Ah, les embruns et l’odeur du goémon, rien de plus vivifiant à l’heure de la rentrée. Un album dépaysant qui vaut davantage pour l’ambiance qu’il distille que pour son intrigue finalement assez secondaire. D’ailleurs cette dernière sert avant tout de prétexte pour dresser le portrait de ces femmes d’Ouessant qui sont l’âme de l’île. Et puis le personnage de Soizic est aussi particulièrement bien campé. Une jeune fille fière, opiniâtre et indomptable, capable d’analyser la situation avec lucidité et avec ce petit soupçon d’ironie lui permettant de prendre les choses à la légère. Après il n’est pas certain que les ouessantins apprécient la façon dont les auteurs les présentent. De même pour le couple bobo qui arrive au gîte et passe son temps sur internet plutôt que dehors, il y a là quelque chose d’assez caricatural.
Sinon le récit est simple, empreint d’une certaine lenteur qui rend bien compte de la façon dont le temps s’écoule sur ce caillou du bout du monde. Le dessin est quant à lui aussi rugueux que le caractère des insulaires et si l‘on peut parfois regretter la pauvreté des décors l’ensemble reste graphiquement très cohérent.
Pas un album inoubliable mais une vraie bouffée d’air frais. Et le petit cahier final intitulé « Balade à Ouessant » et regroupant quelques photos accompagnés d’informations historiques sur l’île est des plus instructifs.
Pour conclure, une petite citation que j’aime beaucoup : « J’aime bien les îles. Il n’y a pas moyen de fuir. Quand on est face à un problème, on n’a pas le choix. Il faut le résoudre ou sauter dans l’océan. »
Ouessantines de Patrick Weber et Nicoby. Vents d’Ouest, 2013. 126 pages. 18,25 euros.
Un album voyageur de Natiora que je remercie pour cette belle découverte.
Les avis de Natiora, Oliv et Valérie.