Le crowdfunding va-t-il perdre son âme ?
Nul ne reste insensible à travers le monde, devant les millions rassemblés dans le cadre de campagne menée sur Kickstarter . Le succès monstre du projet de film Veronica Mars, qui a récolté plus de cinq millions de dollars de promesses de dons auprès de fans encore endeuillés par l’annulation de la série, suscite des convoitises et l’envie chez de plus en plus de stars Hollywoodiennes qui lancent aussi leur campagne, mais surtout des inquiétudes et de nombreuses questions.
Un début de polémique est née…
Les internautes, makers, créateurs indépendants s’interrogent :
Que va-t-il se passer si les stars, les majors ou les studios commencent à utiliser le crowdfunding ? Ne vont-ils pas s’accaparer cette nouvelle solution créée à l’origine pour financer la création indépendante et la dénaturer ? En ont-ils vraiment besoin ? En d’autres termes, est-il juste que l’industrie utilise le crowdfunding ?
Passe t-on du « crowdfunding » au « fan funding » ?
Juste après le succès de la campagne Véronica Mars Zach Braff, l’un des héros de la série Scrubbs a obtenu 3 millions pour réaliser son premier film depuis Garden State.
L’acteur anglais Ed DeRuiter n’hésite pas à accuser Zach Braff d’avoir corrompu le principe originel de Kickstarter, en faisant appel à la générosité et l’engagement des internautes, alors qu’il aurait pu solliciter ses amis à hollywood, ou même les sortir tout simplement de sa poche. Voici l’article, que je vous invite à lire.
Ce cri d’alerte d’un possible basculement du modèle ayant eu beaucoup d’échos et s’appuyant sur des inquiétudes profondes des utilisateurs, Kickstarter s’est senti obligé de répondre et de rappeler à qu’ils s’adressent et les principes même de la plateforme. ( voir l’article ici )
Le risque est grand pour ses plateformes de perdre la confiance de sa communauté et la voir se désolidariser.
Coincidence ou non les mêmes inquiétudes sont apparus en France avec le rachat par Ulule de People For Cinéma et dans une moindre mesure avec le lancement de la campagne de Michèle Laroque.
La peur que le crowdfunding soit détourné existe bel et bien dans l’hexagone, des internautes ont même manifesté leur mécontentement sur Facebook.
Aujourd’hui avec un peu de recul qu’en est-il vraiment ?
J’ai profité de deux interview que j’ai réalisé avec vincent Ricordeau, le cofondateur de Kiss Kiss Bank Bank et Matthieu d’Ulule pour pouvoir en discuter. Tous deux m’ont bien rappelé que le rôle qu’ils se sont donnés (et qui ne changent pas) et de libérer la créativité. Ils sont un outil à la disposition de tout le monde afin de financer et construire une communauté autour de leur projet. Il y a une sélection, mais pas de discrimination si l’on peut dire, notre vocation est de financer des microprojets, mais on ferme la porte à personne, on juge uniquement le projet, que vous soyez indépendant ou une structure établi.
Le rôle des plateformes est de donner vie à des projets.
Tout comme l’équipe de Kickstarter le rappelle, même si les projets, qui rassemblent des millions défraient la chronique, ils ne sont qu’une infime partie des projets qui sont financés sur la plateforme. Des campagnes records comme Noob, rappelle notamment rappelle Matthieu d’Ulule, donnent confiance et démontrent le potentiel du modèle. Pour vincent la source est loin de se tarir, La tendance est justement plutôt dans l’augmentation du montant moyen collecté
Evidemment plus un projet récolte des fonds, plus c’est intéressant pour la plateforme se rémunérant à la commission. Mais la majorité des projets financés tournent autour de 4000 € et représentent le cœur de leur métier.
L’effet Blockbuster en question
Pour Kickstarter, loin de prendre l’argent aux petits projets, les projets portés par des studios attirent de nouveaux contributeurs et utilisateurs, qui découvrent le crowdfunding grâce à eux et contribuent ensuite à d’autres projets
« Le projet de Zach Braff, et celui visant à financer Véronica Mars » a amené des dizaines de milliers de nouveaux utilisateurs sur Kickstarter. 63 % des contributeurs n’avaient jamais soutenu un projet avant. Beaucoup d’entre eux ont continué à soutenir d’autres projets, avec plus de 400 000 $ supplémentaire promis à plus de 2200 projets à ce jour. Près de 40 % de ces fonds sont allés à des films.
Ils évoquent cette capacité aux projets populaire de créer un effet de traction. En savoir plus sur leur blog.
Ils rappellent surtout sur leur blog, qu’ils ont surtout créé grâce aux internautes une nouvelle façon de faire naître les bonnes idées et même si nous vivons dans un monde hyper compétitif et une société individualiste, ils voient chaque jour des projets naître, des créateurs prendre le destin en main grâce à l’apport de tous.
Enfin, des stars ne se lancent pas tous dans cette aventure, avec l’envie de capitaliser sur leur notoriété. au-delà de l’aspect financier, c’est aussi pour eux l’occasion de se rapprocher de leur public et de partager avec eux, en tout cas, j’aime à le penser, je prends pour exemple Michèle Laroque, qui a rassemblé 400 000 € sur Touscoprod et qui a parcouru la France, pour parler de son projet. Vous pouvez retrouver son interview ici