Festival fraîchement crée cette année, le ArcTanGent Festival se situe dans la Fernhill Farm, à 30mn de Bristol (Ouest de l'Angleterre, à 2h45 de Londres).
Ce festival a été crée par l'un des fondateurs du festival anglais 2000 Trees, qui se déroule tous les ans mi-juillet dans le Gloucestershire et qui invite exclusivement des groupes d'une scène que je suis particulièrement, la scène alternative anglaise.
Les principaux groupes de cette scène sont ceux de la scène folk émergente (Stornoway, Stealing Sheep...) ou encore les groupes des labels indépendants Big Scary Monsters, Blood and Biscuits ou Alcopop!.
En créant ArcTanGent, comme son nom l'indique, les fondateurs ont voulu faire un festival unique basé sur le math-rock, le post-rock et l’expérimental et ne pas faire de barrages aux groupes étrangers comme au 2000 Trees.
Cette année, il n'y avait pas non plus la masse de groupes étrangers, on notera par exemple la présence des excellents japonais Bo Ningen, qui tournait à ce moment là.
TTNG Photo by Will Richards
Le festival est à taille humaine, 3.000 de capacité maximum, 4 petites scènes et surtout un camping libre, c'est à dire que tu peux poser ta tente à côté de la Main Stage, à tes risques et périls !
Du coté de la programmation, c'était la crème de la scène math-rock et post-rock UK, même dans mes rêves, je n'aurai pas osé un tel lineup.
Le festival veut aussi faire la part aux découvertes avec un paquet de groupes basés à Bristol, également ville de provenance de Fuck Buttons.
Il n'y a pas uniquement du math rock, le festival a invité des groupes qui commencent à se créer un nom (Turbowolf, Public Service Broadcasting) et a donné carte blanche au Damnation Festival sur une scène le vendredi, pour un lineup de gros son en tout genre.
Voilà donc, ayant beaucoup de groupes que j'ai toujours voulu voir et étant donné que je suis un fan absolu de math rock et dans une moindre mesure, de post-rock, l'ArcTanGent était l'endroit idéal où finir mon été.
J'ai du en revanche renoncer encore une fois au End of the Road, mon autre coup de cœur anglais.
Day 1
Juste le temps de monter ma tente, je file direct sur l'Arc Stage, la scène principale, qui possède une scène originale qui est utilisée nulle part ailleurs.
L'ArcTanGent étant un petit festival, c'est la bonne occasion de découvrir des groupes que je ne connaissais pas. C'était le cas en début d'après-midi sur la Yohkai (curated by Damnation Festival) avec Humanfly, un groupe de sludge instrumental, c'était très lourd et puissant, mes oreilles s'en souviennent encore.
Thought Forms m'a moins convaincu, très ambient et je n'ai pas su rentrer dans leur set. Ils sont également programmé au ATP End of an Era part 2 en novembre prochain.
Le math-rock commence réellement avec You Slut! sur la Bixler stage (oui, en hommage à Cedric Bixler-Zavala, chanteur d'At The Drive-In). J'ai découvert le groupe en faisant une méga-compilation de math-rock sur Spotify fin 2012 sur un coup de tête, et je ne m'attendais pas un jour à voir une bonne partie de ces groupes en vrai (LE DESTIN!).
You Slut!, c'était la grosse claque de cette première journée, un math-rock sans synthés, dense et énergique comme je l'aime.
Suivait sur la même scène That Fucking Tank, autre groupe de math-rock. J'ai été assez déçu par le duo qui sonnait plus à un jam band... le guitariste était assez technique mais il n'y avait pas assez de tapping et d'audace à mon goût.
Retour au post-rock sur l'Arc Stage avec Yndi Halda, beau groupe pour faire la sieste dans l'herbe et qui possède un violoniste. Malheureusement, il n'y a pas eu beaucoup de morceaux étant donné la durée générale de leurs titres (+-15mn !)
Maybeshewill a rejoué un set différent le vendredi, ils avaient effectué un fan voted set la veille pour les Early Entries. J'adore Maybeshewill, leur post-rock sonne toujours à la perfection en live, une puissance maitrisée ainsi qu'un clavier qui crée toujours une ambiance de film catastrophe.
Rolo Tomassi © Sarah Louise Bennett / Fake DIY
Rolo Tomassi est un groupe que j'ai toujours voulu voir. C'est un groupe qui a un certain succès outre-Manche et qui se fait assez rare en France. Ayant loupé leur concert au Batofar début août en compagnie d'Horse The Band (grosse soirée!), c'était la bonne occasion de me rattraper.
Rolo, c'est avant tout un groupe de grindcore/mathcore avec une toute petite chanteuse dont on ne se méfie pas (Eva Spence) et qui hurle comme personne ne sait faire.
Musicalement, j'ai jamais trop accroché à Rolo mais le concert était très fun et le groupe était content de jouer au festival.
