J'invite celles et ceux qui passent par là à laisser leur témoignage sur leur mai 1968 à eux. Qu'ici se narre un mai 68 de souvenirs particuliers. C'est souvent ainsi qu'on construit une mémoire commune. Merci d'avance pour le bonheur que vous nous ferez en partageant ces tranches de vie.
J'avais 17 ans, à l'époque. Je travaillais aux cristalleries. Ils avaient mis une grosse boite au milieu de l'atelier. Un des patrons est venu lire un truc. Et on est reparti travailler. Tu sais comment c'est, à 17 ans, on est un peu nunuche, on dit trop rien. Mai, pour moi, ça été ça, c'est tout. Par contre, je me rappelle qu'ailleurs, c'était le bazar. Les transports étaient bloqués, y'avait pas les voitures comme maintenant. Ma nièce, elle, elle pleurait tout le temps. Son mari était garde mobile.
La nounou de mes gamins a lu cet après-midi Télérama et ce qui est écrit sur mai 68. Un plongeon qui lui a donné envie de me raconter cela. Et d'autres trucs de l'époque, bien sûr. Inimaginables aujourd'hui et pourtant…Les femmes n'avaient pas le droit d'avoir de compte en banque. Ou d'emprunter de l'argent. Les paies étaient versées en argent liquide.
C'est fou comme ça m'a semblé vieillot, de lire ce journal. Comme si avec des yeux en couleur on pouvait lire du noir et blanc. Comme si l'habitude de l'histoire faisait qu'on avait soi même peine à se dire que ces pages-là, elle y était.
Les yeux ailleurs, elle a mesuré comme c'était loin, déjà, tout cela, et proche, toujours. En elle. Tout est allé vite, si vite. Tellement de choses ont changé.
J'ai aimé ses mots simples et ses yeux partis je ne sais où. C'était son mai 68.
Photo dénichée ici.