Avant de vous parler de ce sympathique hameau habité par plus d'animaux à barbichette que d'hommes, un petit aparté sur... les cyclistes. Et c'est là que je vais encore me faire des amis. Qu'importe, j'aime la provocation, je l'assume et je me lance sur la piste. Alors, pas sur la piste de VTT, trop dangereux, very dangerous, molto pericoloso ! Ah non parce que c'est un peu la bourse ou la vie sur cette voie là ! Non, le chemin n'était pas réservé aux vélos, et pourtant...
Et pourtant, nous n'avons pas profité longtemps de ces beaux paysages qui dominent le village des Lindarets, juste au-dessous du col de la Joux Verte. Et dire que nous étions à mi-chemin, à tout juste 1 heure du Lac Vert, de l'autre côté de la frontière suisse... Mais que voulez-vous, pour certains, la montagne ne se partage pas. Pour ces gens-là, on la descend à toute vitesse, sans se garer à l'approche des randonneurs, en faisant beaucoup de poussière et en se croyant surtout toujours tout seul. Qui sait si les secousses ont bougé le peu de cerveau qu'il leur reste, qui sait si le casque trop serré a écrabouillé les deux neurones qui se battaient en duel sous leur boîte crânienne, les vélocipédeurs trop pédants se la pètent. Et puis, soudain, un vainqueur, un casqué et botté plus illuminé que les autres sans doute, un gentleman touché par la grâce, et c'est l'agression. N'allez pas par là, je vous le déconseille, c'est réservé aux vélos, non, vous n'avez rien à faire ici, vous devriez plutôt me remercier, puisque je vous dis que c'est pas un chemin de randonnée, y'a des mecs qui vont descendre à fond la caisse, vous devriez vous écarter, dégage, grosse salope, sale pute, pétasse"... etc, etc, et je ne vous passe pas les détails, pour que vous compreniez bien la grande délicatesse de ce superbe sportif.
Oui, j'en fais une généralité et tant pis si je me fais taper sur les doigts, les vélocipédeux merdeux sont dangereux et odieux. Et que dire de ceux qui se lancent dans les courbes dans grands cols des Alpes, cyclistes du dimanche, sans formation, et viennent atterrir sur le pare-brise des pauvres touristes belges ou bretons qui croisent leur route ? Que dire aussi des groupes de deux-roues harnachés et déguisés comme au Tour de France, sans le rasage des poils, ouïe, ça fait mal, et qui pédalent comme des vandales en sandales en prenant toute la largeur des départementales ? Que dire des bicyclettes qui prennent allègrement les sens interdits, qui grillent les priorités et se permettent de râler ? Le petit doigt en l'air, mais pas n'importe lequel... Délicatesse.
Avec ces gens-là, y'a de quoi devenir chèvre. Surtout aux Lindarets (habile transition, voyez), où le cabri est roi. Plus de chèvres que de pékins, puisque je vous le dis ! Elles sont partout, dans les restaurants, dans les magasins... On doit même construire des portes pour éviter qu'elles s'incrustent. Mignonnes, mais envahissantes. Heureusement qu'elles sont là, soit dit en passant, pour égayer un peu l'ambiance et nous faire oublier les vélocipédeurs emmerdeurs.
Et, au moins, elles, les chèvres, elles ne font pas de vélo !