Dans le prolongement de l’article sur les origines du mot dragueur (dans le sens rapporté à la séduction) voici un mini essai de sociologie pour tenter de cerner le profil type du séducteur qui travaille à rencontrer les femmes dans l’espace public.
Tout d’abord, l’origine même de la pratique de séduction des hommes à l’égard des femmes est un sujet beaucoup trop vaste pour pouvoir être traité ici sur D.A
Notre court essai porte plutôt sur une forme de pratique précise : de la séduction sous forme active et systématique opérée à l’intérieur de ce qui est considéré comme la sphère publique d’une société. A noter que cette sphère ne reconnaît pas en tant que tel, cette pratique libre de séduction. Cette précision du sens apporté au mot drague, permet d’éliminer d’autres formes de séduction « reconnue » ou du moins « consacrée » telles que :
- Les discothèques et ses dérivés comme les pubs
- Les clubs libertins
- Les maisons closes
- Tous les autres lieux de rencontre improvisés et organisés ou acceptés par des autorités
A noter que les rencontres par l’intermédiaire du Web ne se définissent évidemment pas, elles aussi, dans la catégorie de la drague de rue.
Enfin, le cadre de cette étude ne porte que sur les "authentiques" dragueurs de rue ( nous verrons plus loin dans l'article, ce que nous entendons par ce terme)
Le dragueur est donc un homme (pour des raisons de structuration psycho-affective, une femme ne peut pas en être une) d’âge mûr réalisant de la séduction envers les femmes d’âge mûr également, dans un espace public non « consacré socialement » à la rencontre Hommes/Femmes. Il drague donc de manière quasi transgressive, car sa pratique s’affranchit des cadres réglementés par la société dans laquelle il vit. Le dragueur est dans une zone sociologiquement floue : généralement il inquiète les autorités chargées du contrôle de l’espace public quel que soit le pays où il se trouve. Inquiet, car le dragueur est un homme libre et potentiellement identique à toute cette population hors marge des normes sociales telle que les SDF, pickpockets, dealers en tous genre, junkies, néo punk, sans papiers, personnes souffrant de troubles mentaux, etc.
Identique en apparence seulement, car le dragueur joue la carte du charme et de l’aisance sociale. Son intérêt est donc de démontrer ou simuler une certaine conformité sociale, lui permettant ainsi de lever un maximum d’inconnues rencontrées dans la rue. D’autre part, il sait presque d’instinct, que toutes blessures physiques ou actions hors la loi, l’éloignera pour un temps plus ou moins long de ses terrains de chasse. Le dragueur s’il veut durer dans l’exercice de son art, doit donc rester le plus diplomate et prudent possible dans un espace qui ne lui appartient jamais.
Dans la réalité, le dragueur possède souvent tout un code commun à tous les décalés de la société qui se battent pour leur survie. Voici quelques signes parmi les plus typiques :
- Un regard vif, qui permet de saisir rapidement ce qui se passe dans la rue.
- Une utilisation beaucoup plus « intuitive » de l’espace public qui lui permet par exemple de regarder tranquillement une foule sans être vu. Ou encore de se réchauffer à la sortie des gaines de ventilation, quand il drague l’hiver. Etc, etc.
- Une intelligence sociale pointue, permettant d’établir des relations sociales circonstanciées selon le type de personne à qui on s’adresse et selon les objectifs recherchés. L’intelligence sociale est une des bases de la survie dans la rue.
- Une sensibilité moindre face aux difficultés de la vie, doublée d’une résistance darwinienne aux refus ou aux rejets subis quotidiennement de la part des gens.
Liste non complète bien évidemment, mais expliquant la confusion que peut entretenir le grand public entre le dragueur et les « hors-marges »
Le dragueur de rue est un homme d’une grande sensibilité. Voire d’une très grande sensibilité. Ce fait peut prêter à sourire, surtout auprès des femmes qui perçoivent ce genre de gars comme le tout premier des salauds...
suite au prochain article...