Un petit article de Radio D’ici tourne au feuilleton
Hautes-Alpes - La Radio d’ici, en publiant le 2 septembre un simple billet sur le loup ne s’attendait pas à des réactions aussi vives.
Interrogé, Jacques Chevallier, le président de la fédération départementale de chasse déclarait lui qu’il « n’était pas dans le secret des dieux » et qu’il ne savait pas « s’il y avait eu empoisonnement ou prélèvement par d’autres méthodes », tout en affirmant son opposition à d’éventuelles pratiques semblables. L’hypothèse en restait une, mais soulevait de vives réactions du côté des éleveurs et du CPNT, toujours plus radical que les chasseurs.
L'Association FERUS a interrogé M. Pierre BESNARD, le préfet des Hautes-Alpes sur l'autopsie d'une dépouille de loup qui a été trouvée le 27 avril 2013 sur la commune de Montmaur. Selon l'association de dépense des prédateurs "l’autopsie aurait relevé un impact de balle au niveau de l’omoplate." La préfecture aurait apporté un démenti selon le Dauphiné.
Dès le lendemain, l’association Eleveurs et Montagnes décide « de porter plainte pour diffamation », ce qui risque de s'avérer compliqué, et « saisi le CSA contre DICI Radio ». Pour E&M, « les propos ont été utilisés par le journaliste pour écrire que "des loups (beaucoup) ont été empoisonnés dans les Hautes-Alpes par les éleveurs, exaspérés par les attaques"».
Dans un virulent communiqué, le parti CPNT, quant à lui, « déplore le comportement malheureux de certains journalistes et organes de presse » et parle de « fausses rumeurs gravement attentatoires à la profession agricole» qui « servent la cause des écologistes pro-loups et de leurs hallucinants délires ». Frédéric Nihous profitant de l’occasion pour y glisser ses critiques habituelles contre les « groupuscules ultra-écolos », parlant de « basses manœuvres » et des « lluminés de l’écologie adorateurs de loups », amen.
Le lendemain, D’ici Radio confirmait : « Il va de soi que si nous l'avons évoqué c'est bien parce que des sources fiables nous l'ont indiqué même si nous avons été très précis sur le fait que l'on ne connaissait pas la quantité de loups concernés. D!CI Radio maintient ses affirmations ou plus précisément ce questionnement qui est bien d'actualité ».
Aujourd’hui, la Radio minimise un peu en parlant d’empoisonnements qui expliqueraient « en partie peut-être, la diminution des attaques constatées ». La Radio des Hautes-Alpes semble hésitante: elle a d’abord écrit « les éleveurs se sont émus de cette question car selon les syndicats et associations, ces derniers ne sont pas des criminels », avec un "selon" maladroit qui semble en remettre une couche, avant de corriger en un « les éleveurs (syndicats et associations) se sont émus de cette question en rappelant qu'"ils n'étaient pas des criminels", plus politiquement correct.
Cela me fait indéniablement penser au journalisme "à la pyrénéenne", territoire où l'on est habitué aux hypothèses, aux allusions non vérifiées, à l'emploi du conditionnel, à l'absence de sources, à la stigmatisation des uns, et la victimisation des autres, aux conclusions « provisoires », aux « énigmes posées », au journaliste qui ne dit rien tout en écrivant qu'il a beaucoup à dire et qu'il le dira plus tard et que ce sera LE scoop...
La radio des Hautes-Alpes interroge alors Pierre-Yves Motte, le président de la Chambre d'Agriculture des Hautes-Alpes qui « renseignements pris » déclare « qu’il n'y a aucun constat de loup empoisonné » avant de rajouter que, selon lui « les éleveurs, bien loin de ces méthodes, sont simplement récompensés de leur travail de défense et de protection des troupeaux. Seule explication de la diminution du nombre d'attaque alors même que le nombre de loups dans le département a augmenté ».
Ecouter l'interview de Pierre-Yves Motte
- Un président de fédération de chasse "très opposé à des méthodes pareilles" (braconnage, empoisonnement),
- une radio qui confirme les empoisonnements et parle de "sources fiables",
- et un président de chambre d’agriculture qui confirme que quand les éleveurs adoptent des moyens de protection efficaces, le nombre d’attaques baisse de moins 40%,