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L’Europe des jeunes

Publié le 03 septembre 2013 par Copeau @Contrepoints

Seule une Europe de la liberté permettra d’effacer les erreurs et les nuisances des États.*

Par Jacques Garello.
Un article de l'aleps.

L’Europe des jeunes
Je vous ai souvent parlé de l’Europe, de ses institutions, de ses perspectives. J’aurai l’occasion d’y revenir dans les prochains mois, puisqu’il y aura des élections européennes l’an prochain. Peut-être vont-elles s’organiser autour du pauvre débat gauche/droite, plutôt qu’autour du sens et du destin de l’Europe. Mais sait-on jamais…

En fait, ce qui me pousse à vous entretenir de l’Europe c’est que je viens de terminer à Aix un séminaire accueillant des étudiants européens sur le thème : « l’Europe à l’heure des choix ».

Le premier fait marquant aura été que la dizaine d’étudiants turcs présents avait eu les pires difficultés pour nous rejoindre. La Turquie n’appartient pas à l’Union Européenne, ni à l’espace Schengen. Les jeunes ne peuvent entrer sans visa (souvent payé cher), sans de longues et difficiles démarches auprès de la bureaucratie consulaire. En dépit de l’intervention d’un organisme privé auquel l’État turc a délégué certaines formalités, deux étudiants n’ont pu être à temps pour venir à Aix. Nous sommes donc loin d’une Europe sans frontière. Certains m’objecteront que la Turquie n’est pas en Europe, ou pas beaucoup. C’est nier une réalité géographique et surtout balayer d’un revers de main la vocation naturelle de la Turquie : un pont entre Europe et Asie, entre Balkans et Moyen Orient.

Alors l’Europe devrait-elle s’entourer de fils de fer barbelés ?

À travers les réactions des jeunes turcs et des autres, j’ai vu l’attention de ces jeunes aux thèses que notre équipe d’économistes, d’historiens, de philosophes et de juristes ont présentées et mises en discussion. Pour certains (comme les Turcs), ils ont pris les attaques contre l’État et le plaidoyer pour la liberté comme une découverte. Beaucoup d’étudiants sont persuadés que non seulement on ne peut se passer de l’État mais que l’État est bienveillant. J’ai bousculé bien des croyances naïves quand j’ai parlé de Bastiat et de la théorie du « public choice », qui désacralise les dirigeants politiques pour les dépeindre comme ils sont : des hommes comme les autres, recherchant leur intérêt personnel comme tout un chacun, et ayant comme intérêt prioritaire d’être élus ou réélus. C’est dire que les esprits les plus neufs ont été déjà contaminés par le virus dirigiste, parce que dans leur pays on ne connaît que l’État Providence, jusqu’à en faire un garant des libertés : écho de la philosophie de Hobbes qui met la liberté entre les mains de l’État, ce « Leviathan » qui finit par détruire les droits individuels sans rencontrer la moindre résistance puisqu’il dispose du monopole de la coercition. Mais les jeunes réagissent vite. Quand on leur pose finalement la question : « Voulez-vous un État fort à la tête de l’Europe ? » leur réponse est : non !

Parallèlement, ils voient la liberté sous un angle nouveau. Ce n’est pas seulement l’autonomie des choix personnels, voire la licence, c’est une façon de vivre ensemble et de permettre les échanges entre individus, eux-mêmes porteurs de connaissances, de techniques et de cultures différentes. C’est là que l’on trouve la source de la croissance. La liberté fille de la propriété, elle-même fille de l’individualité et mère de la responsabilité. La liberté ce n’est pas non plus la démocratie, quand on réduit la démocratie à une volonté majoritaire exprimée dans un vote. Une Europe des libertés, ce n’est donc pas la possibilité d’élire des députés européens. En ce sens, l’Europe ne souffre pas d’un « déficit démocratique », mais au contraire d’un trop plein électoral. Un trop plein qui provoque, déjà maintenant, une surproduction de règlements et de normes et un supplément d’impôts et de subventions.

Tout cela mérite d’être connu et accepté et d’être diffusé auprès d’un large public dont par priorité celui des jeunes, c’est eux qui vivront dans l’Europe à venir.

Oui, dîtes-le autour de vous, l’Europe est à l’heure des choix, ces choix qui n’ont jamais été faits en plus d’un demi-siècle :

  • Europe espace ou Europe puissance : liberté de circuler et d’échanger ou gouvernement centralisé et dirigiste ?
  • Europe économique ou Europe politique : la création d’un marché avec une concurrence stimulante ou l’émergence d’un nouveau pouvoir administratif et planificateur ?
  • Europe ouverte ou Forteresse Europe : acceptant la mondialisation avec ses perspectives et ses exigences ou pratiquant un protectionnisme en commun ?
  • Europe de la diversité ou Harmonisation européenne : enrichie par la comparaison des cultures, des institutions, des entreprises, ou alignée sur une règle unique définie par un gouvernement central ?

Je suis d’ailleurs frappé par l’habit d’Arlequin de certains de nos partis et hommes politiques : les mêmes pestent contre Bruxelles, mais aussi contre la mondialisation, les uns veulent le marché commun et la concurrence mais aussi l’harmonisation européenne, ceux-là même qui plaident pour l’Europe des peuples souhaitent aussi des politiques communes. Vide et incohérence de la pensée ou discours à géométrie électorale variable ?

Pour les libéraux, point de doute : seule une Europe de la liberté permettra d’effacer les erreurs et les nuisances des États. Un espace élargi affaiblit le pouvoir politique, qui doit réduire ses interventions et ses dépenses. La passion de Bastiat pour le libre échange venait de sa certitude que seule l’ouverture des frontières permettra d’échapper à la tyrannie du statu quo. Être jeune, c’est vouloir et pouvoir le changement. Éclairons les jeunes, restons jeunes.

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