La peur de l'avion, ça se soigne? (2)

Publié le 04 septembre 2013 par Kakidu92 @Kakidu92
Je reviens pour la suite de mon expérience sur le stage anti stress que j'ai effectué chez Air France. Un des trucs qui m'a le plus marqué, c'est le cheminement du stress qui s'apparente limite à une machine de guerre.

Un sentiment commun à tous les passagers en mal d'avion, c'est le stress et ce phénomène se décompose en 3 parties:
- La réaction d'alarme donne l'alerte et nous fait sécréter tout un tas d'hormones dont la plus connue: l'adrénaline qui est chargée de libérer du glucose (source d'énergie). Pour la faire parvenir rapidement, notre rythme cardiaque s'accélère et notre respiration plus rapide pour oxygéner nos muscles (parés pour "l'attaque"). Pour économiser notre énergie (en vue d'une éventuelle bataille), les fonctions moins importantes s'arrêtent, d'où la bouche pâteuse puisque la production de salive est interrompue. La chaleur produite par nos muscles, nous obligent à transpirer pour refroidir le "système" et les pupilles se dilatent pour ne meilleur vision de loin. La fatigue sous cet afflux est immédiatement oubliée.
Et comme nous ne bougeons pas comme nous le ferions face à une attaque physique, tout ces maux se déchainent pour provoquer le fameux stress...
- La résistance est la seconde phase du phénomène et sans agression directe, le corps se remets doucement de cette soudaine activité tout en restant très vigilant.
- L'épuisement est la dernière phase. Celle que j'apparentais à une véritable libération. Là où la plupart des gens sont aux aguets pendant un vol, c'est l'atterrissage mais pour moi, c'était surtout la fin de mon calvaire. Impossible pour moi d'avoir peur durant cette étape et malgré tout, ça s'explique...Une fois les réserves de sucres et de graisses épuisées, l'organisme est à bout de force et n'a pas d'autre choix que de mettre au repos.
Ma peur à moi, elle est survenue à l'époque où je traversais une situation pas facile dans mon boulot et selon le psychologue ça peut jouer sur cette peur irraisonnée qui était devenue la mienne. Ca n'allait pas au travail mais je prenais souvent l'avion et j'ai inconsciemment associé mon stress à l'appareil. Si tu ajoutes à ça que les différents stress s'additionnent, on peut être mal barré...
La première réponse que l'on m'a donné, c'est que si je n'étais pas obligée de prendre l'avion, si je pouvais m'en passer autant ne pas se faire violence. Une vraie réponse de normand pas vrai? Et pourtant, ça a eu l'avantage de décoincer le dialogue!
Je fais partie de la catégorie des gens anxieux au grand dam de mon mari que je trouve souvent léger à propos de tout et de rien. Mon ignorance pure et dure de l'univers aéronautique était je pense, un des principaux facteurs de mon stress...
Le matin de mon stage, j'étais dans un tel état de nerfs que Mr Grumpy a du m'accompagner en voiture. J'aurais été incapable de tenir le volant et s'il m'avait mené à l'échaffaud, mon état n'aurait pas été pire. Sur le coup j'ai vraiment ressenti son départ, quand je suis sortie de la voiture, comme un réel abandon. J'étais dans l'élément le plus hostile que je connaisse. Et seule.
Seule. C'est important. On te conseille de suivre ce stage seule même si le couple est phobique, il vaut mieux envisager deux sessions bien distinctes, sinon on ira peut-être mieux mais on ne pourra pas voyager l'un sans l'autre... Notre cerveau, cette chose terrifiante non?
La séance commence par la présentation des 3 intervenants. Dans mon cas, une sophrologue, une hôtesse de l'air et un commandant de bord. Ces gens sont bénévoles si j'ai bien compris et en fait , le prix serait pour l'occupation des locaux et des simulateurs.
Après, c'est à notre tour de nous présenter, d'expliquer un peu pourquoi nous sommes là et comment y est-on arrivé. On conseille aussi de prévoir un voyage rapidement après ce genre de stage afin de pouvoir mettre en situation les conseils prodigués. Avec moi, deux autres hommes. L'un n'avait plus prit l'avion depuis 15 ans, l'autre était terrifié à la simple idée de s'acheter un billet.
Les exercices de relaxation tout d'abord. Le jour du voyage il est conseillé de porter des vêtements amples et souples, confortables. Assis sur son siège le dos bien en appui sur le dossier, les pieds à plat sur le sol de l'habitacle et les mains à plat sur les cuisses. Laisse les épaules retomber naturellement, fermer les yeux et la bouche. Le plus difficile est de ne penser qu'à sa respiration. Respires par le nez et ne fais une fixation que sur les mouvements de ta respiration.
Je ne vais pas te faire toutes les étapes de ce genre de relaxation, tu en trouveras des dizaines sur Internet ;-)
Après ça, pour moi c'était une première, j'étais vraiment apaisée, détendue.
