Voici deux libellules normales, contemporaines, du XXIe siècle. J’insiste sur la date car, il y a 300 millions d’années, ces petites bêtes mesuraient quand même 70 cm d’envergure ! Les feuilles et les brindilles devaient être sacrément solides ! Je pense à cette dimension folle car une libellule est entrée dans mon bureau hier. Tu imagines, la même en 10 à 15 fois plus large ? Mais je m’égare.
Voici donc, disais-je, deux libellules. Madame est à gauche, sur la brindille la plus haute. Monsieur est à droite, il porte un smoking bleu et noir, tandis que sa dulcinée porte une robe en lamé. C’est d’un chic, vous ne trouvez pas ?
Ces deux-là ne se connaissent pas. Ils n’ont ni pris un verre au bar du coin ni même fait connaissance. Mais monsieur pense que la bébête est une madame. Qu’une madame ça porte des œufs qui font des petits. Dans ce genre de situation, il n’y a que la génétique qui parle. Il arrive parfois que monsieur prenne un autre monsieur pour une madame. Ou choisisse une autre espèce de libellule que la sienne. La nature se moque de la morale des bêtes à bondieu.
Je reviens à mon couple de libellules : les hormones tiennent le devant de la scène, sans aucun sentiment. Aucune attention. Aucune délicatesse. Rien d’autre qu’une franche empoignade : monsieur saisit madame par la tête. Non pas une caresse sur la nuque ou un bisou dans le cou, non : il la chope par la tête, franchement et brutalement. C’est ce qu’on appelle la position du "tandem" :
A fréquence régulière, le corps de madame se hisse vers celui de monsieur afin de lui pomper le sperme. L’opération dure une dizaine de minutes, puis monsieur et madame repartent chacun vers de nouvelles aventures.
Photos : Pau, 30 août 2013
à cliquer :
- un pdf consacré aux libellules sur le site de LPO
- l’article "libellule" de l’encyclopédie Larousse en ligne