Une bonne petite claque pour démarrer la saison...

Publié le 04 septembre 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Superbe rentrée que celle du Théâtre 13 qui reprend jusqu'à la mi-octobre un spectacle du jeune auteur-metteur en scène Côme de Bellescize, créé l'an passé à la Tempête. Sans jamais sortir les violons, son "Amédée" (inspiré d'une histoire vraie) évoque avec singularité, tact, intelligence, humour, poésie et une virtuosité visuelle saisissante le thème sensible de l'aide à mourir ainsi que le droit de chacun à disposer de lui-même et à quitter ce monde dans la dignité. Une réussite presque totale.

Ainsi suivons-nous le parcours d'Amédée, ado de 19 ans dans la fleur de l'âge qui voit son destin brisé par un accident de la route. Devenu tétraplégique, il tentera de réapprendre à vivre avec son nouveau corps mais ne supportera pas plus d'être emmuré vivant que l'état de dépendance totale dans lequel il se trouve. Il finira par solliciter l'aide de sa mère pour mettre un terme à son existence.

Afin de donner la parole à son personnage principal, muet et immobile, Côme de Bellescize a inventé un Amédée bis, sorte de clone virtuel dévoilant sa pensée, réagissant aux évènements qui jalonnent l'histoire (accident, coma, rééducation...), lui-même escorté d'un ange gardien fantasque et survolté, aux visages multiples, avec lequel il échange. Habile et joli procédé. Il s'attache par ailleurs à décrire avec minutie l'attitude de l'entourage du garçon après le drame. Mère, petite amie, médecins, pompiers lui ayant porté secours...

Si les personnages auraient sans doute pu gagner en épaisseur, les situations choisies mettent le spectateur face à une vérité violente et prenante. Les dialogues sont vifs, souvent étonnement drôles. Car ne s'interdisant aucun registre, l'auteur nous offre quelques grands moments de comédie grinçante, à l'image de cette parodie d'émission sociétale tire-larme qu'un Delarue n'aurait  pas reniée ("La mère d'Amédée doit-elle aider son fils à mourir ? Envoyez vos tweets, tout de suite la pub"...). Légèreté et gravité se voient donc associées et conjuguées pour nous guider dans notre réflexion sur un sujet complexe.

Visuellement parlant, le metteur en scène exploite brillamment un espace  perdu quelque part entre la planète terre et l'âme d'Amédée, sublimé par de splendides lumières, faisant par ailleurs de la vidéo un usage pertinent et original. L'onirique, le fantastique ne sont jamais bien loin. Le beau non plus. L'horreur devient séduisante. Etonnant. Bouleversant.

Les comédiens, enfin, portent haut, très haut, le projet de ce talentueux chef de troupe. Benjamin Wanjermée campe somptueusement un Amédée empli d'une énergie et d'une colère douloureusement contenues. Florent Guyot ne cesse, à chacune de ses apparitions (Le Cercle de Craie Caucasien, La Tempête...), de nous épater. Ses compositions, comme d'habitude ultra physiques et créatives, des anges d'Amédée ne dérogent pas à la règle. Eléonore Joncquez est aussi poignante en petite amie désemparée qu'irrésistible de drolerie en animatrice de talk show racoleur. Maury Deschamps transmet pour sa part à merveille l'amour, la détresse, et la résignation d'une mère détruite. Eric Challiez et Vincent Joncquez incarnent quant à eux une équipe médicale effroyablement réaliste.

Du beau théâtre.

Jusqu'au 13 octobre.

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Amédée from Antoine Melchior on Vimeo.