Viens ensuite le tour de l'hôtesse qui nous explique son rôle mais aussi la sécurité et la sureté à bord d'un avion. Les chiffres donnent le vertige... Pas moins de 20 000 avions de ligne dans le ciel chaque jour et accroche toi bien 7 000 000 de personnes dedans.!
On nous explique pourquoi on nous fait éteindre tous nos appareils électriques par exemple, parce que finalement la raison des interférences est un peu flippante. De plus, il n'en est rien, si on nous demande d'éteindre ordinateur et téléphone ou encore de retirer nos casques, c'est juste pour rester vigilants sur les phases les plus importantes du vol (décollage et atterrissage) et pouvoir en cas de problème sortir de l'appareil sans difficultés supplémentaires.
Mon truc à moi quand j'étais terrifiée? N'être jamais loin de portée de vue d'une hôtesse, l'observer exécuter ses tâches sans sourciller et tout en sourire avait tendance à me rassénerer d'un coup ;-)
Enfin, le commandant de bord! Celui qui officiait ce jour-là effectue la liaison Paris/New-York et j'espère un jour, le recroiser juste pour lui dire un grand merci parce que c'est lui, qui dans mon cas, a réussi à me mettre totalement en confiance dans ces drôles d'engins volants.
D'abord il t'explique comment vole un avion, pourquoi, à quelle vitesse mais aussi les différents phases au décollage (V1 et V2), les problèmes techniques qu'il peut y avoir dans un avion et comment tout le personnel est formé pour y faire face.
J'ai ainsi appris que les trous d'air n'existaient que dans l'imaginaire collectif, il s'agit de turbulences mais l'avion ne fait pas de "décrochage", il serait quasi impossible pour lui de remonter autrement. Les turbulences peuvent être fortes au point de tromper nos sens mais il en sort en général le plus fort!
L'avion est porté par l'air nous apprend-on et même si les deux réacteurs tombaient en panne, l'avion ne chuterait pas. Il planerait. Bon, il m'a promit un atterrissage un peu sportif dans ce cas-là mais rien de systématiquement mortel...
Pendant la pause déjeuner que l'on prend avec les intervenants, l'ambiance se détend et chacun y va de ses propres questions même les plus stupides. Ils sont là, bienveillants et nous rassure aucune question ne l'est.
L'après-midi est consacré au simulateur et, c'est un peu la panique avant de monter dans ces drôles de machines. Une fois à l'intérieur, l'hôtesse nous installes sur les sièges et sort du cockpit nous laissant seuls avec le commandant. A tour de rôles, nous prendrons les manettes en tant que co-pilote et décollerons ou atterrirons dans des situations extrêmes, sous l'orage ou en crabe en plein déluge.
A chaque fois, l'avion nous ramène à bon port... J'ose émettre que c'est normal puisqu'il s'agit d'un simulateur et le commandant sourit. D'un geste il braque le manche, l'avion se cabre et l'habitacle s'obscurcit. La manoeuvre a été mortelle. Et malgré, un tressaillement je dois bien avouer que le simulateur réagit comme un avion en vol.
Je sors de là, plus sûre de moi que jamais prête à me taper 24heures de vol, on me remet un certificat en français et en anglais à glisser dans mon passeport qui atteste que j'ai effectué le stage anti stress et qui pourrait donc prévenir le personnel lors de mes prochains déplacements.
Il parait aussi que si tu effectues ton stage chez Air France, tu ressors sur les listings de passagers lors des prochains vols (ou des compagnies affiliées) ce qui leur permets de "t'avoir à l'oeil".
J'ai eu une hôtesse aux petits soins lors de mon atterrissage mouvementé à Melbourne l'année dernière et pourtant, je n'étais pas inquiète. Je savais pourquoi l'avion se comportait ainsi et je savais que tout allait bien se terminer.
Récemment encore, lors de notre retour d'Angleterre avec Easy Jet, Mr Grumpy est devenu blême lors de turbulences au dessus de la manche et pour la première fois, c'est moi qui lui ai tenu la main en lui donnant un sourire rassurant. Il déteste les atterrissages en général mais celui-ci a été un peu plus nerveux que les autres sans doute. N'empêche que lorsque nous attendions nos bagages, il m'a murmuré qu'il avait été assez bluffé par mon calme...
Et puis comme m'a dit le pilote, le principal c'est de communiquer avec le personnel. Tu te sens un peu fébrile en montant dis leur de suite, ils n'en feront pas des caisses mais ils sauront qu'ils doivent veiller sur toi. Pour ton confort mais aussi pour celui de tout l'appareil, il est plus facile de gérer les angoisses d'un personne qu'une crise de panique contagieuse ;-)
Si tu as des questions, c'est maintenant !