Le bassiste a un calme incroyable, il est imperturbable et possède une très bonne technique. J'apprendrai par la suite qu'il est également le bassiste de Brontide, qui jouera plus tard et donc, tout s'explique!.
Brontide est donc un trio math-rock conventionnel que j'apprécie beaucoup, ils ont un nouvel album sous le coude et il sera prometteur.
Les superstars gallois de Future Of The Left étaient venus jouer devant leurs nombreux fans. Tout le monde connaisait toutes les paroles et c'était assez perturbant.
La setlist était variée incluant des nouveaux morceaux ainsi que des covers de mclusky ("To Hell With Good Intentions" ou "Lightsaber Cocksucking Blues" !)
J'ai trouvé cependant le début du set un peu ennuyeux, j'ai commencé à vraiment apprécier lorsque Falco (le chanteur des défunts mclusky donc) a commencé à se lâcher sur scène.
Il nous confiera que c'est la première fois qu'il a vu un tel public faire du singalong sur les samples de Maybeshewill!
Place maintenant à l'une des plus belles découvertes de 2013, les londoniens de Public Service Broadcasting et leur album concept. L'excellent album est vraiment inclassable avec pas mal d'électronique, de guitares (électrique et du banjo même), accompagné par des voix d'émissions rétro.
La scène était assez marrante, des écrans télé vintage diffusaient des images d'archives tandis que l'un des membres, looké comme un présentateur vintage, jonglait entre la guitare et les samples. Il a même été jusqu’à sampler les remerciements "Thank you very much... ArcTanGent Festival!".
Le public du festival a été très motivé pendant ces 2 jours, il y eu du slam sur quasi l'intégralité des sets que j'ai vu, et même pendant Public Service Broadcasting, à la grande joie des membres du groupe!
Les héros du post-rock anglais 65daysofstatic ont eu l'honneur de clôturer cette première journée de festival sur l'Arc Stage. 65, c'est un post-rock unique, ayant beaucoup de sonorités électro parfois idm, limite breakcore.
Le set était puissant, le lightshow était électrique et de nombreux fans étaient hystériques pendant les vielles chansons. Ils ont un nouvel album, Wild Light, prévu ce mois.
Day 2
Ma journée commence réellement avec du très bon math-rock : Delta Sleep, qui est peut-être pour moi le meilleur groupe que le festival m'a fait découvrir.
Avec leur nouvel EP Management sorti chez Big Scary Monsters, Delta Sleep prouve qu'ils sont la relève du math-rock UK, après la déception du LP de Tall Ships.
Leur son est clean, mélodique et technique, un peu comme Toe (le groupe incontesté de math-rock japonais par excellence).
Ayant ouvert pour Braid en Angleterre, Delta Sleep est un groupe à suivre absolument !
L'excellent math-rock continue sur la Yohkai avec Axes, un autre groupe Big Scary Monsters. Leur math-rock est aussi excellent, bien que totalement différent. Axes est totalement instrumental et leurs morceaux sont soniques et assez déstructurés.
C'était peut-être le groupe le plus joyeux du weekend, les membres sautillaient de joie sans arrêt et le public était également euphorique, surtout avec le mec bourré qui agitait les bras pendant tout le concert : sur le dernier morceau, les premiers rangs l'ont rejoint pour une séquence de "danse des bras" mémorable.
Axes - Photo by Will Richards
The Pirate Ship Quintet était excellent mais également trop court : 30 minutes de set pour un groupe de post-rock, ça veut dire 3 chansons. Ils ont la particularité d'avoir également un vrai violoncelliste.
Autre découverte par le festival : Cleft, un duo math-rock instrumental de Manchester qui monte, grâce à leur excellent EP Whale Bone.
Pour varier les plaisirs, il y avait Vessels sur l'Arc Stage, un groupe principalement electro-rock similaire à Errors et moins puissant que Fuck Buttons. Ils ont pas mal de bons morceaux, surtout le dernier, "Runting Grumbar" qui m'a totalement fait planer. Ils sortiront bientôt un EP où figurera cette chanson.
This Town Needs Guns, récemment renommé TTNG pour des raisons évidentes, était l'un des concerts que j'attendais le plus. Le dernier concert à Paris était une blague (désolé les gars/l'orga) et je voulais vraiment les revoir (et pas la tête du mec devant moi).
Avec un nouveau chanteur et nouvel album fraichement sorti cette année, TTNG a perdu selon moi, un peu de son identité. Ce n'est plus le groupe de math-rock emo que tu vas aller écouter dans ton lit en pleurant mais un groupe de math-rock lambda.
Attention, le groupe reste néanmoins excellent, surtout son guitariste Tim Collis qui a un sens de l'harmonie que personne ne possède sur la scène math-rock.
J'ai pas mal aimé la setlist : les nouveaux comme "Left Aligned" et surtout le final sur "If I Sit Still, Maybe I'll Get Out of Here" où le public a chanté le refrain avec toute sa bonne volonté, un moment magique qui m'a presque mis la larme à l'oeil.
