Dans le grand tour de Délivrance que nous effectuions avec des viviteurs, nous prenions plaisir à nous arrêter devant cette maison sise place Demory. C'était l'occasion de montrer l'ensemble des valeurs qui avaient présidé à la construction de la cité en 1921 par Raoul Dautry : la place éminente du végétal, le cadre architectural soigné, et surtout, parce que c'était l'un des derniers survivants, le portique de l'entrée.
Las ! Aujourd'hui, ce n'est hélas plus possible : les occupants sont partis, la maison devant faire l'objet d'une "réhabilitation". Effectivement, un panneau de travaux a été apposé, les volets ont été remplacés par des panneaux en bois qui masquent les ouvertures en attente de jours meilleurs. Mais était-il obligatoire, au passage, de détruire ou laisser détruire ce portique en ciment des origines, qui avait si vaillamment résisté jusqu'à il y a peu aux injures du temps ? Quand je suis allé voir tout à l'heure, la partie supérieure n'était plus là, le poteau de gauche n'est plus qu'un moignon dénudé, quant au poteau de droite, il traîne lamentablement à terre.
C'est une nouvelle partie de l'âme de la cité qui s'en va, qui plus est une de ses parties les plus emblématiques, car c'est sur elle que venaient se greffer les fleurs de la "cité des roses" Tout cela dans l'indifférence la plus générale, voire avec certanes bénédictions. Quand les bailleurs sociaux réaliseront-ils qu'ils ne font pas simplement de la gestion immobilière, mais que, eu égard au passé historique de la cité, ils gèrent également un patrimoine Quand nos édiles municipaux daigneront-ils ouvrir les yeux sur ce nouveau vandalisme, qui achève de détruire ce que les bombes n'ont pas abattu en 1944 ? A moins qu'ils n'en soient pas capables, ou que cela ne les intéresse pas ? Ce serait une catastrophe.
En attendant, cette nouvelle perte est une honte, un scandale, une ignominie et doit être dénoncée comme telle. Et n'oubliez pas une chose : quand on ne respecte pas le cadre de vie des gens, c'est qu'on ne respecte pas les gens. Alors, à nous d'en tirer les conséquences.