Quand un grand commis de lÉtat prend les rennes d'une administration de service public et que ce grand commis ne pratique pas la langue de bois, bien au contraire, 8 mois seulement aprčs avoir été nommé ŕ la tęte de ce service public, on est assuré de passer un bon moment et męme un trčs bon moment. Augustin Romanet ancien patron de la Caisse des Dépôts est devenu le PDG d'Aéroports de Paris. Il était linvité de l'AJPAE, association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de lespace.
Et voilŕ comment il nous a réveillés en cette belle matinée ensoleillée de début septembre ŕ Paris : Ť Aéroports de Paris est une administration bien trop lente aux réactions que nécessite la gestion de plate-formes aériennes, le fonctionnement est antédiluvien voire archaďque. Les directions ne se parlent pas entre elles. L'avancement se fait ŕ l'ancienneté ce qui provoque une certaine désespérance chez bon nombre de personnels qui ne sont ni reconnus, ni valorisés, ni promus ť. Quel bilan catastrophique ! Et le nouveau PDG d'annoncer les premičres décisions pour changer la donne : d'abord le déménagement du sičge qui va quitter son adresse historique du boulevard Raspail pour Roissy. Un nouvel immeuble imaginé par les architectes de la maison dont Jean Michel Wilmotte sera opérationnel d'ici 2 ans. Augustin Romanet espčre bien qu'ŕ ce moment-lŕ le projet du Roissy-express sera sur les rails, il va en tout cas pousser le dossier pour faire que les aéroports de Paris ne soient pas les seuls ŕ ne pas ętre desservis par une ligne ferroviaire dédiée.
L'ancien président de la Caisse des Dépôts se veut totalement offensif et déclare : Ť Je veux que les gens se remettent ŕ préférer l'avion. ť certainement un casus belli contre la SNCF. Un avion facile ŕ prendre Ť A chaque fois que je passe un filtre j'ai l'impression de passer devant un tribunal et je ne sais pas si le juge sera sympa ou pas. Quand il ne l'est pas, il faut enlever ses chaussures, sa ceinture, sa montre, ce n'est pas normal.
On va unifier les procédures pour empęcher l'arbitraire ť. Et paf c'est dit !
Autre point qui fâche : le temps d'attente pour récupérer les bagages. Ť C'est vrai que nous sommes mauvais, confesse le P.D.G . Il faut 53 minutes d'attente avant de récupérer son bagage quand on arrive ŕ Paris sur l'A380 d'Etihad. A Singapour, tous les bagages sont livrés en 8 minutes. Nous allons donc investir dans des machines męme coűteuses afin d'améliorer nos performances ť Et repaf. c'est encore dit !
Pour le reste, le nouvel ADP ne demande pas de privatisation. Il verrait bien les grands aéroports français comme Toulouse, Nice ou Lyon, le consulter pour le savoir-faire d'ADP quand ceux-ci ouvriront leur capital . Il s'entend trčs bien avec Alexandre de Juniac, le nouveau PDG d'Air France KLM. C'est heureux quand on sait la guerre que se livraient autrefois les 2 compagnies.
Augustin Romanet prononce sans rougir les mots honteux de business, de profits. Il fait partie de ces quelques grands commis de l'Etat qui, passés au privé, se révčlent comme d'excellents patrons. Pierre Graff était de cette trempe-lŕ, Jean-Cyril Spinetta également. Alors souhaitons bonne chance au P.D.G d'ADP qui devra faire montre de beaucoup de pédagogie notamment auprčs de son personnel. N'allez pas trop vite, Monsieur Romanet. Méfiez-vous des archaďsmes que vous avez évoqués ! Gérard Jouany/AeroMorning