Comme chaque année, à chaque sempiternelle rentrée, les médias font leurs choux gras sur le cartable, sur les pleurs du premier jour des petiots, sur les états d'âme des profs, Télérama n'est pas en reste, toujours à la pointe question éducation & société, il se fend d'un papier, un bon papier qui fera pas pleurer dans les chaumières mais d'un bon papier quand même qui parle du blues de l'enseignant, son parcours du combattant...
J'ai passé un certain nombre d'années dans le milieu et c'est des enfants qui se font chier dont je voudrais parler dans ce post, uniquement d'eux, le pourrais-je ? On parle peu des enfants qui ont mal à leur école, c'est pas au ventre qu'ils ont mal, les parents pompent rien, c'est à "leur école" qu'ils ont mal, leur école est située dans le ventre d'où la gourance des parents, mais c'est là que ça tord... c'est les boyaux de l'école, c'est pas les boyaux du ventre. Un enfant porte une école en lui, comme sa mère l'a porté neuf mois en elle, le problème chez l'enfant c'est que ça dure plus de neuf mois... Alors, ça fait mal "régulièrement", mais comme pour la maternité, il ne s'agit pas d'une maladie et l'accouchement de "l'école" se fait souvent au forceps !
Les bons profs le savent, les bons médecins & infirmières(iers) scolaires le savent, les bons psychologues scolaires le savent. Les proviseurs, les principaux, les CPE entravent que couic, ils sont à des années-lumières de ces élèves-là, sourds et aveugles... mais pas muets emplis qu'ils sont des gloses indigestes ministérielles superfétatoirement restituées aux profs et aux familles !
A l'école un enfant normal se fait chier, à l'école un enfant anormal entre dans le moule et a une scolarité normale avec des résultats normaux, brillants parfois. Un enfant anormal c'est un bonsaï auquel on tord les branches, auquel on les ligature par un fil de cuivre pour faire prendre la forme voulue par "le maître", auquel on taille régulièrement les racines, les branches et les feuilles pour le faire surtout rester semblable à ce que veut le maître. Un écolier n'est qu'un bonsaï.
Un enfant normal refuse qu'on lui coupe les racines et branches, ou du moins il voudrait piger pourquoi. Qu'on lui explique. Qu'on lui explique les études, la société, le monde du travail, la suite...
L'Herbe Rouge - je retombe sur ce bouquin dans ma bibli - m'a fait virer du lycée d'Orthez en fin de troisième. Lors d'une "Rédaction" qui portait sur je ne sais plus quoi, j'ai recopié les mots que j'ai tapé plus haut, concluant d'un docte (pour un morpion de quinze ans) "Dont Acte" dont je venais d'apprendre la signification. Convoc auprès du dirlo, Vian était strictement interdit à l'époque, j'ai dit à ce monsieur que je me retrouvais dans les mots de son bouquin, que ça me "parlait", il m'a rétorqué sans aucun humour que ces mêmes mots me feraient retrouver à la porte de son établissement, il est vrai que je cumulais un passif de quarante-quatre heures de colle...
Rendre un jour les études intéressantes, ne plus fabriquer de petits bonsaïs... Rendre les parents qui ne comprennent rien à leurs mômes en détresse à l'école, intelligents... Rendre l'armée intelligente... Rendre l'économie intelligente... Rendre pour ceux qui veulent embrasser une religion intelligents... Rendre la société intelligente...
Les fondamentaux : Enseigner l'intelligence à l'école, l'intelligence et la communication, la communication et le sens de la relation. Les matières normales, ordinaires mais utilement indispensables (Beaux Arts, Informatique, Français, MPC, Langues, etc.) passant après.