Quand je rencontre des nouvelles personnes et que je leur annonce que je fais du roller derby, l’une des premières réactions, c’est : "Ah ouais ? Mais c’est pas violent, ça ?" + yeux grands ouverts et étonnés. Je me demande ce qui peut susciter cette réaction. J’ai l’air si gentil et calme que ça ? Personne n’arrive à m’imaginer en train de foutre des coups à quelqu’un ? Peut-être, mais le fait est que j’ai choisi le roller derby parce que justement, c’est un sport costaud (pour ne pas dire violent).
Quand j’ai décidé de rejoindre les Switchblade RollerGrrrls, j’avais finalement peu idée de ce qu’était le roller derby et je m’imaginais surtout une bande de meufs hyper classes, badass, qui n’ont pas peur de se battre si l’une d’elles se fait emmerder et ça me mettait des étoiles dans les yeux. Et forcément, le côté musclé m’avait attirée. Moi aussi je voulais me battre, moi aussi je voulais avoir des bleus, moi aussi je ne voulais pas avoir froid aux yeux !
Même si je m’étais fait une image un peu romancée du roller derby (bien que finalement pas si éloignée de la vérité que ça), le côté "violent" est bel et bien là. Disons que les roller girls n’ont pas peur d’avoir mal, ni de se blesser ou de prendre des risques et mettre le bon fonctionnement de son corps en jeu lorsqu’il le faut. On n’est jamais certaine qu’on finira un match en un seul morceau… Ça peut être inconcevable pour certains mais moi, ça me donne des frissons.
Si dans la vie de tous les jours je suis plutôt posée et calme, le roller derby me permet d’expulser toute ma colère, mes rancœurs, mes regrets et mes angoisses. Et comme c’est à peu près le cas de toutes les filles de l’équipe, ça donne un mélange plutôt explosif. Lors des matchs ou des entraînements, je pense à tout ce qui m’a mis en rogne ces derniers temps et j’expulse tout. Se confronter à la puissance de l’adversaire, lui rentrer dans le lard, la faire tomber, sortir son regard le plus méchant, crier, sentir tous ses muscles se contracter au moment d’entrer dans le pack, c’est ce qui me fait vibrer et ce pour quoi le roller derby me donne de la force.
En tant que jammer, la vitesse qu’il faut prendre, l’adrénaline au moment de se lancer et traverser le pack malgré les coups et les chutes sont de très bons exutoires. Tomber, se relever, tomber encore, se relever toujours et aller jusqu’au bout : c’est un énorme moteur autant dans le derby que dans la vie de tous les jours. D’ailleurs, après un match de derby, je me sens vidée, sereine et je ne dors jamais mieux qu’après un bon entraînement. Ça vaut toutes les séances de psy/acupuncture/yoga du monde.
Oui, le roller derby est un sport agressif/violent où personne n’est à l’abri d’une blessure, mais c’est justement ce qui me fait vibrer : sortir de mon quotidien et prendre des risques et surtout, me sentir vivante.