C’était il y a quelques jours. Je sortais de chez ma nutritionniste.
Le rendez-vous avait été agréable.
Je prends enfin du temps pour me confectionner de bons petits plats. Je prends plaisir à découvrir de nouveaux goûts. Je mange mieux. Je mange plus physiologiquement que psychologiquement. Et je me sens davantage apaisée avec la nourriture. On a parlé famille et rapport à la nourriture.
Tout n’est pas encore réglé, mais je me sens en bonne voie.
Oui et donc je sortais de son cabinet. Je m’apprêtais à tirer la lourde porte parisienne, quand je me suis souvenue que j’avais arrêté mon téléphone/MP3 juste avant qu’une de mes chansons préférées commence. La veille au soir, j’avais mis ce morceau sur mon appareil : No surprises de Radiohead. L’un de mes souvenirs rattaché à cette chanson (comme beaucoup de trentenaires je crois) vient du film l’Auberge Espagnole. Et puis le clip aussi que je trouve fascinant.
Le casque sur les oreilles, j’avance tranquillement dans la rue et je me sens bercée par la musique. D’un coup, je sens un vrai lâcher-prise. Un vrai de vrai qui me fait sentir toute légère. Cela faisait un bon moment que je n’avais pas senti ça. Longtemps que je restais bien les pieds sur terre à réfléchir à tort et à travers. Alors quand cet instant arrive, Je me laisse emporter.
Je regarde autour de moi, je vois cette jeune femme souriante qui arrive en face de moi, c’est communicatif, je souris à mon tour. Je vois ensuite deux femmes que je pense être des collègues de boulot, elles ont un air très pincé, ça me fait rire. Il y a cette maman qui gazouille avec son petit. Je suis émue et je me dis qu’un jour, moi aussi je serais en train de babiller avec un petit. Mon petit.
J’ai l’impression d’être comme dans un clip, je me dis que ce serait drôle de regarder tout ça doucement, en slow motion par exemple. J’arrive limite à imaginer l’effet. J’avais limite la sensation de planer (eh non, je n’avais rien consommé
).C’est à ce moment là que je me suis demandée si il n’y avait pas un ingrédient en plus dans mes Chocapic du matin, baignés dans le lait de soja.
Et patatra, l’effet est retombé. Je me suis agacée toute seule de ne pas avoir réussi à rester davantage dans une forme de lâcher-prise. J’aurais voulu rester un petit peu plus près des nuages et réfléchir comme ça d’un peu plus haut. Prendre davantage de recul sur ce qui me travaille en ce moment. Non, mais c’est vrai quoi je me suis dit, pourquoi est ce que je ne pourrais pas rester calme et détendue plus longtemps ??? Pourquoi je n’arrive pas à me concentrer dans ces cas là.
Plus tard, je me suis marrée, je me suis dit que c’était pas comme ça que j’allais me détendre. En m’engueulant, en étant irritée par mon comportement. Et que c’était pas vraiment de cette façon que l’on faisait revivre un moment de plénitude.
Alors je me suis dit que c’était comme ça, qu’il fallait laisser filer, ne pas être dans l’attente, tous les jours, tout le temps et qu’un jour ça reviendrait comme ça sans prévenir.
Sans prévenir et ce sera le moment.