Devezh mat, Metz, mont a ra ? Et ben ! Pour une rentrée agitée, c’est une rentrée agitée ! On rentre à peine de vacances qu’il faut déjà se replonger dans le bain saumâtre de la vaine agitation des bipèdes dont la supériorité sur les animaux se résume à leur capacité à oublier qu’ils n’ont qu’une vie, ce qui explique qu’ils s’échauffent à ce point pour des questions que tout le monde aura oublié vingt ans après, autant dire au terme d’une durée absolument dérisoire à l’échelle de l’Univers…
La rentrée des classes devrait être simplement un marronnier pour journalistes fatigués, les nouveaux rythmes scolaires et les discours pompeux de l’ami Peillon sur la « refondation de l’école » ont fait de ce non-événement le prétexte à une polémique (qu’est-ce que je peux en avoir marre, de ce mot !) qui fait noircir des tonnes de papiers journal et délie les langues des spécialistes autoproclamés de l’éducation (qui n’ont, le plus souvent, jamais vu un élève de près) ; déchaînement dérisoire, je ne donne pas deux semaines aux enseignants et aux élèves pour prendre leur rythme de croisière, tant il est vrai qu’on s’habitue à tout. De toute façon, il faut vraiment être prof débutant ou parent d’élève pour s’imaginer que la société ait sincèrement le désir d’inculquer autre chose aux enfants que « tu bosses, tu bouffes, tu chies et tu fermes ta gueule » ; comme l’a dit un certain chanteur énervant que j’adore, si l’école rendait les hommes libres et égaux, il y a longtemps qu’elle serait interdite…
Bien entendu, le gros morceau, c’est la Syrie ; ça se prononce comme scierie et c’est effectivement une vraie scie pire que tous les tubes à la noix dont on nous a tartiné les oreilles pendant les vacances. Voilà deux ans que Bachar Al-Assad massacre son peuple en toute impunité, et là, du jour au lendemain, il est avéré qu’il emploie des armes chimiques. « Ah non, ça, c’est pas bien, ça, c’est interdit ! » chantent en chœur les pleureuses professionnelles de l’Occident qui ont l’air de découvrir qu’un dictateur, par définition, ça se contrefiche des conventions internationales. Quelle hypocrisie ! On a le droit de massacrer son peuple tant qu’on emploie pas d’armes chimiques, c’est ça ? Bon, ça expliquerait pourquoi les pays européens continuent à se dire démocratique tout en envoyant la meute… pardon, les forces de l’ordre à l’assaut de tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à un contestataire ! Tant que vous étouffez la conversation avec des armes autorisées, vous êtes un État de droit respectable, héritier de l’esprit des lumières et tout le bataclan, mais si vous le faites avec des armes interdites, vous êtes un abominable dictateur venu tout droit de l’âge de pierre… Tout ce qu’on peut écrire d’à peu près cohérent, qu’on soit pour ou contre la guerre (non, je n’écrirai pas la tartuffesque périphrase « intervention militaire »), c’est la petite musique habituelle « la-guerre-c’est-pas-bien-ça-tue-des-gens-mais-Bachar-c’est-quand-mêm-un-salaud et gnagnagni et gnagnagna »… L’Allemagne est en train de faire son mea culpa concernant Oradour : qu’est-ce qui vous dit que la Syrie, après une (hypothétique) chute d’Assad n’en fera pas autant ? Mais pourquoi s’échauffer pour des nations qui n’existeront plus dans dix siècles, alors que l’affection que peut nous prodiguer un parent, un enfant, un ami, sera éternel ?
Et le débat sur les heures sup’ qui revient sur le tapis alors que même un crétin qui ne connait rien à l’économie est capable de comprendre que défiscaliser les heures sup’ est le plus sûr moyen de dissuader un patron d’embaucher (cela dit, je ne vois pas en quoi c’est une formidable victoire qu’un homme devienne esclave, même avec un salaire)… Et les professionnels de l’indignation sur commande qui manquent de se casser la voix quand un patron vire du monde alors que sa boîte fait des bénéfices, comme s’il pouvait y avoir un fondement de vérité au discours qui présente les entrepreneurs comme des philanthropes qui ne demandent rien de mieux que de créer de l’emploi chez nous du moment qu’on leur fait des cadeaux… Et les transferts indécents dans le football, à commencer par l’anglais qui se fait embaucher par le Real Madrid pour une somme faramineuse alors que l’Espagne en est réduite à vendre une partie d’un magnifique parc national pour régler ses dettes : j’avais presque pitié du pauvre Besancenot qui osait poser la question que suscite ce genre d’aberration, il avait l’air de ne pas avoir compris que le propre de l’amateur de foot, qu’il soit rupin ou ouvrier, est d’avoir des œillères en acier trompé qui lui font oublier toute considération quelque peu sérieuse dès qu’il s’agit de voir vingt-deux amphétamines en short courir après une baballe…
Tous ses débats bidons, ces polémiques à deux balles, ces cris d’orfraies poussés par des gens qui ne sont que de passage sur cette terre et qui ont le front de se croire importants, tous ces grands mots qu’on nous commande de prononcer alors qu’on a assez d’une barque à gérer dans une vie, tous ces avis qu’on nous demande sur des problèmes qui ne sont pas les nôtres… Et en plus, il faut subir tout ça sous un soleil de plomb, précisément le genre d’ambiance ou un peu de calme serait nécessaire… Hé, oh, ça va, lâchez-nous un peu, on vient à peine de rentrer de vacances ! Laissez-nous le temps de reprendre notre rythme de croisière, on n’est pas si pressés ! Kenavo, les aminches !