Dans la pièce, Blaise Granget incarne Bobby, un jeune délinquant qui s'est imposé à Antonin Moeri par un biais biographique. Notre auteur avait enseigné à un jeune homme rebelle, soutenu par une mère absolue. Quelques années plus tard, il apprend que cet ancien élève a tué quelqu'un dans une baston. Pour tenter de comprendre le geste, Moeri a créé Bobby,
Bobby se confesse. Il est dans la cellule d'une prison préventive et parle, à lui-même, ou à un interlocuteur fictif, ou au public d'un théâtre, parce que « ça fera passer le temps, on mourra moins vite, on prolongera jusqu’à l’aube ».
Nous sommes ainsi mis au courant de sa trajectoire. En gros : père minable viré par la mère, relation incestueuse du fils avec celle-ci, ascolarisation, petite délinquance, élevage de pitbulls, embrouilles avec une bande rivale, baston finale. Ça semble un peu cliché ? Ça ne l'est pas du tout.
À cause d'abord du langage, du flux verbal qui travaille sur l'oralité, qui recrée un langage imagé, avec des trouvailles, des cocasseries, du rythme.
À cause aussi de l'acteur, remarquable Blaise Granget, d'une animalité et d'une innocence inquiétante, bien dirigé par le metteur en scène Cyril Kaiser. Le jeune comédien qu'on a vu dans un Misanthrope monté à la Fusterie en 2011 ou dans La résistible ascension d’Arturo Ui de Bertolt Brecht, à Vidy, en 2012, compose un personnage candide, énigmatique, complexe, et fait une performance superbe, seul sur scène pendant une heure.
Théâtricul, Rue de Genève 64, 1225 Chêne-Bourg. Arrêt "Peillonnex"
du 3 au 15 septembre 2013 tous les soirs sauf le lundi, du mardi au samedi à 19h, dimanche à 17h
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