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Oradour sur Glane : Deux Présidents et une commémoration

Par Sergeuleski

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   Quel sens donner à la présence de cet Allemand, Joachim Gauck, Président de son état et de la publicité autour de sa venue ?
Lui rappeler et nous rappeler par la même occasion, ce qu'a été l'Allemagne ?
Mais… s'agissait-il de l'Allemagne ? Et de quelle Allemagne ? Celle du Peuple allemand, celle d'Hitler et celle du nazisme ? Et puis… que reste--t-il de cette Allemagne-là ? Et cet Allemand invité témoigne alors de quoi ? Et qui représente-t-il ?

   Insupportable cette pression de l'Histoire exercée sur les Nations et les Peuples ! Toutes ces commémorations au gyrophare et à gros traits rouges d'exécutions sommaires, de massacres de masse, hommes, femmes, enfants, vieillards... sang à flot et chairs meurtries !
Il semblerait que nos chefs d'Etat aient besoin de la guerre jusqu’à ne plus pouvoir s'en passer, jusqu’à s’y vautrer : les guerres... toutes les guerres ! Celles déjà menées (même et surtout perdues sans gloire ni honneur !) et celles qui nous attendent : déplorer les dernières comme pour mieux préparer les prochaines, la Syrie à nos portes !
La gerbe !

Cette exploitation de la mémoire et de l'Histoire est bel et bien à gerber !


   Vraiment, on ne le rappellera jamais assez : les grandes douleurs, les douleurs authentiques... authentiquement vécues, sont aussi muettes que dignes quand elles le sont… dignes car, sans arrière pensée. Et si elles hurlent, ces douleurs, c'est en silence, dans l'intimité d'un vécu cataclysmique et indicible. Aussi, force est de conclure aujourd’hui que toute autre manifestation de la douleur n'est que le refuge des escrocs, des voyous de la mémoire (et de la politique !) et de pauvres hères égarés dans une société du spectacle « qui n’est qu’un mensonge qui dit toujours la vérité » ;  toujours plus de vérité donc puisque plus elle ment plus elle se persuade du contraire, jusqu’à la dissociation finale.

D’où l’absence de commentaire ici et là, à propos de cette commémoration, celle-là et les autres, car enfin, que faire de toutes ces commémorations orgiaques sans enseignement pour aujourd’hui et demain à la lumière de ceux qui nous les servent à grand renfort de discours que vient contredire chacun de leurs engagements et de leurs actes, et ce à la première occasion qui leur est pourtant donnée de les assumer ; discours qui, finalement, n’engagent que ceux qui les entendent et s’en émeuvent jusqu’aux larmes… de crocodiles hémiplégiques (à leur insu, bien évidemment !) qui ont décidément une très mauvaise mémoire de l’avenir tellement l’horreur d’une Histoire maintenant passée nous aide à oublier celle qui s’écrit là maintenant sous nos yeux dans toute son horreur. 

Il est vrai que moins on fait de politique plus on fait de l’Histoire, tout comme…plus on recule plus on aboie…pour ne rien dire de ceux qui peuvent aussi avoir parfois, la science, l’intelligence, la voracité et la cruauté des bourreaux  dont ils commémorent les crimes.

Si plus rien n’est digne, si tout est sali, et si tout offense c’est que toutes les caméras ont re-couvert le champ d’une réalité mise en scène et orchestrée par des maîtres de cérémonies moralement oisifs et indignes qui se regardent ne rien faire excepté ce qui aura été au préalable évalué, sinon calculé, au plus près d’une probabilité de réussite à la hauteur des risques encourus : autant dire... néant de ce côté-là. Et quand ils décident de faire, c’est masqué qu’ils avancent, et leurs arrières pensées et autres motivations inavouables à tous font que, très vite, plus rien n'a de sens, plus rien n’est vrai car, tout est, là encore, sali et à gerber.

La gerbe ! Encore et toujours la gerbe !

   Peu nombreux sont ceux qui savent se montrer à la hauteur de leur martyre car… tout martyre oblige à la plus haute exemplarité morale... jusqu’à la sainteté. Et pour cette raison, toute commémoration aujourd’hui pèse une tonne et s’affaisse sous le poids de la gêne occasionnée par son mensonge, toujours le mensonge ! un mensonge drapé dans une vérité et une authenticité qui n’ont pour seule durée de vie… celle de leur représentation car, aujourd’hui, toute commémoration, et a fortiori… sous un patronage étatique, a comme un goût amer tellement la vacuité de son évocation est flagrante et hurle à l’imposture : l’absence d’un engagement moral authentique et musclé suivi d’effet.

   Décidément, le crachat reste sans doute aujourd’hui le plus grand hommage que l’on puisse rendre à nos commémorateurs patentés, chefs d’Etat et autres présidents d’associations d’autant plus complaisants avec eux-mêmes qu’ils sont sans pitié pour leurs détracteurs, forts du prestige d’un martyre dégoulinant qui ne nous enseigne rien.

Paradoxalement, dans cette commémoration d’Oradour sur Glane, il semblerait que seuls ce Président allemand et les victimes, corps de femmes et d’enfants six pieds sous terre et sous les balles qui les ont terrassés et le feu qui les a ravagés, soient encore capables de nous inciter à quitter nos rangs pour emprunter l’allée centrale sous la nef de notre humanité en nous avant une communion pleine et entière avec ce qui leur aura été fatal : une folie meurtrière qui résume à elle seule, et par-delà et au-delà des cinquante millions de morts, ce que sont toutes les guerres (1) : un refuge pour gangsters, truands et autres assassins sans foi ni loi.

Communion donc ! Mais sans l’appui ni l’intermédiaire d’une caméra et loin d’un autre Président dont l’odeur crève l’écran. Un Président de plus. Certes ! Il ne sera pas le dernier d’une longue lignée à venir de fauves en peluche qui se croient flamme alors qu’ils ne sont que suif comme une tache, une salissure aussi noire qu’inutile : à déplorer, toujours ! Pantins d’un pouvoir qui ne leur appartiendra jamais car ils n’en auront jamais la force morale faute d’en comprendre la nécessité : il est vrai… quand on peut réussir lâche et veule, même et surtout dans l’échec, pourquoi tenter de se hisser jusqu’à une réussite dont nous sommes de moins en moins nombreux à pouvoir dessiner les contours et rêver le projet, résignés que nous sommes : le pire des maux cette résignation ! Elle laisse présager le pire et la ruine… tel un champ de ruines. Et c’est sans doute là, le seul enseignement de cette commémoration.

   Mais alors, que tous les corps d'Oradour sur Glane, femmes et enfants tombés un dix juin de l'année 1944. se dressent et hurlent leur colère et chassent cette meute politico-médiatique qui offense leur mémoire, toutes les mémoires et la nôtre aussi : celle que nous nous étions forgés pour l'avenir !

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1 - On ne compte plus dans les récits des anciens combattants américains du Vietnam les "Oradour sur Glane" - se reporter à l'ouvrage : "Une histoire populaire des Etats-Unis" de Howard Zinn


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