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Le canal Mélenchon

Par Alainlasverne @AlainLasverne

 

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   Le 11 Septembre 2001 représentait la chute du réel dans le symbolique, tant l'image et le commentaire ont annexé les faits pour en faire un moment du storytelling généralisé qui nous est servi en permanence, quelque soit le pays.

L'homme politique se confond, ou presque, avec les mots. L'accession, l'adhésion, l'utilisation de l'image n'a fait qu'accentuer l'espace, la tentation du symbolique. L'affaire Cahuzac, c'est le moment où le réel également rattrape et écrase le symbolique, le politique. Fracture. Retour du refoulé. Cahuzac, « le plus brillant d'entre nous », s'écroule frappé par les dégâts permanents dus au retrait de la politique dans le symbolique, et l'irruption fatale du réel, à un moment ou à un autre.

Il faut bien constater que le monde politicien et médiatique n'en veut tirer aucune leçon, aujourd'hui, même et sans doute surtout la « représentante » des sans-grades, Le Pen Marine. Ses attaques contre les politiques dévoyés, ils ont failli, ils ont trahi, ne semblent qu'un resucée de haut-le-cœurs anciens, sans portée, sans valeur car sans identification du réel qui sous-tend et alimente la fièvre, l'échappée forcenée dans le symbolique.

Le voudrait-elle qu'elle ne le pourrait pas. L'existence milliardaire de Le Pen Marine précède l'essence de ses discours. Lui reviennent et lui reviendront encore et encore sa vie dorée de dauphine et les coups tordus dans son propre camp pour devenir la reine de l'extrême-droite. Revient toujours son programme anti-capitaliste un jour, ultra-libéral toujours qui profiterait « aux Français », c'est-à-dire à tout le monde, c'est à dire à personne qui ne soit de la caste, celle à laquelle elle appartient. Elle s'enfonce dans le symbolique Le Pen Marine. Plus ancien, plus sommaire, plus pathétique, pour tenter de cacher ce qu'elle est – une politicienne rouée, bien assise dans le dirigeable symbolique – elle use même de vieilles histoires qu'on servait aux enfants, toujours avec un monstre dans la forêt, là-bas, qui menace notre maison ici.

 

Les hommes politiques, les hommes et les femmes politiques de carrière mentent, tout le temps, à tout propos. Ils ne veulent jamais désigner le réel pantelant sur lequel ils ont bâti pouvoir et fortune. Car ils sont tous fortunés, et méprisent ceux qui ont moins de 5000€/mois, - c'est-à-dire 96% des salariés -, comme le confessait tranquillement Copé, archétype du politicien, sanctuarisé dans l'irréel pour faire signe sans cesse, entre communication et manipulation.

Malgré sa carrière, Mélenchon tente de rejoindre le réel. Il désigne et dérange ainsi. Toujours dans le mensonge et le déni, les politiques blottis dans le symbolique le méprisent et le traitent d'irresponsable, voire de fou.

 

Dans la bauge où s'ébattent caméras et micros, on travaille avec obstination à sa liquidation. Les journalistes à renforts sous les genoux s'appliquent à le saper sur deux fronts. L'homme serait colérique, injuste, parano. Le discours serait maximaliste ; un jour trop communiste, un jour gauchiste, tous les jours à côté de la plaque, excessif donc insignifiant, formule que les archéologues attribuent tantôt à Raffarin, tantôt au Debré avec entonnoir.

 

Mélenchon, à l'existence aujourd'hui dorée, rame vers le réel. Le courant qu'il affronte est symbolique et symbolique est son combat, comme la tactique qu'il choisit. Affronter et battre l'adversaire sur son terrain. Mais quand à force de discours il convoque enfin un peu de réel, derrière on répète le conte. Mélenchon = irresponsable = communiste = goulag = Corée du nord (la formule est d'Attali, archétype des intellectuels gangrenés).

La répétition est le cœur de la pub. Elle n'a rien à voir avec le réel, elle gagne par lassitude, en empruntant de vieux chemins. Le terrain où elle naît, c'est la haine de classe, l’anticommunisme rance de la caste, particulièrement de ses actifs « citoyens ». Le politicien de carrière adoubé par les patrons et toujours porté par cette idée des USA où il brille dans le rôle de serviteur admiratif et empressé. Le patron de presse est attaché à sa quotidienne livraison symbolique un réel toujours capable de déplacer les lignes.

Mélenchon n'est pas parfait. Mélenchon n'a pas raison sur tout, n'est pas exempt de critiques et quand il lustre les années Mitterrand ou son parcours ministériel on voit bien que le réel devra encore pousser pour qu'il abandonne cette « instinctive » solidarité politicienne et ce mirage du parcours cohérent, de la vie médiatique cohérente. Encore un storytelling qui voudrait que l'on n'ait pas de trous, d'erreurs, de changements de cap, d'errance, d'humanité donc.

 

Ceci échoit à Mélenchon, aujourd'hui. Souhaitons que s'extirpent de la boue d'autres Assange, d’autres Snowden, dans le champ politique. Alors beaucoup verrons le camp et les fantômes qui y rôdent.


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