir ces slips, ses chemises ou même un jean, mais encore moins de donner un avis censé quand sa femme lui montre une petite robe. Ce sont pourtant les mêmes qui se prononcent pour une supériorité de l'homme, une position haute et incontestable dans leur relation. Les mêmes qui se gargarisent de critique, de commentaires, de blagues salaces, mais plus encore de transmettre cela à leurs garçons, à leurs filles, pour perpétuer cette inégalité.

Heureusement je souris, j'attends à la caisse, je dépose mes achats, je paye après avoir remercier la caissière, fort bien maquillée, avec des ongles sublimes en violets ultraglossy et french manucure rose pâle. Je pousse mon chariot dans la galerie, vers le parking.

Un jour ce monde changera, roulons !

Nylonement

Une version parodique et féministe,

régalez-vous !