Je veux devenir écrivain.
Je veux devenir écrivain. Je veux devenir écrivain depuis que, jeune lectrice, j’ai dévoré tous les livres de l’immense bibliothèque de mes parents et me suis retrouvée à court. J’ai tout lu. Tout. Du coup, j’étais en manque. Tellement, que j’ai même tenté l’encyclopédie médicale en 10 tomes (mais je suis assez rapidement partie me cacher sous mes couvertures après ça). Et l’idée a commencé à m’effleurer, légèrement, une petite brise qui me caressait la tête avec ces quelques mots « et si j’écrivais ? ». Mais j’étais encore un peu petiote, manquant de confiance en moi, et je suis vite passé à « Maman, tu m’achètes un livre ? ».
Toutes les bibliothèques ( bleue, rose, verte) y sont passées. J’ai enchaîné sur Le Club des Babysitters (si tu connais, tu gagnes un Raiders !), et suis, fatalement, arrivé à Agatha Christie. Que j’ai englouti. Vite. Je ne vais pas vous tout raconter, mais je pense que j’ai vraiment eu ma prise de conscience vers 10 ans. J’ai découvert Stephen King, lu Stephen King, aimé Stephen King. Même si certains de ses romans m’ont un peu laissé sur ma faim, qu’on retrouve souvent un schéma commun, Stephen King, c’est celui qui m’a fait réaliser que je voulais devenir écrivain. Pour du vrai.
J’ai demandé une machine à écrire, que j’ai eue. J’ai commencé à écrire des histoires. Souvent policières, parfois fantastiques. Puis j’ai entendu les fameux « encouragements » : « Mais non, mais n’importe quoi, c’est pas possible, t’y arriveras jamais » (pas de ma famille, hein, maman si tu me lis !). Et là, j’ai fait quelque chose d’affreux, quelque chose d’impensable, quelque chose d’horrible, la trahison des trahisons : j’ai arrêté d’écrire. Longtemps. Je passais honteusement devant mon ordinateur (qui avait remplacé la machine assez rapidement !), devant mes cahiers d’écriture délaissés… Je prétextais que j’avais trop de boulot, qu’entre la fac et le job d’étudiant, j’étais bien trop fatiguée pour écrire, et voilà, et que de toute façon, c’était vrai : j’y arriverai jamais. Et je pensais que ça allait me passer, cette envie folle de raconter des histoires aux gens. Mais non.
Il y a quelques années, ça m’a repris. J’ai eu du temps. J’en ai profité. J’ai recommencé à écrire, j’ai plusieurs histoires en cours, et ça fait du bien. Mais ça fait du mal. Finir un manuscrit, c’est quelque chose. Oser l’imprimer, ç’en est une autre. Quant à l’envoyer à des maisons d’éditions, c’est aussi difficile que d’envoyer un bébé par la poste (j’imagine, hein, loin de moi l’idée de faire voyager des enfants par colis, même s’il est clair que ce serait plus économique*humour*). Mais je l’ai fait. J’ai envoyé mon « bébé » à 6 boîtes d’éditions. C’est très peu, je sais. C’est déjà pas mal quand même. Bien sûr, vous vous doutez bien que si « Je veux devenir écrivain » est le titre de ce billet, c’est que je n’ai eu que des réponses négatives. Ca fait mal. Ca fait très mal. Ca fait même pleurer en fait. Mais parmi mes réponses, une m’a mis du baume au cœur : on avait fait lire mon manuscrit à des jeunes lecteurs. Ils avaient aimé l’histoire. [Et donc pourquoi ils ont dit non : la construction confuse du récit, du coup je bosse, je bosse !] Mon histoire, sortie de ma petite tête, avait été lue non seulement par la personne à qui je l’avais envoyé, mais par la cible que je voulais : de jeunes ados. Et ils avaient aimé. Rien que ça, j’aime. Parce que mon rêve à moi, ce n’est pas de devenir la prochaine J.K. Rowling (même s’il est clair que je ne cracherai pas sur ce genre de destinée, entendons-nous bien !), c’est d’être lue. De raconter des histoires, de partager des émotions. Les livres m’ont tellement apporté tout au long de ma vie : ils m’ont réconforté, m’ont appris qui j’étais, m’ont fait évoluer, m’ont fait pleurer, rire, m’ont dérangé, m’ont fait voyager…
"Ecrire, c’est très dur, avec de grandes fenêtres de joie." Andrée Chedid
Et pour moi, tout ça, c’est magique. Et c’est ça que je veux faire : à travers un livre, être là, à un moment donné, pour quelqu’un, et lui apporter quelque chose. Alors sans doute qu’en ce moment, mon envie est plus forte que tout. Sans doute, oui. Et peut-être que je n’y arriverai jamais, qui sait. Mais en tout cas, je n’arrêterai jamais d’essayer. Tout ce que j’ai fait jusqu’à présent, toutes les envies qui me poussent dans ce sens, m’ont enrichi, appauvrie, déçue, ravie. J’ai changé. J’ai entendu quelqu’un dire récemment qu’il fallait suivre son cœur et poursuivre son rêve. Et c’est ce que je vais faire, parce que maintenant, je sais ce que je veux : je veux devenir écrivain.
Stéphanie