Comment, une colonie apporte-t-elle les inévitables ajustements si personne n'est responsable ? Les fourmis communiquent par le contact et l’odorat. Lorsqu’une fourmi touche une autre fourmi, elle renifle avec ses antennes pour savoir si l’autre appartient à la même colonie et où elle a travaillé. Ainsi chaque jour, avant de quitter la colonie les butineuses attendent le retour des patrouilleuses. Celles-ci en entrant dans la colonie touchent brièvement les antennes des butineuses qui ne rentre pas tant qu’elle n’aura pas trouvé quelque chose. C’est ainsi que l'intelligence de la colonie fonctionne : des règles simples, chacune agissant à partir d'informations locales. Aucune fourmi ne dispose de la vue d'ensemble de la colonie. Aucune fourmi ne dit à l’autre ce qu’il faut faire. C’est le collectif qui régit le comportement global de la colonie. Marco Dorigo, un chercheur en informatique de l'Université libre de Bruxelles, a utilisé en 1991 ses connaissances du comportement des fourmis pour créer des modèles mathématiques permettant de résoudre notamment le routage de camions. À Houston, la société American Air Liquide a utilisé une stratégie des fourmis pour traiter un problème complexe. L'entreprise produit des gaz industriels sur une centaine de sites aux États-Unis, et livre 6 000 sites, en utilisant les pipelines, des wagons, et 400 camions. La société American Air Liquide, en collaboration avec une entreprise spécialisée dans l'intelligence artificielle, a développé un modèle informatique basé sur des algorithmes inspirés par le comportement d’une espèce particulière de fourmis d'Argentine (Linepithema humile). Cette espèce dépose sur le sol des substances chimiques appelées phéromones. Quand ces fourmis apportent la nourriture à la fourmilière, elles pondent une trace de phéromone qui raconte à d’autres fourmis comment aller chercher plus de nourriture. La trace de phéromone est renforcée chaque fois qu'une fourmi quitte et revient à la fourmilière, un peu comme lorsque vous passez sur un sentier dans la forêt pour ramasser du bois. Le Groupe Bio a donc développé un programme qui envoie des milliards de fourmis logicielles pour savoir où les traces de phéromone sont les plus fortes pour les itinéraires des camions.
Source : lecercle.lesechos.fr