J’aime bien mes voisins, je ne les connais pas, mais je les aime bien. Nous nous croisons dans les escaliers, alors que je monte dans mon antre, prends de la hauteur, nous nous saluons, nous nous enquérons de notre santé, de notre humeur, par de très polis comment allez-vous. Oh bien sûr nous ne connaissons pas nos noms, nos prénoms encore moins, ils ont peur qu’on ne s’attache, que l’on s’habitue, que l’on fraternise, ils sont respectueux de mon intimité mes voisins. Il est des messages qu’il faut bien se faire passer entre voisins, des petits rappels à l’ordre, des "laissez libre le passage", des soirées qui se préparent, "excusez pour le raffut", qui se ressemblent s’assemblent et forment une mosaïque monochrome sur notre porte. Ce sont des artistes mes voisins. Quelques fois même, alors que je ploie sous le poids de mes paquets, grimpe mes quatre étages, poliment, certains me cèdent le passage. Et je me plais à croire que c’est pour mater mon cul. Ils sont charmants mes voisins.
Il en était deux que j’affectionnais, deux charmantes, deux souriantes, deux sœurs un peu perdues dans nos contrées, qui quelques fois m’interrogeaient sur nos codes, les subtilités de notre langage. Faut s’entraider entre femmes. Elles ont changé de paroisse, on déménagé pour des contrées plus sereines, lorsqu’elles ont découvert dans leur dico, que le mot niquer glissé à leur passage sur le chemin de l’église, n’était ni une invitation ni un joli mot. Ils sont sensibles mes voisins.
Elles ont cédé leur place à un jeune joli couple, qu’à nouveau j’affectionne, je prie les autres de m’en excuser, allez comprendre suis sensible au troisième étage. Le garçon, le beau gosse (ils sont beaux mes voisins), le néanmoins gros fumeur, le respectueux de son intérieur, de son atmosphère, de sa compagne (respectueux voire écolos mes voisins), n’hésite pas à fumer son paquet quotidien en une soirée, contre vents et marées, par beau ou mauvais temps, et même l’été (ils sont courageux mes voisins) sous la fenêtre ouverte de ma chambre. Je sens bien là, qu’il faut que nous parlions entre voisins …
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