1- Hermaphrodisme et gastronomie : vous ne mangerez plus la St Jacques comme avant… Comme beaucoup de ses collègues mollusques la coquille st Jacques du genre Pecten pratique l’hermaphrodisme. Pour être complètement explicite, il s’agit d’un hermaphrodisme synchrone c'est-à-dire que l’animal produit au même moment les deux types de gamètes : males et femelles (spermatozoïdes et ovules). Lorsque l’on achète une st-jacques (pour les flamber dans un alcool délicieux par exemple), on observe deux parties : le muscle adducteur de la coquille, sorte de colonne blanche bien ronde au gout fin, et le « corail » parfois retiré car un peu moins gouteux. Ce « corail » n’est autre que la gonade de notre St Jacques qui produit donc les deux types de gamètes. On peut d’ailleurs facilement différencier deux régions dans cet « ovotestis » l’une blanche qui produit les spermatozoïdes, et l’autre orangée qui produit les ovules… Bon ap’ !
3- Cupidon est un escargot. Si la vie sédentaire et le faible développement du système nerveux ne favorise pas l’évolution de comportement précopulatoires chez les bivalves de nos deux premiers exemples, le cas est bien différents pour les mollusques plus actifs. Les amateurs de documentaire animaliers (notamment microscomos) ont sans doute déjà vu les « big bisous bien baveux » d’un couple de « Bourgognes » tendrement enlacés par leur sole pédieuse. Au cours de ce rituel précopulatoire les partenaires se stimulent en vue d’un échange de spermatozoïdes, ils sont alors tous les deux mâles. Juste avant cet échange ils tentent de se perforer mutuellement à l’aide stylet ou dard calcaire enduit d’un mucus favorisant la survie des spermatozoïdes dans le corps du partenaire. (Vous pouvez en lire plus dans ce billet dédié sur SSAFT). A la suite de cette joute torride, chaque bête à corne s’en va reprendre sa route et accessoirement changer de sexe. Une fois les ovules formés ils sont fécondés par les spermatozoïdes récupérés au cours de l’accouplement, les œufs alors formés seront ensuite enfouis dans le sol.
celui de droite présente un dard planté dans son flanc gauche]
4- Quand les limaces s’emmêlent Parmi les gastéropodes terrestres certaines limaces présentent également des mœurs susceptibles de choquer les plus jeunes. C’est le cas des limaces léopard, qui sont hermaphrodites elles-aussi. Une fois de plus tout commence par une parade interminable de léchages, poursuites baveuses, et autres enroulements. Lorsqu’elles sont prêtes les deux limaces qui sont mâles à ce stade, vont grimper sur un point haut (typiquement un arbre) s’emmêler, et produire un fil de mucus qui leur permet de se suspendre sans risques. C’est là que ces messieurs vont sortir leurs énormes outils… Leurs deux pénis blancs et translucides s’entremêlent et échangent des spermatozoïdes qui seront stockés jusqu’au changement de sexe.
[Les plus curieux d'entre vous apprécierons cette vidéo "hot",
à ne pas montrer aux limaces les plus jeunes !]
5- Ver parasite, ou tentacule d’amour ? Chez les céphalopodes les sexes sont biens séparés (gonochorisme), les individus sont soit mâles soit femelles et le restent toute leur vie. Leur système nerveux bien plus complexe que chez les bivalves leur permet de se livrer à de véritables parades "amoureuses". Chaque mâle tente de s’accaparer une femelle n’hésitant pas à chasser leurs rivaux avec agressivité pour ensuite se saisir de la femelle, n'hésitant pas à l’étouffer à l’aide de tentacules, et à échanger des coups de bec, tout ceci en exhibant un panel de couleurs variables à la surface de leur peau... A la suite de ces préliminaires, le male transfert un spermatophore, c'est-à-dire une sorte de petit paquet qui contient les spermatozoïdes. Pour cela il utilise un bras modifié : le « bras hectocotyle » qui va attraper son spermatophore et le déposer à proximité des voies génitales femelles.
Conclusion. Après ce tour d'horizon terminons sur un dernier fait étonnant concernant la reproduction des mollusques: ces derniers ne pratiquent jamais la reproduction asexuée. Une sorte "d'abstinence évolutive*" remarquable qui compense la débauche de moyens mis en œuvre pour se reproduire à tout prix le reste du temps.
* Attention, l'évolution n'as ni sens, ni volonté propre, ni conscience morale... A vrai dire "l’évolution" ne devrait jamais être le sujet d'une phrase. L'expression utilisée est donc une métaphore glissante !
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