Ganesh Chaturti, la fête de Ganesh à Paris

Publié le 02 septembre 2013 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

Hier à Paris, avait lieu la fête indienne de Ganesh. De quoi s’agit-il vraiment et que célèbre-t-elle ?

Ganesh est un des dieux les plus connus de la mythologie indienne, car son apparence est caractéristique. C’est en effet le seul dieu qui arbore une tête d’éléphant. On le voit ainsi partout près des autels dans les restaurants et en petites figurines. Dieu de l’intelligence et du savoir, c’est le patron des écoles et des travailleurs. Son corps rond est celui d’un enfant.

La légende de Ganesh, dieu à tête d’éléphant

Il doit son apparence physique à une légende célèbre : Fils de Shiva (dieu suprême, c’est une partie de la “Trinité” indienne avec Bhrama et Vishnou. Il est à la fois le créateur, le préservateur, le destructeur, le dissimulateur et le révélateur).

Un jour, sa femme Parvati qui désirait prendre un bain et confie à son petit garçon, Ganesh, le soin de garder sa porte. Il reçoit pour consigne de ne laisser personne franchir la porte. C’est alors que Shiva se présente devant lui, souhaitant rentrer chez lui. Ganesh, lui barre le passage, en lui signifiant sa promesse. Shiva entre alors dans une rage terrible, et convoque ses forces pour chasser l’enfant. Rien n’y fit, Ganesh tenait bon et résistait. Mieux encore, il dispersa les troupes et les écrasa. Il émanait de lui, une force surnaturelle. Rien ne lui résistait, car la cause pour laquelle il se battait était plus forte que tout : il défendait sa mère.

Shiva eut alors recours à la ruse, et lui trancha la tête en se glissant derrière lui. Sa tête fut jetée au loin. C’est alors que Parvati aperçu son fils décapité, et sa colère fut immense. Elle menaça de détruire les forces du ciel, et elle en avait le pouvoir. Pour la calmer, Shiva ordonna de placer sur le corps de l’enfant n’importe quelle tête de la première créature croisée sur le chemin. Ce fut un éléphant. Ainsi donc naquit Ganesh, le dieu de la connaissance, des écrivains et des musiciens. Gourmand et ironique, il sait calmer les conflits.

La légende de la défense cassée de Ganesh, et les origines de la fête « Ganesh Chaturti »

En regardant de plus près ses représentations, on aperçoit que sa défense droite est cassée. Cette légende est directement en rapport avec la fête de Ganesh. En effet, pour une de ses anniversaires, Parvati confectionna pour son fils, 21 sortes de gâteaux. Ganesh emporté par sa gourmandise notoire, en mangea tant, que son ventre fut plein. Alors qu’il prenait la route, sa monture, une souris, fut effrayée par un serpent. Déséquilibré, le dieu tomba et son ventre éclata. Alors, un à un, précautionneusement il remit les pâtisseries dans son estomac. Puis d’un geste il se saisit du reptile responsable et s’en fit une ceinture. C’est alors que du ciel, il entendit quelqu’un se moquer. Il aperçu la Lune qui riait de lui. Il lui hurla sa colère, et cassa sa défense pour la lui jeter. Alors la Lune devint noire, et Ganesh prononça ces mots “le jour de mon anniversaire, personne ne pourra regarder la Lune en face. Si quelqu’un, consciemment ou inconsciemment, la regarde, il sera totalement incompris de sa famille ou de ses voisins pour aucune raison apparente« . Lorsque les dieux lui demandèrent le rétablir la clarté et la lumière, Ganesh y consentit à une condition : la Lune serait noire par intermittence. Ce fut là l’origine des cycles lunaires.

Si l’on remet cette légende en perspective on peut en mesurer la portée. Car l’espace infini est semblable au ventre de Ganesh, et l’ego s’incarne dans la souris. Si Ganesh l’utilise comme véhicule, c’est le signe de chacun d’entre nous contrôle l’ego par la conscience, et celui qui contrôle l’ego possède la conscience divine.

La fête de Ganesh, célèbre son anniversaire. Pour l’occasion, de nombreuses figurines du dieu sont confectionnées.

J’ai le souvenir de la fête en Inde. Après s’être purifiés, les membres d’un foyer, se procurent une figurine, faite d’argile. Ils la ramènent chez eux en procession, avant de prier le Dieu et lui faire des offrandes (en particulier des sucreries dont le dieu est friand). Cela dure plusieurs jours, et à la fin de la célébration, la statuette est placée sur un char qui passe dans les rues, et devant chez les gens, pour être amenées directement à un point d’eau, où elles sont jetées. A Pondichéry, il s’agit de la mer. Dans cet acte d’immersion et de dissolution naturelle de la figurine, il s’agit de réclamer le retour du Dieu.

La fête de Ganesh à Paris

A Paris, le cortège se compose de plusieurs chars, dont le principal est celui portant la statue de Ganesh. Précédant le défilé, un camion arrose avec force le sol pour le purifier. Suit alors la procession, la statue du Dieu est celle représentant les cinq éléments du monde : la terre, l’eau, le feu, l’air et l’éther. Cette statue (à peine visible dans la foule), est celle de Ganesh Panchamukha, à cinq têtes. Dans ce camion, des hommes distribuent des paniers d’offrandes (des fruits comme des bananes et des noix de coco, des épices, du curcuma et de la pâte de santal, des fleurs, des pièces de monnaie, et des ladoos (des pâtisseries rondes et sucrées).

 

Dans la rue du Faubourg Saint-Denis, réputée pour marquer un des points centraux du quartier indien, les familles ont revêtu leurs plus beaux habits.

Chacun se choisit une place pour assister au passage du défilé, non sans d’être préalablement procuré des paniers d’offrandes.

Devant les boutiques, des statues de Ganesh sont placées et entourées de douceurs, de fleurs et d’encens. Derrière le char de Ganesh apparaissent alors les danseuses de Garba, cette danse originaire de la région du Gujarat, dont la rythmique est bien marquée et qui se danse aussi avec des bâtons. Ces bâtons sont tapés entre eux en alternance avec ceux des autres danseurs.

Derrière les danseuses, on aperçoit les porteuses de bannières, et de katpuram chatti, des pots dans lesquels brûle le camphre. Des muciciens et des chanteurs suivent en jouant du tambour, de la flûte, de l’harmonium, et en chantant.

Autour du cortège la foule se presse et se densifie. On a l’impression d’y être. Parmi les danseurs, certains tombent en transe. On aperçoit ensuite le kavadi, une structure en bois couverte de plumes de paon. Derrière, des hommes défilent en portant ces structures également. Certains d’entre eux en prière, ont les joues percées en signe de dévotion.

Partout dans les rues, devant les commerces, nous avons noté la présence de monceaux de noix de coco directement amassée sur le bitume.

 

Lorsque le char approche, elles sont éclatées avec éclat sur la route. Si on croit à des pétards, on s’aperçoit rapidement de la scène qui est spectaculaire. La coque de la noix représente maya, ou l’illusion, tandis que la chair est associée au karma et à l’ego. En brisant une noix de coco, on offre son coeur à Ganesh.

Les deux principaux chars sont celui de Ganesh, et le second celui de son frère, Muruga. La foule est si compacte, qu’il est difficile de réussir à voir les statues.

 
Les chars sont tractés à la main, l’un par des hommes, et l’autre par des femmes. Des tissus et des étoffes protègent les dieux.

La procession poursuit son trajet en donnant lieu à des scènes où se mêlent les regards expressifs, les couleurs et les odeurs d’épices. Un véritable voyage…

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