Yesteryear still rings my ear.
Like buttons and pins this mess we’re in
dissolves in time.
Autre mastodonte de la scène math-rock UK, Three Trapped Tigers, qui est un groupe que j'ai toujours voulu voir à Paris. Ils passent en première partie de Deftones prochainement, sur demande de Carpenter himself, oui oui oui!.
Même si le set était complexe et noisy, je dois avouer que j'aime de moins en moins le math-rock avec du synthé trop expérimental. Le batteur m'a bien bluffé en revanche, il donnait l'impression de mener le groupe vers l'avant.
Ayant rencontré quelques français, j'ai été conseillé de voir Nordic Giants, groupe que je ne connais pas du tout. C'est un duo anglais de post-rock avec un univers particulier : le duo possède des déguisements étranges, le batteur joue aussi de la guitare avec un archet pour un son atmosphérique tandis que l'autre derrière son Mac doit gérer les samples, joue parfois de la trompette et lance les visuels.
Les visuels font partie intégrante du show de Nordic Giants, je trouve que leur musique se marrie très bien avec les mini films dramatiques qui ont été diffusés sur un grand écran posé sur la scène.
Une bien belle découverte et un autre groupe que je suivrai donc...
Le groupe qui représente le plus la programmation du festival est And So I Watch You From Afar (que l'on va simplifier ASIWYFA hein). Quasi tout le festival avait répondu présent au set des irlandais de Belfast, qui a joué son dernier concert estival ici.
Le dernier album, All Hail Bright Future, est plus math-rock que post-rock. Beaucoup n'aiment pas la tournure qu'à pris le groupe mais je trouve qu'il possède de très bons morceaux comme l'excellent "Big Thinks Do Remarkable" ou "Mend and Make Safe".
Le concert était fou du début à la fin, le public était chaud bouillant, pogos dans tous les sens, la sécurité (toujours avec de grands sourires) ne savait pas où donner de la tête tellement il y avait de slammers. Le batteur s'est même permis un stage dive pendant qu'une fille le remplaçait pendant "S is for Salamander".
Le set était très dansant, parfois décoiffant quand on arrivait aux morceaux du premier album.
L'un des guitaristes nous dira que nous étions le meilleur public de cet été, avec notamment tout ces singalongs sur une musique instrumentale, une expérience à vivre une fois!
Le set de 50 minutes était bien trop court, je mise sur un retour en headliner pour l'ArcTanGent 2014.
Turbowolf avait un son trop horrible pour pouvoir vraiment apprécier le set, c'était vraiment une bouillie sonore. Le public était aussi très déchainé pour le dernier concert du groupe avant longtemps, ils doivent enregistrer leur second album que j'attends avec impatience.
Pour finir en beauté ces 2 jours de festival, le duo de Bristol Fuck Buttons ont totalement écrasé le public sous un mur du son, le tout en analogique et sans produits Apple.
Le nouvel album, Slow Focus, a reçu des critiques favorables et "Brainfreeze" "Sentients" ou "The Red Wing" se défendent bien en live.
J'aime particulièrement les grosses nappes qui se rajoutent au fur et à mesure sur "Surf Solar" et "Olympians", qui dégagent une telle violence sonore.
Tout le monde ressort légèrement étourdi du show, certains ont la force d'aller danser et chanter au Silent Disco (DJ set des groupes, avec des casques sans-fils de locations), tandis que d'autres vont se coucher.
On entendra d'ailleurs chanter très fort vers 3 a.m.. j'y serai allé si j'avais pas eu aussi froid et enchainé 11 heures de math-rock pendant 2 jours.
Pour finir, mon avis global sur le festival :
- Évidemment excellente programmation, avec un public extrêmement motivé qui connait tous les groupes et qui bouge dans la bonne humeur.
- les stands de bouffe sont excellents (les wraps BBQ, les tourtes Pieminister, le burger de la Fernhill Farm, les pizzas handmade, le vrai café... ça change des frites belges)
- Festival à taille humaine, on peut camper où on veut, il y a de la place partout et les tentes sont petites (voir trop pour la Bixler). On peut même ramener sa canette de bière et la siroter devant les groupes sans aucun soucis.
- Propreté absolue, sanitaires irréprochable, j'ai pas vu un déchet par terre de tout le festival.
- Sympa de croiser quelques français qui partagent la même passion pour le math-rock/post-rock, et qui ont fait le déplacement de toute la France (Bordeaux, Lyon, Avignon, St-Malo...)
- La Silent Disco est un concept fun, avec des DJs de Rolo Tomassi, TTNG, Tall Ships ou Maybeshewill. Ça a chanté sur du Colour, Meet Me In St. Louis ou encore Cap'n'Jazz tard dans la nuit...j'aimerai vraiment le faire l'an prochain, en ramenant quelques pulls supplémentaires car c'était plus possible la nuit (0° ?)
A refaire si la programmation suit, j'espère juste que le festival sera reconduit car il n'était hélas pas complet...