Ce magnifique manifeste est de Marie Peltier. Je l'ai reproduit avec son accord parce qu'il colle parfaitement à mon état d'esprit du momentavec un immense ras le bol de tous ces internautes qui passent leur temps à soutenir un dictateur qu'ls ne donneront jamais leur confiance.
Il monte, il monte, le coup de gueule...
Pas une heure depuis une semaine où je ne reçois par réseaux sociaux,
mails, coups de fils, des "réflexions" éparses - articles de blog, liens
youtube, images "choc", discours divers - tendant me "prouver" que je
me trompe sur la Syrie. Qu'on nous "cache des choses", que "les rebelles
ne sont pas si gentils que cela", qu'on n'est pas "si surs que cela" de
ce qui s'est passé dans la Ghouta, et
que d'ailleurs Assad "n'est pas si mauvais qu'on ne le dit", ou plutôt
que "bien sur Assad n'est pas gentil, mais que quand même les rebelles,
les USA, le Qatar"... Et puis d'ailleurs, mon ami Paolo, est-il si
fiable que cela? Et puis d'ailleurs, qu'est-ce que j'en sais, hein? J'y
suis sur place en Syrie peut-être? Je suis bien gentille avec mon
"droit-de-l'hommisme", mais est-ce que j'en veux, hein, de la Lybie
post-Khadafi? Et en Irak, hein, les USA y sont allés par grandeur d’âme
peut-être? Je l'ai vu le résultat, aujourd'hui? Et les islamistes? Et
les sionistes? (Oui, parce que je ne dois pas être aveugle, les deux
sont liés) Et l'OTAN? L'Empire? Le Pétrole?
Basta. Shut up.
Je
ne me suis jamais considérée comme une experte. Il y a un an, je ne
connaissais pas plus la Syrie que le Pérou (hé oui, dingue, je ne suis
jamais allée dans ces 2 pays). Je sais juste une chose : J'ai décidé il y
a un an de découvrir les Syriens et ce qu'ils enduraient. Non par
intérêt politique à la base, mais par intérêt humain. Parce que j'ai
rencontré des Syriens fuyant l'horreur. Que j'ai voulu les écouter,
simplement. Depuis un an, j'ai tenté de prendre la peine de m'informer.
Vraiment. Pas sur les sites de Soral, Collon et Meyssan (Je m'épargne
ces diarrhées fascisantes). Mais en écoutant des gens de l'intérieur.
Pas forcément des "rebelles" comme on les étiquette facilement, mais de
simples citoyens syriens ou vivant en Syrie. Pour qui prend la peine de
faire la même chose - et je suis heureusement loin d'être la seule -
l'évidence est patente. Le régime Assad est une des pires dictatures au
monde par son degré de violence, mais aussi - et c'est surtout de cela
que nous faisons aujourd'hui les frais - par son degré de manipulation.
Le tour de maitre qu'il est parvenu à faire est d'avoir réussi à
infiltrer ses thèses au sein de nébuleuses que tout oppose : les
laïques, les catholiques, les gauchos, les fachos, les pacifistes, les
islamophobes, les anti-sémites, les pro-sionistes, les pro-palestiniens,
les anti-impérialistes... Sarah Pallin, Mélenchon, Marine Le Pen et le
PTB sont même tombés d'accord. Tous persuadés de "ne pas être dupes", de
"lutter contre la désinformation ambiante", le "prêt-à-penser", le
"va-t'en-guerrisme" (oui, parce qu'en fait, je suis une va-t'en-guerre).
Je ne veux convaincre personne. Avec beaucoup, je sais que c'est peine perdue.
Mais une question me taraude:
Où étiez-vous depuis mars 2011? Quand les premières manifestations
citoyennes en Syrie ont été réprimées dans le sang et la torture? Où
étiez-vous quand sont tombés les premiers scud sur les civils syriens?
Vous qui avez soudainement tellement à cœur de ne pas "vous laisser
avoir" sur la Syrie, expliquez-moi pourquoi vous donnez tellement de
crédit à des infos issues de stupides sites conspirationnistes
généralement négationnistes, tandis que vous n'en donnez aucun à des
experts ayant étudié et/ou vécu en Syrie toute leur vie?
Pour ma
part je me dis une chose : Quand on découvrira dans les livres
d'histoire, d'ici 20 ou 50 ans, ce qui s'est réellement passé dans la
Syrie d'Assad et qu'on mettra cela en perspective avec les discours
ambiants à l'époque (çàd maintenant), on aura un fameux cas d'école de
propagande à large échelle, digne de l'abrutissement dont seuls sont
capables les pires régimes ayant "marqué" l'histoire.
Mais en attendant on laisse les gens crever. Chaque jour. Par notre bêtise.
Pour rappel, son précédent coup de gueule d'il y a 1 an. Il faudrait combien de coups de gueule pour que le monde veuille bien enfin ouvrir les yeux