Pour Durkheim, la religion est ce qui relie les hommes entre eux en les reliant à ce qui les dépasse.
Or, ce qui me dépasse, c'est... presque tout, en vérité. Mais c'est aussi la source de tout :
Tout est engendré par l'union du dieu et de la déesse.
La déesse est l'âme de dieu.
Leur union est la fusion sans faille et sans confusion de toutes choses : kaula, en sanskrit, non-dualité du tout (kula) et de ce qui transcende le tout (akula). Non-dualité du corps (kula) et de la conscience (akula). Harmonie de toutes les facettes de l'existence en l'espace de la conscience, limpide, évident, toujours déjà présent, infus en toute sensation, en toute expérience.
Un hymne à cette non-dualité (déjà présenté ici) :
Je célèbre le Kaula, qui est adoré par la Famille (kula) :Sans taches, lumineux,Pur, sans bavardage, omniprésent,Affranchi des (extrêmes) de l'être et du non-être. 1Je célèbre le Kaula, qui est toujours présent,Sans nature propre (niḥsvabhāva) ni maître,Affranchi du (dilemme entre) ce qui est juste et ce qui ne l'est pas,Sans lien ni délivrance. 2Je célèbre le Kaula transcendant et immanent,Non dualité qui imprègne tout, permanente,Qui n'a ni commencement, ni milieu, ni fin, Nature de pure conscience. 3Je célèbre le Kaula subtil et sans point de référence,Parfaite pureté libre de limites comme de l'absence de limites,Sans émanation ni résorption. 4Je célèbre le Kaula à la fois multiple et au delà de (tout) dénombrement,Ininterrompu, libre des sensations tactiles et des sons,Sans rien à adopter ni à rejeter, 5 Libre à la fois du "il y a" et du "il n'y a pas",Grande totalité sans nom,Libéré des (contraintes) de la récitation (de mantras) et du culte,Sans visualisation ni concentration. 6Je célèbre le Kaula sans violence,Délivré du (besoin) d'énoncer le mantra,Délivré du (dieu) en neuf parties,Subtil, qui fait éclore le sujet et l'objet. 7Je célèbre le Kaula insondableDélivré de la (nécessité) de se concentrer sur les roues (du corps subtil),Qui n'est pas un agent,Mais qui transmet (le Commandement) et finit par éveiller à ce qui dépasse (tout) progrès. 8Là où il n'y a plus (de différence entre) initié et initiateur,Voilà ce qu'on appelle le Grand Kaula. 9
Mallikarjun Mansur chante à 81 ans, après une opération des reins. Quel souffle !
Extrait d'un film turque rigolo qui était passé sur Arte. Un shaykh confie les finances de la confrérie à un homme dont la vie va s'en trouver bouleversée. Dans cette scène, on voit un zikr comme j'ai pu en voir partout, depuis l'Inde jusqu'à Montreuil. Beau et très impressionnant, au reste sans doute plus que dans ces images. Mais où sont les femmes ? Derrière un paravent, séparées, discriminées, stigmatisées. Il y a unité (les hommes en cercle autour du shaykh), mais une unité exclusive du féminin, de la déesse. C'est le cas dans la plupart des religions, et singulièrement dans l'islam :