Il y a 20 ans, l’Argentine subissait une terrible humiliation…

Ce jour-là, les partenaires de Carlos Valderrama donnaient une véritable fessée aux coéquipiers d’Oscar Rugerri alors qu’un Maradona convalescent assistait, impuissant, à la déroute dans les tribunes. Il s’agissait de la dernière journée des éliminatoires de la coupe du monde pour la zone amsud. Avant la rencontre, l’Argentine possédait un point de retard sur la Colombie et un point d’avance sur le Paraguay, en déplacement au Pérou. Dans le système mis au point à l’époque, le premier du groupe était qualifié directement tandis que le deuxième devait passer par un match de barrage contre l’Australie.

Ni le plus fervent supporter colombien ni le plus pessimiste des supporters argentins ne pouvaient imaginer ce qui allait se passer en cet fin d’après-midi au Monumental. L’équipe d’Argentine allait subir tout simplement la plus grande humiliation de son histoire. Avant le match, la catastrophe était évitée de justesse puisqu’un avion de ligne qui venait de décoller de l’aéroport voisin frôlait le toit du stade. Le pilote, fanatique de la sélection argentine, avait fait exprès de s’approcher du stade pour faire profiter de la vue du monumental à ses passagers !

Pendant que l’Argentine se faisait trépaner par les colombiens, le gardien argentin, Sergio Goycochea, héros du mondial précédent, avoua qu’il ne se préoccupait plus de ce qui se passait sur le terrain : » après le 3ème but encaissé, je ne me suis plus intéressé au match. Je voulais juste connaître le score du Paraguay au Pérou car si les paraguayens gagnaient, nous étions éliminés et on pouvait oublier le repêchage. » Heureusement pour l’Argentine, le Paraguay fut tenu en échec au Pérou (2-2) et l’Argentine joua un match de barrages en novembre 1993 contre l’Australie qu’elle remporta (avec Maradona sur le terrain).

Finalement, cette déroute fut sans conséquence pour la qualifications au Mondial américain mais elle altéra considérablement le moral des argentins qui d’ailleurs, ne brillèrent pas aux Etats-Unis (défaite en 1/8ème contre la Roumanie) et terminèrent l’édition 94 sur un parfum de scandale (Maradona exclu pour dopage). Quant à la Colombie, ce triomphe fut sans lendemain. Considéré soudainement comme les favoris de la coupe du monde 94, ils passèrent totalement à travers et furent éliminés dès le 1er tour. Le retour au pays allait s’avérer dramatique car le capitaine de la sélection, Andres Escobar, et auteur du but contre son camp contre les Etats-Unis, se faisait assassiner à la sortie d’un night-club de Medellin le 2 juillet 1994…
René Lanouille