Ce régiment d'élite, qui a été recréé en 1903, peu avant la célébration du premier centenaire, comme un symbole d'unité nationale, se consacre à la sécurité des personnalités et des bâtiments publics fédéraux et il est, à ce titre, de toutes les grandes cérémonies protocolaires, notamment celles qui se sont tenues, en l'honneur de San Martín, le 17 août, anniversaire de sa mort à Boulogne-sur-Mer : dépôts de gerbe au pied de la statue équestre sur Plaza San Martín, passage des troupes en revue, discours, etc...
L'actuel régiment n'a pas de lien direct avec son illustre fondateur, car une rupture de près de 80 ans le sépare de son ancêtre fondé par San Martín le 16 mars 1812, une semaine après qu'il avait débarqué à Buenos Aires à bord de la frégate anglaise George Canning. Ce régiment, de onze mois à peine, est celui qui s'illustra au combat de San Lorenzo dont on fêtait, en l'étonnante absence de la Présidente, le bicentenaire le 3 février dernier (voir mon article) et qui devait participer fidèlement à toute la campagne de libération continentale conduite par San Martín à partir de Mendoza, en 1817, depuis la prestigieuse traversée des Andes jusqu'aux dernières victoires en zone sub-équatoriale. En 1826 néanmoins, Bernardino Rivadavia, l'abominable gnôme de l'épopée révolutionnaire (un vrai personnage de roman noir, fourbe et immonde à souhait), décidait de dissoudre un corps qui s'était couvert de gloire, dans le vain espoir de noyer dans l'oubli la popularité -insubmersible- du général, qui vivait alors en exil à Bruxelles et qu'il n'avait cessé de poursuivre de sa haine depuis octobre 1812.
En 1903, le régiment fut donc reconstitué et, en 1907, il lui fut même rendu son uniforme originel, celui conçu par le fondateur en personne, avec le goût de la sobriété qui a toujours caractérisé le grand homme.
derrière une vitre blindée, le sabre de San Martin sous une statue de la Vierge de Mendoza Hall d'honneur de la Caserne, à l'entrée du musée (Photo RGC) La mission des Grenadiers est désormais d'assurer la sécurité tout en haut de l'Etat. Le régiment dispose de trois casernements, à Buenos Aires, où il veille sur plusieurs reliques de son "chef" mythique, à Yapeyú, dans la Province de Corrientes, où San Martín a vu le jour le 25 février 1778, et à San Lorenzo, près du champ de bataille du même nom, à quelques kilomètres de la grande ville de Rosario, dans la Province de Santa Fe. A Buenos Aires, on le voit monter la garde à la Casa Rosada, près du tombeau de San Martín dans la cathédrale, au Museo Nacional del Bicentenario, dans différents ministères. Pour ma part, j'ai vu deux de ses membres rendre les honneurs à la Vierge de Luján, à l'inauguration de l'Exposition des Livres catholiques, ce qui n'a pas manqué de surprendre un peu la Française, pétrie de laïcité, que je suis depuis toute petite !
A la caserne de Buenos Aires est attaché un petit musée qui conserve des effets personnels de San Martín et plusieurs documents qui lui sont attachés, dont une feuille de service de l'armée espagnole, plusieurs médailles, son chapelet qui lui fut offert par une religieuse en Espagne, après l'éclatante victoire de Bailén (1) et diverses reconstitutions historiques interactives qui permettent d'approcher la réalité de Buenos Aires et des Provinces Unies du Sud dans les années révolutionnaires. Ce musée dispose d'une impressionnante bibliothèque dans les rayons de laquelle se glissera dès la fin de mon intervention cette première biographie en français qu'il m'est revenu l'honneur d'écrire et de publier, San Martín, à rebours des conquistadors (Editions du Jasmin, décembre 2012).
La conférence, qui sera donnée en espagnol, est réservée aux officiers et à quelques civils dont l'exercice professionnel est lié à San Martín comme c'est le cas à l'Instituto Nacional Sanmartiniano, société savante dédiée, depuis sa fondation en 1933 (2), à la mémoire et désormais à l'histoire (au sens scientifique du terme) de cette personnalité, de son temps et de son contexte (voir la rubrique Histoire – attention terrain miné, en partie basse de la Colonne de droite).
La visite du musée du régiment (MRGC pour les intimes) figure naturellement dans le programme-pilote du séjour culturel à Buenos Aires que je vous propose, en avril-mai 2014, avec l'agence solidaire française Human Trip (voir mon article du 1er mai 2013 et le site Internet de Human Trip qui proposera très prochainement un programme solidaire en faveur d'une des plus belles initiatives musicales dans la ville de Buenos Aires)
Pour en savoir plus sur le Régiment des Grenadiers à Cheval et son musée : visitez le site Internet récemment relooké du RGC (3) connectez-vous à sa toute nouvelle page Facebook.
(1) Le 19 juillet 1808, contre l'armée impériale placée sous les ordres d'un illustre général napoléonien dont plus personne ne connaît le nom en France. Normal, il a perdu ! Manque de bol supplémentaire : le malheureux officier s'appelait Dupont. Comment voulez-vous gagner une gloire immortelle avec pareil patronyme ? (2) Une date (et donc une institution) qui sent le soufre pour la gauche argentine, car il y avait alors à la Casa Rosada un gouvernement putschiste qui avait plongé le pays depuis 3 ans dans un vrai bain de sang (notamment pour les anarchistes et les communistes) (3) Depuis le retour de la démocratie en Argentine, il y a trente ans, l'état d'esprit de l'Armée de Terre comme de l'Air et de la Marine a bien changé. C'est maintenant un outil démocratique aux mains d'un exécutif constitutionnel.